Entre mes mains le bonheur se faufile d’Agnès Martin-Lugand

entre mes mains le bonheur se faufile

Titre Français : Entre mes mains le bonheur se faufile

Auteur : Agnès Martin-Lugand

Date de Sortie : 5 juin 2014

Nationalité : Française

Genre : Roman d'Amour

Nombre de Pages : 336 pages

Éditeur : Michel LAFON

ISBN : 9782749922096

Entre mes mains le bonheur se faufile : Quatrième de Couverture

Dans Entre mes Mains le Bonheur se Faufile, depuis l’enfance, Iris a une passion pour la couture. Dessiner des modèles, leur donner vie par la magie du fil et de l’aiguille, voilà ce qui la rend heureuse. Mais ses parents n’ont toujours vu dans ses ambitions qu’un caprice : les chiffons, ce n’est pas ” convenable “. Et Iris, la mort dans l’âme, s’est résignée.

Aujourd’hui, la jeune femme étouffe dans son carcan de province, son mari la délaisse, sa vie semble s’être arrêtée. Mais une révélation va pousser Iris à reprendre en main son destin. Dans le tourbillon de Paris, elle va courir le risque de s’ouvrir au monde et faire la rencontre de Marthe, égérie et mentor, troublante et autoritaire…

Portrait d’une femme en quête de son identité, ce roman nous entraîne dans une aventure diabolique dont, comme son héroïne, le lecteur a du mal à se libérer.

 

Entre mes mains le bonheur se faufile : Avis Personnel

Iris est une jeune femme dont les rêves de couture ont été anéantis par des parents trop intrusifs. Elle est malheureuse à la fois dans sa vie professionnelle – elle se sent devenir aigrie avec un travail dans une banque peu intéressant – et dans sa vie amoureuse – son mari médecin à l’hôpital la délaisse pour son travail -. Elle décide de reprendre sa vie en main et de faire sur le tard les fameuses études qui la faisaient rêver plus jeune. Elle est sélectionnée pour entrer dans une prestigieuse mais confidentielle école de couture, financée par un mystérieux mécène. Sur place, elle fait la connaissance de Marthe, l’intrigante responsable de cette école de couture appelée l’Atelier.

Voici un livre qui a priori n’a rien à faire sur ce site et pourtant. Il s’agit d’un cas typique de fourvoiement causé à la fois par une quatrième de couverture légèrement évocatrice (« une égérie et mentor, troublante et autoritaire ») et par une suggestion du site amazon qui m’apprend que les personnes qui ont acheté ce livre ont également acheté d’autres titres qui appartenaient tous à la littérature lesbienne (j’apprenais donc qu’une partie du lectorat était lesbien, ce qui renforçait l’impression qu’il y aurait quelque en rapport avec cela dans le livre). Malgré un mauvais pressentiment je me suis lancée, et il n’aura pas fallu attendre longtemps avant de déchanter : avant même que le livre ne commence, l’auteure ouvre les hostilités avec une citation d’Yves Saint Laurent « le plus beau vêtement qui puisse habiller une femme, ce sont les bras de l’homme qu’elle aime ».

Le but de cet article n’est cependant pas de passer ma frustration sur le travail d’Agnès Martin-lugand à cause de mon imagination qui avait un peu trop travaillé, mais parce que la fameuse Marthe, la mentor « troublante » mérite que nous nous arrêtions un peu sur elle. Je mets d’ores et déjà en garde celles qui aimeraient découvrir le livre, je vais être obligée de dévoiler des informations dont on ne prend connaissance qu’à la fin de l’ouvrage. Le personnage de Marthe est effectivement bisexuel et – le pot aux roses est dévoilé dans les dernières lignes – elle s’était éprise d’Iris, l’héroïne du roman. Elle en était tellement amoureuse qu’elle en a perdu la tête et a préféré se suicider plutôt que de la voir en couple et amoureuse de Gabriel, son homme de main (pour résumer vite). Je suis désolée d’être désagréable mais le personnage de Marthe incarne le stéréotype ultime de la méchante bisexuelle, perverse et manipulatrice, le type de personnage qui dessert la visibilité lesbienne et qui, personnellement, m’inspire l’horreur et me donne envie de m’enfuir en courant. Le mythe de la lesbienne mauvaise et/ou morte comme le dirait Isabelle B. Price, et ça ne rate pas, ça finit en un joli suicide bien orchestré. C’est tellement cliché et surtout – pour notre plus grand malheur – c’est du remâché, du vu et du revu. Marthe avait jeté son dévolu sur Iris qui est tellement naïve qu’elle ne s’en rend pas compte. En plus on comprend bien qu’Iris ne mange pas de ce pain-là et les descriptions vers la fin nous donnent presque l’impression que Marthe aurait été capable dans sa folie de la violer, c’est dégoûtant.

Iris qui croyait que tout était beau et rose apprend que l’homme dont elle est tombée amoureuse avait entretenu une liaison pendant des années avec Marthe – alors que cette dernière avait l’âge d’être sa mère et était d’ailleurs comme sa mère – avec le consentement du mari de Marthe, qui devait certainement prendre plaisir à assister aux orgies et qui est désormais mort et enterré. Mais ce n’est pas grave, Iris est quand même amoureuse de Gabriel et n’y voit que du feu. La vieille et richissime Marthe leur lègue tout son empire et leur donne malgré tout sa bénédiction dans une lettre qu’elle leur laisse après sa mort (tout en expliquant bien sûr que de son vivant elle ne pouvait accepter de voir en face d’elle leur bonheur et qu’elle ne pouvait s’y résoudre, d’où le suicide, mais ce n’est pas grave puisqu’elle ne leur en veut plus maintenant qu’elle est morte et qu’elle a pensé à tous les détails jusqu’au bout).

Que dire d’autre ? Si je fais un effort pour éclipser ces détails grotesques non négligeables dont je viens de faire mention, je vais essayer de finir sur une note positive car au demeurant, Agnès Martin-lugand m’inspire de la sympathie par son enthousiasme et sa fraîcheur. Le livre est, en dehors de ça sans vices ni vertus, un peu trop retravaillé par la maison d’édition. Bien que souvent l’histoire semble survolée, le tout reste fluide, et malgré quelques gros clichés on retrouve de bonnes analyses psychologiques dans la même lignée que ce qu’il nous avait été offert de lire avec son premier opus Les gens heureux lisent et boivent du café. Je suis et reste touchée par la success story d’Agnès Martin-lugand, elle fait preuve de beaucoup d’émerveillement et d’humilité, mais je crois bien que je vais en rester là avec ses livres.

Entre mes mains le bonheur se faufile : Extraits

« Cette femme âgée d’un peu plus de soixante ans était dotée d’une beauté et d’une élégance rares, d’un autre temps. Son carré brun et bouclé était laqué sans y paraître, et c’était beau. Son regard noisette ainsi que sa bouche rouge et généreuse donnaient de l’éclat à son teint de porcelaine. En la suivant dans un couloir, j’observai sa démarche digne de celle d’un mannequin ; la tête haute, le dos cambré les épaules en arrière, perchée sur de véritables talons aiguilles, elle dissimulait sa silhouette élancée sous une robe vaporeuse et sombre. » (Emplacement 404 format Kindle)

« Elle captura mon regard, impossible de lui échapper. Comment, en si peu de temps, cette femme pouvait-elle avoir pris autant d’influence sur moi ? Marthe était fascinante, troublante, je voulais apprendre d’elle, je voulais profiter de son expérience de femme, je voulais qu’elle soit mon guide. J’avais une chance incroyable de l’avoir rencontrée et qu’elle me fasse confiance. » (Emplacement 1010 format Kindle)

« J’avançai dans la pièce, écrasée par le poids de son regard. Je fis face au miroir. Marthe, silencieuse, se positionna derrière moi et m’observa de longues secondes. Elle mit sa main au creux de mes reins et me força d’une simple poussée à me tenir droite, les épaules en arrière et la poitrine en avant. Puis elle remonta la fermeture Éclair très lentement. Je sentis sa main suivre ma colonne, caresser légèrement mon cou, à la base des cheveux. J’eus des frissons. » (Emplacement 1487 format Kindle)

A propos de Edwine Morin

Relectrice et Chroniqueuse Occasionnelle. Passionnée par les séries télévisées, elle en dévore depuis des années dans tous les thèmes possibles et ses préférences sont si hétéroclites qu'il est difficile d’en trouver les limites. Romantique dans l’âme, elle a succombé au charme d’I Can’t Think Straight et de Loving Annabelle tout en étant fan du travail de Quentin Tarantino.

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