Marie-Joséphine de Savoie (1753-1810)

Voici le portrait d’une Reine sans trône mal connue des Français et mal aimée de ses contemporains, qui porta à Versailles le surnom de « Reine velue ».

Marie Joséphine de Savoie

Marie-Joséphine-Louise de Savoie est née à Turin en 1753, dans le petit royaume de Piémont-Sardaigne. Elle est le troisième enfant du Prince du Piémont Victor-Amédée, duc de Savoie et futur roi de Sardaigne, et de Marie-Antoinette d’Espagne, infante d’Espagne. Élevée dans une cour assez austère, qui a la réputation d’être l’une des plus fermées d’Europe, entourée d’une fratrie très nombreuse, laissée sans soin particulier aux mains de gouvernantes, c’est une petite fille sans doute assez solitaire. On lui apprend à obéir, à remplir ses devoirs, à faire des exercices de piété. Aucune frivolité, aucune cajolerie n’est permise.

Marie Joséphine de Savoie

Son père la marie en 1771 au comte de Provence, le frère cadet du futur Louis XVI, pour resserrer ses alliances avec les Bourbons tandis que sa sœur, Marie-Thérèse, épouse deux ans plus tard (en 1773) le plus jeune des frères de la famille de Bourbon, le comte d’Artois.

Âgée de 18 ans, c’est un mariage de convenance. Louis XV la juge très laide tout comme les commentateurs souvent très misogynes de l’époque. Elle arrive à Versailles, dans une Cour dont elle ignore tous les codes. Décrite par le perfide Pisandat comme très brune, très chevelue, assez grosse, les sourcils broussailleux qui se rejoignent, une légère moustache sur la lèvre supérieure, pratiquant la toilette sèche, peu au fait de la mode, elle semble un repoussoir aux antipodes des dames de la Cour et surtout de la blonde Marie-Antoinette, sa belle-sœur, épouse du Dauphin de France. Assez timide, jugée dépourvue du « bel esprit » qui fait et défait alors la réputation à Versailles, elle reçoit le surnom méprisant de « reine velue ». À l’évidence, elle ne correspond pas aux canons de la mode de l’époque qui veut un pied fin, une taille fine, une silhouette équilibrée. On lui reproche une « surabondance de charmes ».

Marie Joséphine de Savoie

Son époux, impuissant, la fréquente très peu, ne la défend pas et surtout ne lui donne pas de descendance qui est l’unique arme des femmes de la Cour. La situation mal assurée des belles-sœurs tant qu’elles n’ont pas d’enfants explique bien des cabales et des intrigues. Les rumeurs courent qui disent que le mariage des Provence n’a pas été consommé. Sa sœur ne semble pas plus heureuse en mariage avec Charles d’Artois et la soutient un temps, mais elle donne à son époux quatre enfants à partir de 1775. Leur sort diffère donc. D’autant que Charles et Louis, les deux frères du Roi se haïssent. Pour autant, aucune des deux sœurs n’est appréciée à la Cour. Quand Marie-Antoinette devient Reine de France en 1774, à la mort de Louis XV, la situation de Marie-Joséphine empire. Son mari est très envieux et intrigue tant qu’il peut contre son frère et sa belle-sœur. Quand la Reine accouche en 1778 et donne un premier enfant au Roi de France, sa relégation est totale. Elle est la seule des belles-sœurs à ne pas avoir d’enfants. En 1781, Louis XVI reçoit un héritier mâle. Le faible espoir qui restait encore à la comtesse de Provence disparaît.

Marie-Joséphine est donc une princesse moquée, isolée, sans doute très frustrée et bien loin de chez elle. Malgré des efforts pour se plier aux nouvelles coutumes de son pays d’adoption, les premières impressions demeurent : c’est une femme mal-aimée.

Marie Joséphine de Savoie

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