The Four Faced Liar : Interview de Marja Lewis Ryan, l’interprète de Bridget

Marja Lewis Ryan

Interview accordée à Stephen Beeny le 18 Avril 2011 pour Rainbownetwork.com

Marja Lewis Ryan est l’auteure lesbienne et l’actrice principale de The Four-Faced Liar, un film sur les vies entrecroisées de quatre New Yorkais d’une vingtaine d’années.
Nous avons discuté avec Marja de son rôle de séductrice, de l’art de la jouer sensuelle et jusqu’à quel point exactement son film est autobiographique.

Parlez-nous un peu de The Four-Faced Liar – à quoi peut-on s’attendre ?

À quoi vous attendre ? Hum… À quatre amis, dont certains que vous allez aimer je pense, de superbes prises de vues de New York et, bien sûr, quelques blagues bien lourdes.

À quoi le titre du film fait-il référence ?

Eh bien, le Four-Faced Liar est un bar qui existe vraiment à New York, dans Greenwich Village. Il était à mi-chemin entre mon appartement et le campus principal de l’Université de New York. J’y suis allée très souvent. Je suis presque certaine qu’à moi seule, j’ai permis au fils du propriétaire d’aller en école privée grâce à mes additions. Le nom du bar s’inspire d’un clocher en Irlande qui donne une heure différente sur chacune de ses quatre faces.

Et donc, quel est le pire mensonge que vous ayez jamais dit ?

Eh bien, je ne peux quand-même pas répondre honnêtement à cette question, si ?

C’est également vous qui avez écrit le film, alors, à quel point est-il autobiographique ?

Eh bien, je suis tombée très amoureuse à la fac, donc le cœur de l’intrigue est véridique, mais les personnages évoluent différemment des personnes dont ils s’inspirent et le scénario ne suit pas exactement le même déroulement non plus. Mais il y a des moments qui sonnent assez autobiographiques. Il y a cette scène où les deux héroïnes marchent de nuit dans la rue en parlant de testicules. C’est très proche de la réalité.

Votre opinion d’auteure a-t-elle parfois été en désaccord avec votre opinion d’actrice ?

Oui. Mais pas aussi souvent que mon opinion d’auteure et mon opinion de productrice ne se sont opposées. Mon ego d’actrice/auteure a eu bien du mal à tourner cette scène où je suis drapée dans une serviette de bain. Je l’ai écrite à la dernière minute parce qu’il nous manquait quelque chose de sensuel précédemment, mais quand le moment de la tourner est arrivé, je me souviens avoir pensé : « Oh, merde ! J’avais oublié que c’était moi, celle qui devait être sensuelle ! » Connaître le but implicite derrière une scène vous empêche de jouer de façon naturelle.

Est-ce facile de jongler du statut d’auteure à celui d’actrice; était-ce difficile de lâcher prise ?

Très. Je me souviens d’un jour ou Todd [Trip] m’a fait m’asseoir et m’a dit : « Tu dois y prendre plaisir. » Il avait raison. Je me focalisais tellement sur les répliques que j’en oubliais que j’avais écrit ça pour qu’on puisse jouer tous ensemble dans un film.

Au départ, d’où vous est venue l’inspiration pour le film – j’ai entendu dire qu’à l’origine, c’était une pièce ?

J’ai étudié le théâtre à l’Université de New York et j’étais toujours frustrée du peu de rôles offerts aux femmes, donc j’ai écrit une pièce d’un acte, avec juste les deux rôles féminins. Tous les quatre (Daniel Carlisle, Todd Kubrak, Emily Peck et moi) avons emménagé à L.A. ensemble et à partir de cet acte, j’ai adapté une pièce en intégrant les quatre personnages. Nous l’avons produite ensemble et le film a ensuite découlé de cette pièce.

Parlez-nous un peu de votre personnage, Bridget.

La meilleure façon de la décrire, c’est en disant que c’est une dragueuse intellectuelle avec un cœur. Elle est ce que j’aurais aimé être à la fac.

En quoi lui ressemblez-vous ?

Je ne sais pas à quel point on se ressemble, mais je la comprends. Je l’aime beaucoup. Je pense qu’on serait amies, mais je ne suis pas aussi cool qu’elle.

Pendant le film, Molly découvre son attirance pour une fille. Pensez-vous que l’orientation sexuelle des gens est fluctuante ?

Oh dear… Je crains que vous n’ayez touché une corde sensible. J’ai beaucoup à dire sur la sexualité des gens. La sociologie est la seule de mes passions à laquelle je ne m’adonne pas activement. Je pense que si je prenais des raccourcis je répondrais : oui. L’orientation sexuelle de la plupart des gens est flottante, jusqu’à un certain point. Je pense que les plus évolués d’entre nous ne prêtent aucune attention au sexe d’une personne.

Avez-vous jamais été tentée d’explorer une attraction entre les personnages masculins ?

On a débattu de ça assez longuement en fait. Mais au final, on ne voulait pas faire un film avec trop de coïncidences. Deux personnes plus ou moins homos rencontrant deux personnes plus ou moins homos – ce n’est jamais aussi simple.

En tant qu’actrice, pouvez-vous nous parler de la scène que vous avez préféré tourner, et aussi de la plus difficile ?

Ma scène préférée dans le film, c’est la discussion entre Chloe et Bridget quand elles marchent à la fin. J’aime leur relation. Pour moi, elle est pleine de sens. J’aime aussi les émotions contradictoires dans cette scène. Mais il faisait un froid glacial et il était 4h du matin, ce n’était donc pas nécessairement “marrant” à tourner. La dernière scène du film était fun. C’est une longue scène d’Emily et moi et c’est l’exemple parfait de combien la réalisation d’un film est un effort collectif. Tout le monde devait être au top. La prise que vous voyez dans le film est la sixième et une fois que Jacob a dit « Coupez ! » on a tous su qu’on continuait sur autre chose.

La scène la plus difficile à tourner en tant qu’actrice ? Hum, je suppose que c’est celle avec cette fichue serviette ! Il n’y a aucun dialogue et c’est très difficile pour moi. D’habitude, je me repose entièrement sur les dialogues et je ne suis assurément pas une personne à la sensualité innée, donc ce moment était juste embarrassant et j’ai sûrement dû beaucoup pleurnicher. Vous savez, les pleurs habituelles des filles : « Je suis grosse, je suis affreuse. Je veux pas ! » Ça me rend encore nerveuse rien que d’y repenser.

À quels obstacles imprévus avez-vous dû faire face pendant le tournage ?

Oh, mon Dieu, la liste est sans fin. Entre des températures de -8°, des poussées d’acné incontrôlables, des gueules de bois, des séparations, des scènes horriblement mal écrites, des journées de tournage affreusement mal jouées en passant par des techniciens manquants, des figurants absents, et pas assez d’argent – je ne pense pas qu’il y ait eu un seul jour sans une des choses figurant sur cette liste.

Peu de films avec des héroïnes lesbiennes sont produits et encore moins commercialisés malgré une forte demande du public. Qu’est-ce qui selon vous faciliterait l’augmentation des films à thématique lesbienne ?

Je crois que le truc c’est de faire un film avec des personnages intéressants. La première chose sur laquelle on s’était mis d’accord tous les quatre au début, c’est que ce film devait faire vrai. Dans la vraie vie, les gens ne se résument pas qu’à être homosexuels. On ne se réveille pas le matin en pensant à quel point on est homo. Je suspecte même la plupart d’entre nous de ne pas y penser du tout. Donc on a essayé de créer des personnages à qui on pouvait s’identifier et ensuite leur orientation sexuelle est devenue juste une facette de qui ils étaient.

En tant qu’auteure et actrice, qu’aimez-vous le plus dans chacun de ces processus ? Et dans quels domaines êtes-vous le moins à l’aise ?

J’aime écrire le premier jet. C’est toujours thérapeutique et j’en ressors en ayant l’impression d’être un génie. Je déteste déteste déteste la réécriture ! Je m’y perds, je n’arrive pas à y voir clair et très rapidement, je commence à me sentir comme une ratée. Quant au jeu d’actrice, j’aime apprendre mes répliques et j’aime jouer, mais je déteste les répétitions. J’ai peur de me sentir mal à l’aise la plupart du temps, mais je suis presque sûre que ma gêne me garde motivée. Une fois que je me sentirai à l’aise, j’arrêterai probablement.

Pouvez-vous terminer les phrases suivantes : Dans cinq ans, je serai…

Dans cinq ans, je serai mariée, avec des enfants, je vivrai à New York et je gagnerai ma vie en tant que scénariste et actrice. (J’ai pleinement conscience de parler comme une gamine de cinq ans).

Une actrice ne devrait jamais…

Une actrice ne devrait jamais parler d’interprétation.

Si vous pouviez jouer n’importe quel rôle au cinéma ou à la télévision, lequel ce serait ?

Honnêtement, vous me posez une colle. Je suppose que j’aurais pu jouer Juno. Je ne pourrais interpréter aucun rôle demandant de chanter ou de danser, mais puisqu’on est dans le domaine du rêve, j’aimerais jouer dans une comédie musicale. Peut-être la Belle dans La Belle et la Bête ? Ouais, on a qu’à dire ça.

Sur quoi travaillez-vous pour la suite ?

J’ai écrit une pièce qui s’appelle Everything’s Normal sur une mère de famille banlieusarde qui sort du placard. C’est drôle et je suis ultra excitée par ce projet. C’est en train d’être monté à L.A. à l’heure où nous parlons. J’espère que quelques producteurs s’y intéresseront et que ce sera prêt pour cet été.

J’ai aussi un scénario qui s’appelle Love.com qui parle de deux meilleurs amis glandeurs qui montent le premier site de rencontres en ligne au milieu des années 90. C’en est au stade final de développement. Et puis un joli court-métrage pour lequel j’ai encore besoin de soutiens financiers. Si vous connaissez des gens, envoyez-les moi !

Traduction Magali Pumpkin

Interview Originale sur le site Rainbownetwork.com

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