Interview de la chanteuse Aube L.

Aube Lalvee

Interview accordée à Isabelle B. Price le 23 Mars 2009 pour le site Univers-L.com

Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours (études, formations, époque où vous avez débuté la guitare et le chant…) ?

C’est un peu difficile pour moi de vous parler de mon parcours parce qu’il a vraiment été chaotique. Il me semble que l’on sait tous ce que l’on a au fond de soi mais que ce qui prend le plus de temps dans une vie, c’est de l’accepter. Alors, on s’essaie à de multiples choses. Parfois heureuses, parfois moins, mais au final, toutes les expériences sont bonnes et logiques.
En gros, j’ai oscillé entre l’écriture et la musique pour au final les réunir.

Écrire est-il pour vous tout aussi important que composer et chanter ou préférez-vous l’un des aspects en particulier ?

Oh oui bien sûr ! Ecrire est aussi important que le reste !! Tout est important puisque l’essentiel est d’exprimer… Après, chaque chose à exprimer a son langage approprié… Certaines émotions se jouent plus qu’elles ne se parlent et d’autres se parlent dans le silence… La musique, c’est un peu la chair des mots, ce qui vibre, c’est l’émotion du mot…
J’aborde vraiment ça de manière globale…

La scène, c’est comment ?

La scène !? C’est un moment vraiment particulier et magique, c’est un partage qui va droit à l’essentiel… Un peu comme une traversée des apparences…
Et ça commence par soi… Les minutes avant de monter sur scène, j’ai l’impression que je vais en crever de peur… Jusqu’au moment où les premières notes résonnent et là ! Là, quelque chose d’inexprimable se passe… La sensation de disparaître… D’être tout et rien à la fois… Comme si tout était à sa place… Jusqu’à la moindre des personnes présente… Sur scène, on ne peut tromper personne… Ca sonne sincère ou pas, « juste » ou pas et rien d’autre ne pèse dans la balance…
On pourra chercher tout ce qu’on veut dans la musique, la disséquer, la rapprocher de telle ou telle influence, la seule chose qui compte, c’est ce qui sonne là, dans le cœur… Ce qui vient vous chercher dans ce qu’il y a de plus vrai en vous…

Ne pas mentir ni dissimuler votre orientation sexuelle c’est quelque chose qui s’est toujours imposé pour vous ?

Oui. Il se trouve que parmi tout ce que j’ai dû assumer de ce que je suis, cette partie là m’a semblée évidente et naturelle. Alors évidemment, on ne peut pas échapper à certains carcans mentaux, plus culturels qu’autre chose, mais bon… L’idée est de ne jamais baisser la voix et qui sait, peut-être que dans ma trajectoire, ce que je suis amènera une personne à élargir son horizon. La censure commence par soi.

Vous n’avez jamais craint d’être étiquetée ‘chanteuse lesbienne’ ?

Non. Je pourrais craindre ça si je m’étais « construite » autour et à partir d’un univers exclusivement homo. Là, il n’y a qu’à regarder mon parcours artistique pour comprendre que ce que j’ai à exprimer se situe à plusieurs niveaux et dans plusieurs domaines. Une personne doit être considérée comme un ensemble et ne peut être réduite à une ou deux de ses caractéristiques. Après, si cela arrive, eh bien, je suis chanteuse et aussi lesbienne alors ! Si certains préfèrent ne recevoir que ça de moi, ça les regarde !

Vous avez écrit les bandes originales de plusieurs courts-métrages et dernièrement celle du film « Des Illusions » de Étienne Faure ? Comment se passe la création, le travail en équipe ? Quelle est exactement votre marge de liberté ?

J’adore aussi cette partie de mon travail. C’est surtout un gros gros travail de communication qui est passionnant. C’est extrêmement porteur de se sentir faire partie d’un tout, d’un ensemble. Mon travail se situe dans l’écoute et la compréhension de ce que le réalisateur, l’auteur et le metteur en scène ont envie de dire… Il s’agit pour moi de trouver une façon de m’unir à leur langage. Tout est précis, étudié, minuté, relié pour que l’ensemble soit cohérent et aille dans la même direction.
Pour ce qui est de la marge de liberté, j’ai la chance immense de faire ce que je sais faire et on vient me voir pour ça. L’expérience la plus poussée de la liberté se fait souvent dans un cadre.

Que vous a apporté sur le plan humain votre participation à « Notre Combat », aux côtés de la peintre et photographe Linda Ellia ?

Ce que m’a apporté cette expérience est inestimable. Avoir la possibilité à 26 ans de s’exprimer sur des questions aussi fondamentales est un véritable privilège et un profond engagement envers soi. Toujours avec l’idée que tout est relié et pour rebondir sur votre question quant à une éventuelle étiquette de « chanteuse lesbienne »… C’est une question de logique pour moi ! Vous comprendrez que je ne peux pas d’un côté dire « N’oublions jamais d’être humain à chaque instant malgré la peur et le désespoir ! Ne nous endormons pas sur la promesse d’un système bien pensé ! Soyons humain, résolument ! » Et de l’autre, nier, transformer ou cacher une partie de ce que je suis.

Pouvez-vous nous parler de la création de votre pièce de théâtre, « Raconte moi ton premier souvenir » ?

Le théâtre est vraiment un lieu d’expression très riche et j’ai eu envie d’en faire l’expérience en tant qu’auteur et pas seulement en tant que compositeur.
J’ai découvert l’univers du théâtre grâce à Christophe et Stéphane Botti, auteurs et metteurs en scène avec lesquels je travaille régulièrement. Travailler avec eux a été très formateur pour moi car ils m’ont poussé à expérimenter des univers très différents. C’est toujours un réel bonheur que de m’immerger dans leurs projets. Je viens d’ailleurs de finaliser la musique du dernier court métrage de Stéphane Botti « Un peu de soleil dans les yeux ». C’est l’histoire, finalement assez banale, d’un adolescent qui découvre son homosexualité. Mais le regard posé sur l’adolescence et cette traversée des émotions est très poétique.

Peut-on dire de vous que vous êtes une artiste engagée ?

Je ne me définirai pas comme une artiste engagée mais plutôt comme une personne engagée face à la vie.

Quelles sont vos influences musicales ?

Je n’aime pas un genre en particulier mais plutôt la musique de manière générale. Mes influences peuvent donc aller du classique jusqu’au rap en passant par la techno et le rock, pourvu que ces musiques sonnent « justes ».
Je peux quand même dire que je suis une inconditionnelle de Björk et pour le coup, elle a su allier tous les genres existants.

Pouvez-vous nous parler du concours musical auquel vous participez, de la demi-finale au Nouveau Casino ainsi que de la finale à la Cigale ?

Il existe une foule de festivals et tremplins musicaux et en m’inscrivant au Fallenfest, je ne pensais pas avoir un retour ni un accueil aussi professionnel et humain. Ils ont une véritable vocation d’accompagnement.
J’arrive donc, grâce au soutien précieux de tous ceux qui me suivent et aussi surtout à mes musiciens, en finale de ce tremplin. Finale qui m’amène à jouer le 13 juin à La Cigale.
L’enjeu est un enregistrement studio, autrement dit, j’espère vraiment aller jusqu’au bout du bout parce que ce serait un joli passeport vers de plus larges étendues.

Désirez-vous parler d’autre chose ?

Oui, j’aimerai vraiment remercier toutes les personnes qui m’entourent… On n’est pas grand-chose tout seul !! Mes musiciens vraiment exceptionnels et géniaux, Jo.ha.nD qui m’a fait un super site et aussi tout particulièrement Delphine Ragot qui s’occupe de mon visuel et qui m’a permise de réaliser un 4 titres : « Faith ». Fabrication artisanale mais un objet vraiment particulier et beau.

Retrouvez Aube L. sur son Site Officiel

A propos de Isabelle B. Price

Créatrice du site et Rédactrice en Chef. Née en Auvergne, elle s’est rapidement passionnée pour les séries télévisées. Dès l’enfance elle considérait déjà Bioman comme une série culte. Elle a ensuite regardé avec assiduité Alerte à Malibu et Les Dessous de Palm Beach avant l’arrivée de séries inoubliables telles X-Files, Urgences et Buffy contre les Vampires.

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