L’Étiquette de Sophie Robert

L'Étiquette : Quatrième de Couverture

“Retiens-moi” est le premier tome d’une trilogie qui vous plonge au cœur d’une histoire d’amour vécue au travers de deux jeunes filles aux univers opposés. En vous immergeant dans ce roman vous allez vivre celle de Stéphane BAROCHIN, 17 ans, qui vit paisiblement sa vie d’adolescente parisienne. Son entourage l’apprécie infiniment, toujours invitée aux bringues les plus tendances. Le sourire aux lèvres et son sac en bandoulière elle donne l’image d’une jeune fille sans problème. Sur son étiquette corporelle, celle grâce à laquelle les gens vous jugent, sans même vous connaître on peut y lire “sans histoire”. Jusqu’au jour où sa mère se fait muter très loin de cette vie de rêve et que toute la famille ne peut faire autrement que de la suivre…Et si son étiquette changeait radicalement ?

L'Étiquette : Avis Personnel

Je me lance à la recherche de la plupart des livres que je choisis de critiquer sur le site, une fois seulement après avoir pris connaissance de leur contenu lesbien ou bisexuel. Il y a cependant quelques petites exceptions, dont ce roman fait partie, qui me sont directement adressées par leurs auteurs. Dans ce deuxième cas, je ressens toujours une énorme pression pour ne pas démolir et pour offrir un point de vue encore plus constructif et éclairé que d’habitude.

Ce livre c’est l’histoire de l’entrée dans l’âge adulte de deux personnages, Stephane et Ailey. C’est aussi une romance écrite par une jeune auteure qui a dû passer des heures et des heures à relire son texte, dans le but de l’améliorer et de le rendre meilleur à chaque fois. Pourtant, il persiste cette impression d’une trame scénaristique parfois difficile à croire. Je pense notamment à la rencontre amoureuse et à ce désir instantané entre les deux adolescentes. Tout cela grâce à des frôlements de bras et de mains le premier jour. Que l’on ressente un émoi surprenant et dur à nommer, je peux le comprendre. Que ça intervienne aussi rapidement c’est plus qu’incroyable, surtout venant d’une héroïne hétérosexuelle à l’origine.

Il y a pourtant de bons passages et un désir d’aborder de vraies questions. Je pense notamment à cette idée, très pertinente et rare dans les textes mettant en scène de jeunes femmes, à savoir aborder la question de l’homophobie intériorisée. Cependant le sujet n’est pas exploité jusqu’au bout et on a un arrière-goût d’inachevé.

Malgré ses défauts évidents et cette impression déstabilisante de lire une histoire gentillette où rien de grave ne peut arriver et où même les méchants sont en fait gentils, cette œuvre est un beau travail d’investissement et de volonté. Et contre toute attente, je reconnais que personnellement j’attends la suite en me demandant ce qu’il va bien pouvoir arriver à Stephane et Ailey. La première va-t-elle finir par accepter qu’elle est lesbienne ou tout du moins bisexuelle ? La seconde va-t-elle pouvoir vivre librement sa vie loin de sa famille, qui cherche avant tout à préserver les apparences ? Et quel est donc le secret de la petite sœur ?

L'Étiquette : Extraits

« Quelques minutes plus tard on entend frapper à la porte. Une jeune fille au teint mat avec de magnifiques yeux bleus azur et aux cheveux bruns ondulés qui laisse apparaître une mèche violette en parfaite harmonie de couleur avec son uniforme, entre dans la pièce. Elle porte des rangers noires légèrement souillées et sa cravate non nouée posée grossièrement sur ses épaules. Elle range des clefs dans son sac, puis noue sa cravate tout en balbutiant cette phrase avec assurance.
— Excusez-moi madame Simmons, j’ai eu un souci avec mon père ce matin, sa voiture ne démarrait pas j’ai dû l’aider…
On sent que la prof a l’air d’être habituée par cette mascarade.
— Très bien Lou-Appoline allez à votre place !
La jeune fille avance vers le bureau libre à côté du mien, en me souriant, elle s’assoit se penche vers moi et me chuchote.
— T’es la nouvelle ?
En une demi-seconde madame Simmons la fusille du regard, elle s’adresse à ma nouvelle voisine sur un ton sec.
— Lou-Appoline, vous arrivez pratiquement à l’heure du déjeuner, la moindre des politesses serait de respecter ce qu’il reste de mon cours !
La jeune fille pose ses affaires sur sa table et dans un soupir s’adresse à la prof.
— Pardon madame.
Une bonne dizaine de minutes plus tard madame Simmons regarde sa montre puis pose son stylo tout en nous regardant.
— Vous pouvez aller en pause déjeuner, sauf vous mademoiselle Barochin je vous garde encore un peu.
Tous les élèves sortent de la classe, une jeune fille prend Lou-Appoline par la taille.
— Hé, Ailey t’as fait fort ce matin !
On les entend ricaner jusqu’au bout du couloir. » (Pages 11-12-13)