Yagg : Interview de la journaliste Judith Silberfeld

Judith Silberfeld

Interview accordée à l’équipe d’Univers-L le 22 Novembre 2010 pour le site Univers-L.com

Décrivez nous Yagg vu par un ET, de la planète Mars (ou Vénus) ?

Ça commence très fort, comme question  Alors, chère amie martienne, cher ami vénusien, Yagg propose à la communauté LGBT un site d’information (un regard gay sur l’actualité), un réseau social, une plateforme de blogs, des interviews, des reportages, des rencontres, des vidéos, des débats. En gros, c’est ze place to be!

Combien avez vous de lecteurs/trices par jour et par semaine ? combien de blogs ?

Environ 10.000 visiteurs uniques par jour et 450 blogs. Allez jeter un œil, la qualité est souvent au rendez-vous. Nous l’espérions, donc je ne peux pas dire que ce soit une surprise, mais c’est formidable que ça se concrétise.

Comment Yagg est il né ? Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir Internet comme média et pas le papier ou la télévision ?

Yagg a été créé par 4 anciens de Têtu (Christophe Martet, Xavier Héraud, Yannick Barbe et moi). Christophe, Yannick et moi avons été licenciés à peu près en même temps, Xavier était parti deux ans avant nous, nous nous connaissions bien, nous avions aimé travailler ensemble, nous savions que nous pouvions faire quelque chose de bien. Internet est un média d’avenir, beaucoup plus excitant que le papier parce qu’on peut y mettre de l’écrit mais aussi du son et de la vidéo. Les retours des internautes sont immédiats, aussi. Quand ils et elles aiment, on le sait, quand ils et elles n’aiment pas aussi! Yagg se veut participatif, cet échange avec les internautes est très important pour nous. La télévision? Je crois que ça ne nous a même pas traversé la tête.

Vous avez fait le pari d’une communauté LGBT ouverte et soudée. Vous avez le sentiment d’avoir fait le bon choix ?

Absolument! Et ça se confirme de jour en jour.

Qu’est ce différencie Yagg des autres sites d’information gays ou lesbiens ?

Déjà, c’est un site LGBT, pas un site gay ou lesbien. La mixité, pour nous, c’est essentiel. Mixité gays/lesbiennes, transgenres/cisgenres, vieux/jeunes. Tout cela rejoint l’idée de communauté ouverte que vous évoquiez dans la question précédente.

Après, c’est une question de ton, l’équilibre sérieux/futile, le fait que c’est un site fait par des professionnel-le-s, aussi (nous sommes journalistes, ce n’est pas un hobby, c’est un métier, à plein temps). Ça ne veut pas forcément dire que c’est mieux (il y a des blogs d’info très bien faits, par exemple), mais être journaliste, ça implique une certaine éthique, une déontologie. On ne sort pas une info non vérifiée, par exemple, ou alors en prenant énormément de précautions et en le précisant.

Selon vous, y a-t-il une place pour les medias LGBT au sein du paysage médiatique français actuellement ? Comment voyez-vous leur avenir, est-il possible pour eux de perdurer ?

Bien sûr, sinon nous ne nous serions pas lancés ! On dirait un sujet de conférence, tiens. Un média LGBT est par définition un média de niche, c’est à la fois un avantage et un inconvénient. Un avantage parce qu’on sait à qui on s’adresse, nous connaissons notre public. Mais d’un autre côté, et je ne sais pas si c’est lié à la crise uniquement, trouver des investisseurs, des annonceurs, voire un banquier compréhensif quand on est un site LGBT, c’est extrêmement compliqué. Il faut combattre les idées reçues: non, ce n’est pas parce que c’est un site gay qu’il n’y a que des mecs torse nu; oui les hétéros ont le droit de venir et y trouveront même probablement des articles qui les intéresseront; non, un pure player ce n’est pas de l’info cheap, etc.

Vos meilleurs souvenirs depuis les débuts de Yagg ? Et les pires ?

Le lancement du site d’infos, le lancement de la communauté, les anniversaires, rencontrer les yaggeurs et les yaggeuses aux apéros des losers, avoir la confirmation qu’on sert à quelque chose. Des bons souvenirs, il y en a des tonnes, même si Yagg n’a que 2 ans. Les pires: le moment en août/septembre où nous avons cru que voilà, Yagg c’était fini, pour la pire des raisons, le manque de trésorerie. Dans un tout autre genre, il y a aussi eu l’enlèvement du militant russe Nikolai Alekseev à Moscou, parce qu’il y a vraiment eu un moment où j’ai cru qu’il ne reviendrait pas. Certain-e-s nous le reprocheront sans doute, mais l’équipe de Yagg est engagée, nous avons des opinions, nous prenons des positions, ce qui veut dire que parfois, l’actualité nous touche de très près.

Vous êtes 4 fondateurs, 3 hommes et une femme. Avez vous eu des dissenssions parfois, sur quels sujets ?

Pas vraiment, non. Comme je l’expliquais plus tôt, nous nous connaissons bien, nous savons faire avec les défauts des un-e-s et des autres. Nous ne sommes pas forcément d’accord sur tout, mais ce qui fait notre force, c’est que nous nous parlons, nous discutons, et nous trouvons des solutions.

De quelles opérations ou actions êtes vous le plus fièrEs ? des ratages à

nous raconter ?

Nous sommes très fièr-e-s de la campagne Sexe, prévention et vidéos que nous avons lancée l’an dernier avec l’Inpes, de celle qui débute sur la visibilité et la santé lesbiennes aussi. Ce type d’action nous permet de conjuguer nos compétences et notre volonté militante. Idem pour notre travail sur les gay prides en Europe de l’Est, notre soutien aux demandeurs/euses d’asile. La communauté Yagg, aussi. Notre pari était de créer un réseau social où les internautes se sentiraient chez eux, où les petits nouveaux seraient bien accueillis, où les filles et les garçons auraient des choses à se dire, tout ça. Et ça marche, de vraies amitiés se sont créées, quelques histoires d’amour aussi (nous ne sommes pas au courant de tout), l’ambiance est assez géniale.

Pour les ratages, nous avons de la chance (ou nous savons vraiment ce que nous faisons), je n’en vois pas vraiment. Mais Yagg n’a que 2 ans.

A propos de Isabelle B. Price

Créatrice du site et Rédactrice en Chef. Née en Auvergne, elle s’est rapidement passionnée pour les séries télévisées. Dès l’enfance elle considérait déjà Bioman comme une série culte. Elle a ensuite regardé avec assiduité Alerte à Malibu et Les Dessous de Palm Beach avant l’arrivée de séries inoubliables telles X-Files, Urgences et Buffy contre les Vampires.

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