Loving Annabelle : Interview d’Erin Kelly, l’interprète d’Annabelle

Loving Annabelle : Interview d'Erin Kelly, l'interprète d'Annabelle

Interview accordée à Dara Nai le 04 Août 2008 pour le site Afterellen.com

Il y a six ans de cela, l’actrice Erin Kelly était assise dans le public d’une pièce de théâtre, s’occupant de ses propres affaires quand la réalisatrice Katherine Brooks est venue à sa rencontre et lui a demandé « S’il vous plait, dites-moi que vous êtes une actrice. »

Heureusement pour Brooks, la réponse fut « Oui. » Quatre ans plus tard, Kelly débutait dans son premier film en interprétant une lycéenne catholique passionnée et pleine de sang froid amoureuse de sa professeure féminine de deux fois son âge dans l’histoire d’attraction taboue consumée de Brooks, Loving Annabelle.

Si aimer Annabelle était mauvais, la cohue de fans n’a pas voulu que ce soit juste.

Cet automne, Kelly habite le rôle de la séductrice et malade mentale dans le nouveau film de Brooks, Waking Madison, avec des stars comme Elisabeth Shue, Sarah Roemer (Disturbia, The Grudge 2) et Taryn Manning (Cold Mountain, Hustle & Flow).

Kelly s’est assise récemment avec Afterellen.com pour parler de sa rencontre et de la formation d’une amitié durable avec Brooks, le non-charme de tourner des scènes de sexe, et ce qu’elle aime à propos de sa base de fans lesbiennes.

Katherine Brooks dit que vous êtes sa muse. Combien est-ce que ça paie d’être une muse de nos jours ?

[Rires] Presque pas assez.

Dans Waking Madison, votre troisième projet avec Katherine Brooks, vous interprétez un personnage nommé Grace. Qui est Grace ?

Grace est l’un des patients que Madison rencontre à l’institut psychiatrique. Et Grace est là parce qu’elle est dépendante du sexe et de la drogue ; c’est une personnalité dépendante.

Ca sonne comme si Grace avait quelques problèmes. Cède-t-elle à ses penchants avec quelqu’un du service ?

[Elle] séduit les aides-soignants, mais aucun autre patient.

Est-ce que Grace a des points communs avec les patients d’une autre manière ?

Ouais, avec toutes les filles. Dans l’histoire il y a une pièce commune ou nous nous retrouvons tous et développons des relations les uns avec les autres. Il y a le tyran, Margaret, jouée par Taryn Manning et Imogen Poots dans le rôle d’Alexis, la fille blessée tourmentée par Margaret. Et je suis le personnage qui se situe entre les deux.

Au début vous deviez jouer la fille blessée, Alexis.

Exact. Je devais. Mais j’ai fini avec Grace, ce qui, à la fin, a fonctionné. J’ai pensé que le rôle de Grace serait beaucoup plus intéressant pour moi en tant qu’actrice.

Votre rôle a été changé parce que, selon Katherine, vous êtes tellement douée pour jouer « des séductrices focalisées et immorales. » Vous êtes d’accord ?

{Sarcastique] Oh non. Je n’ai jamais eu aucune expérience de ce genre. [Rires] Non, tout est tiré de mon imagination.

Oh vraiment ?

[Rires] Non, rien.

Allez.

[Rires] Je ne suis pas amusante.

Je n’y crois pas. Racontez-moi une histoire.

Eh bien, je n’étais pas immorale ou quoi que ce soit comme ça [Longue pause] Ok. Quand j’avais 16 ans, mon père m’a attrapé vendant des « breuvages » sortis du coffre de ma voiture.

Comment avez-vous acheté des « breuvages » à l’âge de 16 ans ?

Je me tenais à l’extérieur du magasin et j’étais capable d’une manière ou d’une autre de convaincre les gars du lycée d’en acheter pour moi.

Il semble que la « séductrice focalisée » en vous soit en fait un entrepreneur en herbe. Qu’est-ce qui est mal à ce sujet ? Vous avez fait preuve d’initiative.

Mon père l’a aussi pensé bien qu’il ait également été en colère contre moi. Lui et mon parrain en ont aussi rit. Mais personne ne devrait jamais faire ça. Ce n’est pas quelque chose dont il faut être fier.

Est-ce que Grace séduit pour s’amuser et pour le profit aussi ?

Elle utilise le sexe comme une forme de manipulation pour obtenir ce qu’elle veut. Mais c’est également son point faible. C’est confortable. Elle peut masquer sa vulnérabilité et tous ses problèmes intérieurs par le sexe.

A quoi ça ressemble de créer une scène de sexe très intense ?

Eh bien, c’est vraiment sans charme ; il y a toute une équipe présente. Je veux dire, j’en ai plaisanté avant [quand] Katherine a fait partir tous les hommes du plateau, j’ai dit «  Katherine, les gens qui ne sont pas des hommes sur ce plateau sont tous gays, donc c’est la même chose. »

Vous devez prendre garde à ces contremaîtres lesbiennes.

[Rires] Et ensuite, en plus de cela, vous avez le maquilleur et le coiffeur qui viennent alors que vous êtes allongés sur quelqu’un et une personne arrange vos jambes et vous ne pouvez pas bouger et Katherine vous crie « Enlève-lui son soutien-gorge, Erin ! »

C’est bon d’être la réalisatrice. Elle a dit qu’elle vous avez appris à dégrafer un soutien-gorge d’une seule main ce qui est censé parce qu’Annabelle aurait su comment faire ça.

Oh ouais. Définitivement.

Est-ce que vous pouvez toujours le faire ?

[Rires] je n’ai pas essayé depuis un moment.

Katherine a mentionné que si elle pouvait, elle tournerait une nouvelle fin pour Annabelle. Quelle fin aimeriez-vous voir ?

[Rires] Annabelle sautant du toit de l’école.

[Rires] Avec un faucon sur son épaule.

Hurlant « Simone, je t’aime ! »

Et ensuite, mourrant.

Ouais, bien sûr !

OK. Quelle fin existante préférez-vous ?

Je n’aime pas la fin alternative parce que ce n’est pas la vraie vie. Et je sais que nous utilisons parfois les films pour nous évader et nous voulons voir une fin heureuse mais j’aime le choc des valeurs dans le fait de ne pas avoir la fin heureuse. J’aime que ça colle à la réalité de la vie, comme le public, vous partez en pensant « Aww. Non ! »

Vous connaissez Katherine depuis des années maintenant. Quand elle vous a approché à cette pièce de théâtre avec « S’il vous plait, dites-moi que vous êtes une actrice. » est-ce que vous avez immédiatement pensé « Qui diable êtes-vous et quelle est donc cette réplique ? »

Non, parce que je venais juste d’emménager à L.A. Je n’étais pas blasée. Pas comme maintenant. [Rires] Donc j’ai écouté cette femme étrange qui est venue vers moi et m’a dit qu’elle allait faire ma carrière.

Parce que ça n’arrive jamais ici, à L.A., n’est-ce pas ?

[Rires] et ils veulent juste coucher avec vous. Mais Katherine ne voulait pas. Donc ensuite, j’étais simplement très excitée.

La première fois que vous avez travaillé avec elle c’était sur son court métrage, Finding Kate, à propos de deux cousines qui ont une liaison l’une avec l’autre.

Oui, j’ai auditionné pour ce court métrage deux semaines après l’avoir rencontré.

Quel était le problème, étaient-elles cousines au premier degré ?

Oui.

Vous venez juste de l’inventer.

[Rires] Ouais.

Mais elles étaient cousines. C’était un choix courageux pour votre premier rôle avec une réalisatrice que vous veniez juste de rencontrer. Pourquoi aimez-vous travailler avec Katherine ?

C’est une réalisatrice qui comprend les acteurs et sait comment leur parler. Maintenant nous sommes également amies et nous pouvons nous parler à ce niveau. C’est génial de travailler avec des gens que vous aimez.

Comment le fait de participer à Loving Annabelle a affecté votre vie et votre carrière ?

Eh bien, en premier, c’est un honneur d’avoir une telle base de fans lesbiennes. Les femmes sont fortes… elles ont beaucoup plus de pouvoir que la société ne leur dit parfois qu’elles ont. Les femmes sont impressionnantes. Qu’est-ce qui pourrait être mieux que des fans impressionnantes ?

Des fans impressionnantes qui pourraient laver votre voiture.

[Rires] Vraiment, j’ai été surprise par les mails des fans de Loving Annabelle qui arrivaient à la direction. J’ai reçu de nombreux emails flatteurs, mais j’ai également reçu des mails de femmes âgées qui disaient : « grâce à votre film, j’ai finalement réussi à sortir du placard et à dire à ma famille que je suis gay, à le dire à mes amis, et à être fière du fait que je suis gay. Merci pour ça. »

Et ensuite, il y a l’autre côté, ces jeunes filles qui écrivent pour me demander « Comment est-ce que je peux dire à ma famille que je suis gay ? » et « Dois-je dire à mes amis que je suis gay ? » ou « Comment je sais si je suis gay ? » et cette partie est accablante parce que je n’ai pas les réponses à ces questions. Je sais ce que c’est d’être une adolescente et de devoir se battre, donc je peux offrir ça mais d’aussi loin que je répondes à ces questions… Je n’ai pas travaillé sur la bonne voie pour répondre à ces fans maintenant. Peut-être un site ou une série vidéo internet « Demandez à Annabelle » ? J’y réfléchis encore.

Je sens un vlog. L’autre jour vous m’avez dit que vous ne possédiez pas de télévision.

Non, je n’en ai pas.

Que faites-vous pour vous amuser quand tout le monde regarde Project Runway ?

Je vis sur l’eau. J’aime surfer. Je fais aussi de la randonnée et du yoga. Je me suis juste associée avec une compagnie nommée LOL où je passe énormément de temps. Nous allons dans les écoles des quartiers défavorisés, dans les internats et tout autour du monde et nous enseignons l’improvisation et le jeu aux enfants.

Vous faites de l’improvisation ?

Oui. J’ai étudié à la Upright Citizen’s Brigade … j’ai pris mon premier cours il y a deux ans.

Je ne savais pas que vous faisiez de la comédie.

Eh bien, je n’en fais pas donc l’improvisation est définitivement un bon exercice pour moi.

Vous ne pensez pas que vous êtes marrante ?

Je ne sens pas que les autres gens me trouvent amusante. Mais moi je me fais rire.

C’est tout ce qui importe.

Et j’amuse Katherine.

Encore mieux. Vous êtes également membre de la Compagnie de Théâtre Ruskin Group à Santa Monica. Ils font des « Café Plays », qui d’après ce que j’ai entendu dire est une sorte de théâtre rapide. C’est ça ?

Ouais, je suis l’une des créatrices de ce concept. C’et un projet en cours qui se produit le premier dimanche de chaque mois et c’est un grand exercice pour les auteurs, les réalisateurs et les acteurs.

A 9h00 du matin, les auteurs se rencontrent au café et on leur donne deux sujets au hasard. Ensuite ils ont quatre heures et demi pour écrire quelque chose qui se déroule dans le café. A 13h30 ils vont au théâtre et les deux acteurs et le réalisateur sont là (Katherine en a dirigé un avant) et ils ont cinq heures et demi pour mettre la pièce sur pied. Le show se déroule alors le soir de 19h30 à 21h00.

La vie ne vous met pas assez sous pression ? Vous devez sortir pour faire ça ?

[Rires] C’est l’industrie dans laquelle nous sommes.

Avez-vous déjà oublié votre texte parce que vous avez eu une nanoseconde pour répéter ?

Eh bien, oui. La seule fois où j’ai jamais oublié mon texte sur scène c’était durant un Café Play. C’était avec Jake Newton qui interprétait le frère de Cat dans Loving Annabelle. Lui et moi nous sommes regardés (ça n’a pas été très long) mais ça m’a semblé durer une éternité.

A quel genre de personnage qui ne vous a pas encore été proposé voudriez-vous vous attaquer maintenant ?

J’aimerai beaucoup beaucoup beaucoup faire une comédie. Ce serait tellement plus amusant. Mais j’aime le noir, les rôles de paumés.

Comme Grace, l’accro au sexe et à la drogue.

Oui. Un autre rôle qui vient à l’esprit est Cate Banchett dans Notes on a Scandal.

Un autre truc professeur-élève. Je vois un thème avec vous, Erin.

[Rires] Hmmm.

Traduction Isabelle B. Price

Interview Originale sur le Site Afterellen.com

A propos de Isabelle B. Price

Créatrice du site et Rédactrice en Chef. Née en Auvergne, elle s’est rapidement passionnée pour les séries télévisées. Dès l’enfance elle considérait déjà Bioman comme une série culte. Elle a ensuite regardé avec assiduité Alerte à Malibu et Les Dessous de Palm Beach avant l’arrivée de séries inoubliables telles X-Files, Urgences et Buffy contre les Vampires.

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