A Quoi Rêvent Les Têtes De Veau

Un court-métrage atypique et poétique sur l’acceptation de soi

Année de Production : 2010

Réalisation : Sonia Cruchon

Scénario : Sonia Cruchon

Avec : Jacques Hansen, Irina Leach, Florence Ujjayi

Nationalité : Française

Genre : Court-Métrage, Drame

Durée : 16 : 00 minutes

Titre Original : À quoi rêvent les têtes de veau

A Quoi Rêvent Les Têtes De Veau : Résumé

Une femme se remémore des moments forts de son enfance : la campagne, les jeux en solitaire, des images vues à la télévision, et cette tête de veau que lui avait un jour offerte son père. Un cadeau surprenant, qui pourrait bien ne pas être étranger à l’adulte qu’elle est devenue…

Une femme se remémore des moments forts de son enfance : la campagne, les jeux en solitaire, des images vues à la télévision, et cette tête de veau que lui avait un jour offerte son père. Un cadeau surprenant, qui pourrait bien ne pas être étranger à l’adulte qu’elle est devenue…

L'avis d'Univers-L

Scénario/Réalisation
Casting
Lez/Bi Quantité
Lez/Bi Qualité

Résumé : Une œuvre étrange à découvrir.

Note des lectrices : Soyez la première !
33

À quoi rêvent les têtes de veau est un court-métrage à la fois déconcertant et intriguant. De par ce titre énigmatique dans un premier temps, puis de par les événements qui s’y déroulent. Tout commence par un plan sur une femme allongée au beau milieu de souvenirs de son enfance (photographies, planches de papier à découper puis monter, etc.). S’ensuit une soirée au cours de laquelle elle va se souvenir de l’époque où elle était petite fille. Elle prend son bain, se filme et les images et les sons reviennent, les uns à la suite des autres.

Pour replacer dans le contexte, j’ai vu ce film lors du Festival du film lesbien et féministe de Cineffable. Je n’avais aucune idée de ce que j’allais voir, seulement ce titre très original (non, je vous rassure de suite, cela n’a rien à voir avec une quelconque charcuterie). Sitôt les lumières rallumées, je me suis trouvée bien ennuyée, tout d’abord puisque je n’avais pas tout compris (et j’étais loin d’être la seule), ensuite car je me demandais ce que j’allais bien pouvoir écrire…! Là où je me suis trouvée rassurée, c’est quand la réalisatrice est montée sur scène pour expliquer qu’elle avait volontairement construit son film comme une sorte de grand jeu de piste à interpréter comme on le souhaite, dont il relève « à chacun de se faire sa propre idée ». Soit, voici donc quelques éléments (forcément subjectifs !) de ma propre interprétation (et de mes interrogations…!).

Le film alterne en permanence entre aujourd’hui et hier et nous présente les liens qui existent entre ces deux époques. J’ai beaucoup apprécié la manière dont des bruits caractéristiques de son enfance ramènent l’héroïne à ses souvenirs : le crépitement d’une bûche dans le feu, le bruit du vent dans les arbres… C’est très simple comme procédé, mais cela fonctionne bien. La réalisatrice nous ramène à des moments fondateurs et marquants de la construction du personnage : quand elle découpait les cheveux de ses Barbie ou quand elle avait de grandes discussions avec sa tête de veau.

Bien sûr il ne s’agit pas d’une véritable tête de veau, mais d’une reproduction fidèle en plâtre (ouf !). La « relation » qui se tisse entre la petite fille solitaire (et incomprise par son père, qui l’élève seul – et que j’ai trouvé très touchant dans sa maladresse tout au long du film pour tenter de toucher sa fille) et ce cadeau très particulier nous permet de comprendre qu’elle se pose des questions : a-t-on le choix de devenir qui l’on veut (garçon ou fille) ? Doit-on obligatoirement se conformer à ces images véhiculées par les magazines et la télévision ?

Le film amène un nombre incalculable de questions. Pourquoi cette mue dans le bain ? Pourquoi se filme-t-elle nue sous toutes les coutures ? Pourquoi semble-t-elle se découvrir pour la première fois devant le miroir ? Pourquoi cette image subliminale de train à vapeur à la fin ? Peut-être parce qu’elle fait enfin un choix en acceptant ce corps de femme qui est le sien ? Ou parce qu’elle devient enfin elle-même ? Peut-on aussi y voir comme un nouveau départ, le fait qu’elle quitte l’enfance, sur laquelle elle pose maintenant un regard bienveillant et empreint de nostalgie ? Une acceptation de sa sexualité ?

Une multitude de questions pour une œuvre atypique et plutôt réussie du point de vue visuel. C’est la première réalisation de Sonia Cruchon et force est de reconnaître que le choix des cadrages et des plans est la plupart du temps judicieux. Par contre, on n’a pas de véritable clef pour comprendre toutes les scènes, et c’est dommage, car l’on s’y perd et certaines scènes paraissent vraiment très étranges (quand elle s’observe de dos dans le miroir), voire complètement à côté. Le court-métrage s’avère donc dans un sens relativement inabouti et par moments assez lent. En même temps, quand on sait que Sonia Cruchon avait « la volonté de nourrir ce film de (ses) rêves, des signes qu’(elle) peut voir », on comprend mieux l’atmosphère lunaire qui s’en dégage…

Un petit ovni qui ravira les personnes qui adorent décortiquer les films ; je suis d’ailleurs très curieuse de lire d’autre possibles interprétations…! Un film qui m’a tout de même laissé au final un goût étrange et sur lequel je reste partagée. À vous de voir si vous souhaitez ou non goûter à cette tête de veau.

A Quoi Rêvent Les Têtes De Veau : Extraits

NARRATRICE : Cette tête de veau, c’est papa qui me l’avait offerte. C’était un dimanche matin, un dimanche matin tout tranquille. Il y avait du soleil qui tombait sur la table. L’instant d’après, il y avait un paquet dans le rayon. Je me suis posée plein de questions sur cette tête de veau. Sa vie, ses rêves – avant. Et puis ses rêves – après. Et surtout, surtout, si c’était une petite vache ou un petit taureau. Mais elle ne parlait pas. Et puis elle n’avait plus de corps, la tête. Alors un jour, j’ai choisi.

LE PÈRE : Tu sais, cette tête de veau, je savais que tu l’aimerais. Y’a des choses comme ça qu’on sent. Je savais que tu en avais besoin. De parler. De partager tes petits secrets. (…) J’ai jamais su y faire avec toi. S’il fallait te prendre dans mes bras ou s’il fallait pas.

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