Fringe : Interview de l’actrice Jasika Nicole, l’interprète d’Astrid Farnsworth

Jasika Nicole

Interview accordée à Julie Bolcer le 27 Octobre 2008 pour le site Afterellen.com

L’actrice ouvertement homosexuelle Jasika Nicole, 28 ans, est l’étoile montante grâce à son rôle d’Agent spécial du FBI Astrid Farnsworth dans Fringe, la série de science-fiction brûlante sur Fox par le créateur de Lost J.J Abrams.

Tout à fait charmante et expansive, même sans être caféinée, la très talentueuse native d’Alabama s’est entretenue avec AfterEllen.com de sa carrière en plein essor, sa solide vie amoureuse et le fait d’être une femme de couleur ouvertement lesbienne.

Les choses ont-elles sensiblement changé dans votre existence depuis le lancement de la série fin août ?

Je suis très occupée et plus de gens me fixent lorsque je marche dans la rue. Ce qui fait que maintenant j’ignore si c’est parce qu’ils pensent : « Oh, ses chaussures sont immondes. » ou « Mais regarde ce qu’elle porte !» ou bien encore « Oh, je crois que je la reconnais… » C’est la plus grosse différence que j’ai constatée.

J’ai aussi beaucoup plus de visites sur mon site web où je présente mes propres dessins. Davantage de personnes écrivent et commentent ma bande dessinée [un comics] et me disent : « J’aime vraiment ce que vous faites. » ce qui est agréable. J’ai l’impression de recevoir plus de feedback.

Qu’est-ce qui vous a poussée à participer à Fringe ?

Je suppose que j’ai toujours été captivée par l’horreur. Entre 5 et 6 ans, je regardais déjà les films de Freddy Krueger, ce qui n’est probablement pas une bonne chose. Quoiqu’il en soit, c’était mon quotidien à cet âge-là. J’ai donc grandi avec ce penchant prononcé pour les fantômes, les choses effrayantes, les expériences inexpliquées et quand j’étais petite, j’étais obsédée par Unsolved Mysteries (Mystères non résolus) que je regardais chaque mercredi soir quand ça passait.

À partir de là, je pense qu’il y a un lien fort avec ce milieu, ce penchant pour le mystère à la télévision parce qu’il n’y en a pas énormément. L’autre raison qui m’a attirée précisément ici et maintenant, c’est que la grande majorité des séries programmées actuellement n’aborde pas ce genre de sujets.

Je crois que c’est en grande partie une façon d’échapper à la réalité à laquelle notre pays fait face à l’heure actuelle. Mais cette série est vraiment bien car elle offre une autre forme d’évasion par rapport à des programmes comme Sex and the City ou Gossip Girl.

Donc plutôt qu’une échappatoire, vous voyez Fringe comme une alternative à ce qui était un thème dominant dans la grille des programmes ?

Je le pense. Ce n’est sûrement pas tout à fait réaliste car la science que nous présentons est arrangée. Mais je pense que toute l’intrigue repose sur le fait que tout cela pourrait très bien arriver, pourrait être en train d’arriver, ou s’être déjà produit parce que tout est basé sur la science. Tout est fondé sur une information existante dans le monde, dont personne d’autre ne sait grand-chose réellement, sur ce qui se produit lorsque cette information se retrouve entre de mauvaises mains et ce qu’il en résulte à l’échelle planétaire, à l’échelle de l’individu et de la société. C’est du domaine du fantastique dans les faits mais je pense que ça prend beaucoup racine dans la réalité.

Tournez-vous en ce moment, en octobre ?

Oui, nous démarrons l’épisode 9 cette semaine je crois donc en janvier, nous terminerons notre saison de 22 épisodes. On n’a même pas encore atteint la moitié, ce qui est vraiment excitant. J’ai hâte de découvrir tout ce qui va encore se passer !

Où a lieu le tournage ?

Nous filmons à Long Island dans le Queens dans les studios Silvercup East. C’est très près, ce qui est merveilleux car de fait je n’ai pas eu besoin de m’éloigner de New York.

Qu’appréciez-vous le plus chez Astrid, votre personnage ?

J’aime qu’elle soit intelligente dans tous les domaines où je ne le suis pas. Je suis hyper créative et c’est là, je pense, que réside tout mon talent : dans le dessin, dans la communication et le maniement des mots. C’est là que je me sens le plus à l’aise et il est évident que c’est tout l’inverse pour Astrid. Ça lui convient bien d’être dans ce labo à appendre tous ces trucs de cet homme passablement fou qui lui enseigne et elle, elle absorbe tout. J’ignore si j’aurais la même réaction à sa place, coincée dans ce labo rempli de cadavres où des choses vraiment vraiment étranges et effrayantes se produisent. Je suppose que j’admire qu’elle soit aussi courageuse et intelligente et qu’elle comprenne tous ces concepts vraiment barbares, parce que moi, jamais je ne pourrais.

Pouvez-vous nous dévoiler comment votre personnage va évoluer ?

Elle commence indéniablement à s’impliquer davantage tout comme les autres membres de l’équipe. Au lieu que ce soit d’abord très théorique et qu’ensuite ils essaient de dénouer les événements selon les faits, ils auront tendance à plus s’enfoncer dans l’action. Donc je pense qu’on sera amené à la voir un peu plus vulnérable. On découvrira une Astrid plus humaine avec des failles et des émotions que l’on n’avait pas eu l’occasion de voir avant. Ça a mis du temps à se mettre en place, mais maintenant que ça se dessine, c’est vraiment  satisfaisant pour moi.

Comment est-ce de travailler avec Anna Torv ? [qui joue l’Agent spécial Olivia Dunham]

Elle est impressionnante. J’aime beaucoup la façon dont nos personnages font finir par interagir dans la série. Je la trouve très intelligente et drôle et j’aime la regarder jouer. Elle est tellement douée. Pourtant, elle a une grosse pression. J’imagine que ce serait écrasant pour n’importe qui.

Se retrouver dans un nouveau pays, réussir à parler sans son accent natal et devoir en plus retenir tous ces dialogues en jonglant avec tout ce jargon scientifique. C’est un challenge énorme et elle le fait avec tellement d’élégance et une énergie tellement positive qu’à mon sens c’est carrément renversant. Je la trouve tout simplement stupéfiante et je suis vraiment enthousiaste de pouvoir travailler avec elle.

Alors… Vos deux personnages vont-ils se rapprocher d’une façon qui intéresserait tout particulièrement le public d’AfterEllen.com ?

Non, non. [rires] Ça n’arrivera pas. Pas que je sache en tout cas, mais bien sûr, il reste encore la saison 2, donc qui sait ? Mais pour Astrid, il s’agit plutôt d’admiration et elles vont avoir une très belle discussion à propos du caractère de l’Agent Dunham, comment elle aussi peut avoir peur et être angoissée.

C’est juste qu’elle ne le montre pas mais elle aura une petite conversation à cœur ouvert avec Astrid. C’est amené très finement je trouve.

Vous dansez, dessinez et jouez. Quel est selon vous le dénominateur commun entre ces différentes activités ?

Oh mon Dieu, j’aimerais le savoir moi-même. C’est juste que, ce sont des choses que je sais faire, vous comprenez ? Et je ne crois pas avoir jamais ressenti de nervosité ou de peur dans ces domaines. Je n’ai jamais été bonne en maths. Je n’ai jamais brillé en sciences. Je recevais de bonnes notes parce que ça me tenait à cœur, mais vous voyez, la moitié des choses me passait au-dessus de la tête. Je me contentais de faire les devoirs mais ce n’est pas là que résidait mon talent. Il se trouve que tout ce pour quoi je suis douée, ce qui m’apporte confiance et satisfaction a un rapport avec le domaine artistique. De plus, j’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont totalement encouragée et soutenue. Donc je suppose que c’est ça le fil conducteur.

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