L’Amour presque parfait de Cathy Bernheim

L’amour presque parfait de Cathy Bernheim

Titre Français : L’Amour presque parfait

Titre Original : L’Amour presque parfait

Auteur : Cathy Bernheim

Date de Sortie : 1991

Nationalité : Française

Genre : Essai

Nombre de Pages : 249 pages

Éditeur : Éditions du Félin

ISBN : 978-2-86645-737-2

L’Amour presque parfait : Quatrième de Couverture

Femmes de tête, indépendantes, entre 35 et 55 ans, pourvues d’un métier plutôt intéressant, d’un niveau de vie légèrement ou carrément supérieur à la moyenne, avec ou sans enfant, aimant un peu ou beaucoup les femmes…
Signe particulier : recherchent désespérément un art de vivre.
Nota bene : le découvrent plus volontiers dans les livres ou chez leurs amies qu’auprès de leur mère ou des femmes de leur famille.
Question principale : pourquoi ?
Question annexe : et l’amour, dans tout ça ?
Exercice : développer…
Cathy Bernheim fait resurgir à la surface de l’Histoire une génération de femmes en marche vers la liberté avec les gros sabots dont elles ont hérité. Êtres humains du sexe qui met les enfants au monde, selon les dictionnaires, elles sont à la recherche d’une identité qui n’en finit pas de se dérober. Le sexe, en tout cas, est ce qui les distingue encore du reste de l’humanité, des hommes. Et la poursuite de l’amour parfait, sous toutes ses formes, demeure peut-être leur grande aventure.

L’Amour presque parfait : Avis Personnel

L’Amour presque parfait est un recueil de textes, mêlant fragments autobiographiques, essais sur la société et réflexions sur la question gay.

Cathy Bernheim mène son lecteur sur les chemins de la mémoire par le biais de sa propre expérience, elle qui a vécu Mai 68, le MLF, les grandes querelles entre féministes et lesbiennes, et la vie communautaire des militants ; mais elle met également en lumière sa quête d’identité chaotique et sa construction en tant que femme homosexuelle au sein d’un monde hétérocentré en plein bouleversement.

Au fil d’une écriture sensible et poétique, l’auteur expose ses tourments, ses recherches, ses hésitations et ses réserves sur notre société et son devenir. Incontestablement, le témoignage est touchant, par son authenticité et la fragilité qui semble s’en dégager.

Pourtant, certains aspects peuvent interpeller. Cathy Bernheim possède un point de vue bien particulier sur la façon de vivre des homosexuel-le-s et se place en opposition par rapport à d’autres courants de pensée au sein des « dogmes » gays et lesbiens.

Bien loin des revendications de certaines de ses contemporaines – Wittig en tête – Bernheim situe la construction d’une identité propre et d’une culture lesbiennes au second plan, mais prône avant tout l’amour (« presque parfait ») comme éthique de vie essentielle.

Que l’on adhère ou pas à cette conception du lesbianisme dans la société, il n’en demeure pas moins qu’on en apprend beaucoup sur le déroulement de cette période 70’s, de la vie des étudiants frondeurs en passant par les réunions du MLF, et que ce livre constitue un précieux témoignage pour tous ceux qui n’ont pas connu cette époque, ou du moins pas de ce point de vue là !

À lire pour ses considérations sur la société, son aspect historique ou sa poésie amoureuse… Et pour tout ça à la fois.

Une jolie découverte.

L’Amour presque parfait : Extraits

« Longtemps, j’ai cherché à comprendre ce que j’aurais du me contenter d’éprouver.
Longtemps, j’ai rêvé de savoir ce que personne n’avait su me dire.
Longtemps, j’ai cru que les livres racontaient la vie qui m’attendait.
Longtemps, j’ai promené ma conscience d’un bout à l’autre de mon corps, au fond de mon regard, à fleur de doigt et dans les sillons secrets de mon sexe.
Longtemps, il y a longtemps, j’ai déchiffré les messages pornos que des mains anonymes gribouillaient sur les murs des chiottes. J’y voyais passer la vraie vie. Le plus souvent elle était masculine.
Ah oui : longtemps aussi, j’ai été une femme. Mais je ne saurais pas dire aujourd’hui quand cela a commencé. »

« La petite révolte du Quartier latin fait tache d’huile, les pouvoirs s’affolent, on parle beaucoup, dans tous les sens : dans la rue, à la radio, les discours s’apostrophent et ne se répondent pas. La nuit, les étudiants se font tabasser par les CRS bardés de matraques et de lacrymos. Le jour, j’arpente les trottoirs à la recherche de traces. Sur les murs, les slogans fleurissent : du n’importe quoi, de la poésie pure, de la langue de bois, des mots d’hier soigneusement recopiés de génération en génération, et juste après, un cri du cœur, cri isolé d’un cœur isolé. Moi, je fais le tri. Je marche, des kilomètres dans tous les sens. Seule ou accompagnée de milliers de gens. »

« Maintenant, je me méfie de la passion qui a du style, je sais combien il est aisé de jurer que l’amour durera toujours, simplement parce que ça rime.
Lorsque M. et moi nous sommes séparées, je me souviens avoir été ulcérée de l’entendre remettre en question les sentiments que j’avais conjugués pour elle en dix années et une centaine de lettres. Elle disait : alors, tout ce que tu m’as écrit, c’était des mensonges. Je répondais que j’y croyais lorsque je l’écrivais. Mais depuis, je n’ai plus jamais écrit des mots d’amour sans me poser au préalable la question de leur validité, comme si j’avais peur qu’on me reproche encore une fois de me laisser emporter par mon imagination.
Pourtant, qu’est-ce qu’aimer, sinon imaginer ? »

A propos de Julia Clieuterpe

Chroniqueuse occasionnelle

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