Butch Jamie : Interview de la scénariste, réalisatrice et actrice Michelle Ehlen

Butch Jamie : Interview de la scénariste, réalisatrice et actrice Michelle Ehlen

Interview réalisée par Stephen Beeny le 19 février 2010 pour le site Gaydarnation

Butch Jamie, la création de l’auteure, réalisatrice et actrice lesbienne Michelle Ehlen, est une comédie romantique dans laquelle notre héroïne Jamie, actrice en mal de succès, décroche enfin son premier rôle principal mais en tant … qu’homme ! Gardant le secret, elle accepte le rôle à contrecœur, avant de tomber folle amoureuse de sa collègue de tournage, Jill.

Nous avons demandé à Michelle Ehlen les raisons qui font que les lesbiennes butchs semblent si rares dans les films, et si on l’a déjà prise pour un homme dans la vraie vie !

Pouvez-vous nous parler un peu de Butch Jamie, à quoi peut-on s’attendre ?

En gros, Butch Jamie parle d’une butch actrice qui est engagée pour un rôle masculin dans un film. Je dirais que vous pouvez vous attendre à de l’humour potache, de la romance, et l’amusement de voir une co-star jouée par un chat vraiment très drôle !

C’est le premier film que vous réalisez, écrivez et dans lequel vous jouez. Comment était-ce d’être si étroitement impliquée ?

C’était très marrant. C’était un petit film, ce que je préférais à l’époque – moins de souci à se faire, moins de choses qui vont de travers. Je voulais que le plateau reste un endroit détendu et marrant, sachant que jouer Jamie serait difficile si des préoccupations hors plateau étaient stressantes. Dans l’ensemble, je pense qu’on a réussi à avoir la bonne dynamique de tournage sur le plateau.

Votre opinion d’auteure a-t-elle jamais été en désaccord avec votre opinion de réalisatrice ou d’actrice ?

Elles ne s’”opposaient” pas forcément les unes aux autres, mais certaines avaient sans aucun doute de meilleures idées. L’actrice en moi n’avait aucun scrupule à réécrire le script ou même à ignorer mes directives de réalisatrice, mais je suis ravie de l’avoir laissée faire. Parfois, c’est elle qui avait raison !

D’où vous est venue l’inspiration pour le film – on vous a déjà prise pour un homme ?!?

Oh ouais, tous les jours. Mais les gens comprennent que je suis une femme quand je me mets à parler. Mais ouais, à l’origine, l’inspiration m’est venue de quelques expériences personnelles. J’ai eu une période où j’ai essayé d’être un peu plus “fem”, mais j’ai atteint un point où j’ai décidé que j’allais juste être “moi”, quelles que soient les conséquences que j’avais imaginées à l’époque. La meilleure chose que j’aie jamais faite.

Parlez-nous de votre personnage, Jamie.

Je vois Jamie comme quelqu’un de sarcastique, forte, un peu rigide dans sa façon de penser et qui ne sait pas rire d’elle-même, mais dans le fond, elle a bon cœur. Elle n’est en aucun cas parfaite, et même loin de là, mais elle fait de son mieux et, au final, je crois qu’elle apprend à être quelqu’un de meilleur – une personne plus tolérante envers elle-même et envers les autres.

En quoi lui ressemblez-vous ?

En fait, j’estime être bien différente de Jamie. Bien qu’en apparence je sois aussi butch que Jamie, je crois que la majorité des gens sont surpris de voir comme je peux rire bêtement et être girly.

Je dois savoir à propos d’Howard le Chat. Où l’avez-vous trouvé ?

En fait, Howard était à moi et à ma compagne de l’époque. Elle le traitait comme une personne et à bien des égards, il se comportait un peu comme tel. Donc quand j’ai écrit le script, j’ai écrit son personnage en pensant à lui.

Donc est-ce un cliché ou une réalité que toutes les lesbiennes ont un chat ?

Eh bien, je n’ai pas de chat en ce moment, donc ça ne peut pas être si vrai que ça – mais peut-être que ça l’est pour les fems.

Avez-vous appris des choses sur vous-même en faisant ce film ?

Je pense qu’une des choses les plus importantes que j’ai apprises au cours de ce long processus est ma capacité à m’accrocher à une idée et à la concrétiser du début à la fin. Butch Jamie était le projet le plus long que j’aie jamais accompli – après un an d’écriture de script, un an à faire le film et un an de promotion, on arrivait à trois années bien employées à voir une idée aller jusqu’à son aboutissement. Ça me donne l’assurance de savoir que je peux me dévouer et m’accrocher à n’importe quoi qui me tient vraiment à cœur.

Selon vous, quels sont les principaux thèmes abordés dans Butch Jamie ?

Pour faire simple, c’est un film sur comment apprendre à être soi-même – à être authentique et à vivre selon sa vérité. En apprenant à s’apprécier soi-même, je pense qu’ensuite les portes s’ouvrent pour apprendre à vraiment apprécier les autres, malgré les différences apparentes.

Le film a remporté de nombreuses récompenses. Que signifie pour vous le fait de gagner ?

Eh bien, je ne suis pas sûre qu’il en ait reçu beaucoup, mais il a été récompensé plusieurs fois, ce qui est très agréable. Je pense que la “victoire” signifie que le film a réussi d’une façon ou d’une autre à captiver l’intérêt ou l’attention de personnes extérieures, ce qui est génial, parce que c’est ce que nous essayons tous de faire avec nos films.
Les prix d’interprétation m’ont particulièrement fait plaisir – certains réalisateurs/acteurs se font “saquer” pour avoir joué dans leurs propres films, donc j’ai essayé de me préparer un peu à ça. Vous savez, vous vous livrez entièrement quand vous jouez – votre apparence, votre façon de parler, etc. Vous êtes un peu une cible facile. Mais heureusement, personne n’a eu de problème avec ça.

Le film a été décrit comme la version lesbienne butch de Tootsie. Êtes-vous d’accord ?!

L’idée de base est la même que Tootsie, donc d’une certaine manière, je suppose que oui. Mais au-delà de ça, ils sont très différents. Tootsie est un film génial, donc quoi qu’il en soit, la comparaison ne me dérange vraiment pas.

Quelle est la chose la plus bizarre qu’on vous ait dite à propos du film ?

Certains hommes hétéros m’ont dit des trucs étranges, à savoir qu’ils pensaient que Jamie voudrait être un homme – ce qui est vraiment très éloigné de ce que raconte l’histoire. Mais je pense que chacun en ressort ce qu’il comprend, donc je suppose que si c’est la perspective que quelqu’un a, alors c’est ce qu’il y verra.

Y a-t-il une scène ou un moment dans le film dont vous soyez particulièrement fière ?

Eh bien, j’ai réalisé toutes mes cascades ! Comme de tomber en marchant avec des pots de peinture aux pieds. Mais je pense que la scène dont je suis la plus fière, c’est mon audition avec Howard le Chat – on a improvisé cette scène presque à 100% et je pense que ça a vraiment payé en terme de spontanéité pour l’effet comique.

Et quelque chose qu’avec le recul vous feriez différemment ?

Plein de petites choses ici et là, comme « Oh, cette scène ne rend pas bien » ou « Ça ne sonne pas bien » ou « Ce n’est pas si drôle que ça ». Mais rien d’important, donc c’est une bonne chose.

Répondre