Interview de l’actrice Mélanie Lynskey

Mélanie Lynskey

Interview réalisée par Lesley Goldberg le 23 Novembre 2009 pour le site Shewired.com

Les lesbiennes cinéphiles reconnaîtront instantanément Melanie Lynskey pour son premier rôle en tant que Pauline Parker, l’adolescente amoureuse de Kate Winslet dans Heavenly Creatures (Créatures célestes). L’actrice, qui reçut le premier baiser de cinéma de Winslet, poursuivit en interprétant Hilary, la moucharde crispée dans le film culte lesbien de Jamie Babbit, But I’m a Cheerleader et partagera bientôt l’affiche en tant que sœur provinciale de George Clooney dans Up In the Air. Cette néo-zélandaise d’origine a récemment pris le temps de parler à SheWired  de sa plus belle course à l’Oscar, jouer des rôles lesbiens et Heavenly Creatures.

Vous avez travaillé avec quelques réalisateurs fabuleux Sam Mendes (Away We Go), Peter Jackson (Heavenly Creatures), Clint Eastwood (Flags of Our Fathers), Steven Soderberg (The Informant!) et maintenant Jason Reitman (Up in the Air, Juno).  En quoi ces expériences vous ont-elles aidée à bâtir votre carrière ?

Vous apprenez tellement au contact de quelqu’un qui maîtrise son sujet. Chacune de ces expériences a été tellement unique et formidable. C’est difficile à exprimer mais je me sens vraiment chanceuse d’avoir participé à chacune d’elles.

On parle déjà d’un Oscar pour Up in the Air. Que représenterait pour vous le fait de jouer dans le meilleur film de l’année ?

C’est tellement bizarre. C’est si loin du monde dans lequel je vis. Cette année a vraiment été merveilleuse mais en général, je n’ai pas pour habitude de participer à des projets que les gens qualifient d'”oscarisables” ; je n’ai même pas l’impression d’en faire partie ; [rires] ça me paraît étrange. Mais je serais si heureuse pour Jason ; je le trouve tellement talentueux. J’ai découvert l’autre jour qu’il n’a que 31 ans, ce qui est incroyablement intimidant. Mais je serais très heureuse pour lui et toutes les personnes qui se sont impliquées. Je trouve que George est tellement adorable dans le film et Vera Farmiga (sa partenaire) est fantastique, donc j’espère que le public y sera sensible.

Comment était-ce de travailler avec George Clooney ?

C’était charmant. Il s’est montré tellement chaleureux, gentil, bon et attentionné. C’est quelqu’un qui se préoccupe beaucoup du monde qui l’entoure et des gens. J’ai été plutôt surprise de découvrir combien il était courtois et adorable. Je ne sais pas ce que je m’étais imaginé ; je pense que je m’attendais à un playboy ou quelque chose dans le genre [rires]. Mais c’est vraiment un homme charmant.

À l’écran, vous avez eu des partenaires amoureux non négligeables : tout récemment Danny Mc Bride (Up in the Air) et Matt Damon (The Informant!) rien que pour cette année, plus une certaine Kate Winslet ainsi que Leisha Hailey dans The L-Word. Qui embrasse le mieux ?

[Rires.] Je n’ai embrassé aucun d’eux comme il faut ! C’était juste des petits baisers. Je ne sais pas ; je n’ai pas l’impression de les avoir réellement embrassés, donc c’est plutôt difficile de répondre.

Vous avez incarné une lesbienne à quatre reprises — dans Heavenly Creatures, But I’m a Cheerleader, le court-métrage The Nearly Unadventurous Life of Zoe Cadwauler et quelques épisodes deThe L-Word — au cours de votre carrière. Est-ce que ce sont des rôles que vous recherchez particulièrement ?

Ce sont des rôles que j’apprécie. Je pense que je suis attirée par ces scripts parce que je suis toujours intéressée par une histoire qui n’a pas déjà été souvent racontée. Et il n’y a pas suffisamment de films sur les lesbiennes, je pense. Donc c’est toujours intéressant pour moi lorsque je lis un script ; je pense que j’essaie davantage de voir s’il est de qualité ou pas, parce que dans ce cas je me dis « OK, j’aime ça, quelqu’un veut raconter cette histoire. » Donc ça s’explique peut-être de cette façon. Je ne dis pas à mon agent : « Ramène-moi des rôles lesbiens ! » [Rires.]

Comment êtes-vous devenue en quelque sorte la fille à contacter pour jouer des rôles lesbiens ? Est-ce à cause de Heavenly Creatures ?

Oh oui, j’en suis certaine. Je pense que c’est le cas parce que je sais que (L’auteure et réalisatrice) Jamie Babbit —qui a réalisé But I’m a Cheerleader — était une grande fan de Heavenly Creatures et c’est la raison pour laquelle elle m’avait demandé de faire But I’m a Cheerleader.  Ça s’est répété par la suite.

Quel genre de recherches avez-vous effectuées pour jouer Pauline ?

(Les réalisateurs) Peter (Jackson) et Fran (Walsh) avaient fait tellement de recherches et ils nous avaient donné à chacune un énorme dossier d’informations ainsi que tous leurs journaux intimes parce qu’ils avaient été présentés comme preuves à conviction — ils n’ont pas pu tous les obtenir, mais ils ont eu tout ce qui avait été présenté au procès. Et c’est une chose plutôt affolante, de détenir les écrits intimes de quelqu’un. En fait, ils (Jackson et Walsh) se souciaient beaucoup que je lui ressemble donc j’ai regardé des photos et fait tout ce que j’ai pu. J’avais 16 ans et je n’avais encore jamais joué professionnellement avant donc j’étais du genre « Dites m’en le plus possible ! »

Pensez-vous qu’avoir un tel premier rôle et rencontrer autant de succès d’entrée de jeu vous a cataloguée tôt dans votre carrière ?

Je pense qu’en grande partie cela est dû au fait que je n’étais qu’une gamine de lycée, donc j’ai l’impression d’en connaître tellement plus aujourd’hui sur l’industrie du cinéma et comment les gens fonctionnent,  mais à l’époque — j’en parlais avec un ami l’autre jour —  à l’époque je ne savais absolument pas comment me comporter. Kate, elle, savait très bien y faire ; elle gardait toujours à l’esprit : « Dans le film, c’est à ça que je ressemble donc chaque fois que nous faisons une sortie en public, je dois faire extrêmement attention à être jolie, faire ceci ou cela et bien choisir mes tenues. » Elle a engagé un agent et a eu l’intelligence de se montrer sous différentes facettes, alors que moi je n’étais qu’une petite débraillée. Pour le gala de première de notre film, au Festival de Venise, je portais des baskets ! J’étais vraiment à côté. Donc je pense que j’étais dans ce film, jouant ce rôle très particulier et je n’ai rien fait pour contrebalancer la situation. Je n’avais pas d’agent ; j’ignorais tout. Donc je pense que les gens ont dû se dire : « Elle a été choisie juste pour ce film et point barre. » J’ai mis un certain temps pour faire des recoupements et me dire : « OK, si c’est le métier que je veux faire, il faut que je comprenne comment ça marche. » Par la suite, j’ai commencé à travailler dans de nombreux projets divers mais pendant un moment, ça a été difficile pour moi de me libérer de ça.

Vous venez juste de recevoir le Hollywood Spotlight Award au Festival du Film d’Hollywood. Lorsque vous débutiez tout juste dans Heavenly Creatures, est-ce quelque chose que vous auriez pu imaginer accomplir ?

Mon Dieu, non. Quand j’ai fait Heavenly Creatures, j’étais complètement éblouie, rien que d’être dans un film. Je n’avais aucun projet de carrière. Je voulais jouer, mais j’avais toujours pensé que je jouerais des pièces à Wellington. Donc ça surpassait déjà mes rêves les plus fous. Tout ce qui m’est arrivé est d’ores et déjà plus grand que ce que j’avais imaginé qui pourrait m’arriver.

Qu’y a-t-il de prévu après Up in the Air ?

Je ne sais pas. Je me trouve dans cette position délicate où j’ai fait tout ce qui me plaisait cette année donc je voudrais faire autre chose qui me plaise mais ça se fait plutôt rare en ce moment. Donc je vais attendre quelque chose de qualité.

Vous avez une légion fidèle de fans lesbiennes. Que représente pour vous le soutien de cette communauté ?

Je suis très très honorée que vous disiez ça. J’ai tellement d’ami(e)s qui sont gays et je trouve merveilleux que les gens m’apprécient et j’espère avoir l’occasion d’interpréter d’autres rôles qui leur parleront. Je trouve que c’est fantastique.

Up in the Air sortira en France le 10 février 2010.

Traduction Magali Pumpkin

Interview Originale sur le Site Shewired.com

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