May Sarton

May Sarton

Biographie

May Sarton est une poétesse et nouvelliste américaine née le 03 mai 1912 à Wondelgem, en Belgique et décédée le 16 juillet 1995 dans le New Hampshire, aux États-Unis. Ses parents sont des intellectuels, son père, George Sarton, étant un historien spécialisé dans le domaine scientifique et sa mère, Mabel Eleanor Elwes, étant à la fois artiste et designer. Alors que la jeune May n’est encore qu’une petite fille de deux ans, la petite famille s’installe aux Etats-Unis, à Boston, dans le Massachussetts.

Elle grandit dans cet État et y poursuit ses études, dans la ville de Cambridge. Passionnée de théâtre dont elle prend des leçons dès l’adolescence (elle va même créer sa propre compagnie qui fait faillite lors de la Grande Dépression – elle parlera beaucoup de cela par la suite, c’est pour elle un événement-clef qui l’a conduite vers l’écriture), c’est cependant la poésie qui a ses faveurs et qui la fascine littéralement. Elle publie d’ailleurs ses premiers poèmes alors qu’elle n’est pas encore majeure.

1937 est une date importante, puisque c’est la date de parution de son premier recueil de poèmes, Encounter in April. C’est le premier ouvrage d’une longue liste durant plusieurs décennies et ce dans des styles différents : poèmes, nouvelles, recueils autobiographiques ou encore livres pour enfants.

Ses poèmes sont aujourd’hui considérés comme relativement classiques de par leur construction (ils étaient déjà considérés comme tels par ses contemporains). Quoi qu’il en soit, elle l’avoue à plusieurs reprises d’ailleurs, son inspiration première est (et a toujours été) les femmes et la féminité. Elle laisse aussi une part belle à la nature et aux animaux dans son œuvre ; l’un des exemples les plus connus est The Fur Person, publié en 1957, dans lequel elle humanise un chat.

Dans ses poèmes et dans ses journaux, May se livre beaucoup. Elle y met en scène à la fois ses sentiments, son travail, ses relations ou encore sa vie de tous les jours. Elle parle aussi beaucoup des femmes, de leur éducation, de leur condition, mais aussi du processus de création littéraire. Dans Journal of a Solitude par exemple, qui paraît en 1973, elle écrit sur sa solitude. Dans Honey in the Hive, publié en 1988, elle met en scène sa relation avec une de ses ex-compagnes. On peut également citer A World of Light, publié en 1976, dans lequel apparaissent ses parents, des amis, etc. et dont elle nous raconte l’histoire et des anecdotes comme à de vieux amis.

Ce qui est intéressant dans ses écrits (et en particulier dans ses journaux), c’est que si les premiers font peu mention de l’homosexualité, ou de manière cachée, au fil des publications, elle devient de plus en plus visible pour finir par être l’un des thèmes importants développés. Certains vont même plus loin en affirmant que c’est la pierre angulaire de son œuvre, le thème autour duquel tout s’articule. C’est paradoxalement un thème qui l’effraie (surtout au début de sa carrière), puisqu’elle a peur de se laisser enfermer et de se laisser coller une étiquette de « romancière lesbienne ».

Par exemple, dans The Small Room, publié en 1961, la relation entre deux personnages est sous-entendue, tandis que plusieurs autres de ses nouvelles abordent sans détour l’homosexualité. On peut retenir entre autres The Education of Harriet Hatfield, qui est publié en 1989. Le texte s’articule autour d’un personnage qui ouvre une librairie centrée sur les femmes ; May Sarton y raconte de manière relativement effrayante comment ce simple commerce va cristalliser violences et homophobie. On peut également citer Mrs. Stevens Hears the Mermaids Singing en 1965, qui met en scène une romancière et poétesse avec laquelle elle partage de nombreux points communs. Elle y raconte le scandale qui éclate lorsqu’une écrivaine publie un texte sur les amours de deux femmes. La nouvelle a d’ailleurs été adaptée au cinéma en 2004.

La carrière de May Sarton n’a jamais été facile. Décriée par certains car ils trouvaient que ses écrits étaient trop classiques dans leur forme, critiquée par d’autres car elle abordait sans se cacher le lesbianisme, elle a souvent dû se battre pour que ses ouvrages puissent être publiés.

Elle est décédée d’un cancer du sein le 16 juillet 1995 et est aujourd’hui enterrée à Nelson, dans le New Hampshire.

Histoire d'un Coming-Out

On sait peu de choses de l’enfance de May Sarton et du moment où elle a compris ses préférences sexuelles. Ce qui est certain, c’est que c’est en 1945, alors âgée d’une trentaine d’années, qu’elle rencontre l’amour de sa vie comme elle l’a dit à plusieurs reprises, Judy Matlack. Elle vont vivre ensemble pendant plus de 10 ans. Cette histoire a fortement marqué May Sarton, puisqu’elle a parlé à plusieurs reprises de sa compagne dans ses écrits, et notamment dans Honey in the Hive, publié en 1988, qui décrypte leur relation.

Au fil des années, le thème de l’homosexualité sera de plus en plus présent dans l’œuvre de May Sarton. Elle l’a avoué à plusieurs reprises en interview, ce qui la freine au début de sa carrière, c’est cette hantise d’être cataloguée au seul registre d’artiste lesbienne. Elle n’avait notamment pas mâché ses mots face à la critique lorsque cette dernière avait classé l’une de ses nouvelles comme « nouvelle lesbienne », car elle y mettait en scène un jeune garçon homosexuel ; c’était dans A Reckoning, sorti en 1978.

Une peur de l’étiquette à replacer dans le contexte des années 1960, peu favorables aux personnes « out ». Elle l’explique très bien dans ses certains de ses écrits. Par exemple, dans un de ses journaux autobiographiques qu’elle publie en 1973, Journal of a Solitude, elle écrit : « La peur de l’homosexualité est tellement grande [à l’époque] qu’il faut du courage pour écrire Mrs Stevens Hears the Mermaids Singing, pour écrire une nouvelle sur une femme homosexuelle sans qu’elle soit ni une malade sexuelle, ni une saoularde, ni une droguée, ou quoi que ce soit de repoussant, le portrait d’une homosexuelle qui ne soit ni pitoyable, ni dégoûtante, sans sentimentalisme. »

Dans ses derniers écrits, May Sarton aborde sans détour aucun l’homosexualité. Elle se plaît à mettre en scène des femmes amoureuses, et va même jusqu’à raconter en 1988 sa relation avec l’une de ses compagne dans un ouvrage.

Bibliographie

Recueils de poésie

May Sarton’s Well (publié par Edith Royce Schade)
Coming Into Eighty (1994)
Letters from Maine
Halfway to Silence
Selected Poems of May Sarton (publié par Serena Sue Hilsinger et Lois Brynes) (1978)
Collected Poems, 1930-1973 (1973)
A Durable Fire
A Grain of Mustard Seed
As Does New Hampshire
A Private Mythology (1965)
Cloud, Stone, Sun, Vine (1961)
In Time Like Air (1957)
The Land of Silence (1953)
The Lion and the Rose (1948)
Inner Landscape (1939)
Encounter in April (1937)

Nouvelles et romans

The Education of Harriet Hatfield (1989)
Honey in the Hive (1988)
The Return of Corporal Greene
The Poet And The Donkey
The Magnificent Spinster
Anger (1982)
Crucial Conversations (1975)
A Reckoning (1978)
As We Are Now (1973)
Kinds of Love (1970)
The Poet and the Donkey
Miss Pickthorn and Mr. Hare
Mrs. Stevens Hears the Mermaids Singing (1965)
Joanna and Ulysses
The Small Room (1961)
The Fur Person (1957)
The Birth of a Grandfather (1957)
Faithful are the Wounds (1955)
A Shower of Summer Days (1952)
Shadow of a Man (1950)
The Bridge of Years (1946)
The Single Hound (1938)

Journaux autobiographiques

Encore: A Journal of the Eightieth Year
After the Stroke (1988)
At Seventy: A Journal (1984)
May Sarton: A Self-Portrait (1982)
Writings on Writings (1980)
Recovering: A Journal (1980)
The House by the Sea (1977)
A World of Light (1976)
Journal of a Solitude (1973)
Plant Dreaming Deep (1968)
I Knew a Phoenix: Sketches for an Autobiography (1959)

Livres pour enfants

“Who is Eva From As We Are Now?”
A Walk Through the Woods’
Punch’s Secret

May Sarton

Répondre