Montmartre fin de siècle un repaire de lesbiennes

En 2006, Nicole G. Albert faisait paraître un excellent article consultable en ligne sur les lieux de plaisir lesbien à Paris à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Elle s’appuyait sur une connaissance approfondie du sujet, obtenue après un doctorat de littérature comparée à la Sorbonne sur le sujet Saphisme et Décadence dans l’art et la littérature en Europe à la fin du XIXe siècle soutenu en 1998 et publié sous une forme remaniée en 2005 aux éditions La Martinière sous le titre Saphisme et Décadence dans Paris fin-de-siècle.

Montmartre Repaire de Lesbienns

Cet article très riche essayait de dresser la carte des lieux lesbiens connus de la capitale. Il montrait une assez forte concentration autour de la butte Montmartre à l’époque de Toulouse-Lautrec. À Montmartre, on découvre une autre géographie lesbienne, loin des cercles chics et fermés des Américaines à Paris qui se retrouvent dans leurs hôtels particuliers du faubourg Saint-Germain. À Montmartre, les lesbiennes sont populaires et les plus notoires sont des figures de la prostitution (on est tout proche de la place Pigalle), du music-hall et du cabaret.

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Les égéries lesbiennes ou bisexuelles de cet épicentre du Paris lesbien sont Jane Avril, Ève Lavallière, Émilienne d’Alençon (qui eut une liaison avec Renée Vivien), mais aussi Nini-Patte-en-l’Air et La Goulue (pseudonyme de Louise Weber) : la plupart ont inspiré Toulouse-Lautrec. Voici la Goulue entrant au Moulin Rouge en 1892, entourée de deux amies.

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Voilà Émilienne d’Alençon en monocle fumant la cigarette. Cette femme fut l’amante de La Goulue et se produisait aux Folies-Bergères.

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Quant à Jane Avril, elle eut une longue relation avec May Egan (dite May Belfort), une chanteuse irlandaise qui se produisait à Paris et avec laquelle elle partageait un appartement à Montmartre. Rien d’ostensible, mais rien de caché non plus.

Toulouse-Lautrec est très inspiré par ces femmes et par les lesbiennes en général dont il renouvelle la représentation. Il ne s’agit pas ici d’une représentation destinée à émoustiller des hommes, mais d’une représentation qui montre des femmes entre elles n’ayant besoin de personne. Voici le Sofa, une toile de 1895.

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