Univers-L Toute la Culture Lesbienne
Elles partent chacune de leur côté et l’écran se divise en quatre. Elles entrent ensuite en action. Willow exécute un sort de transformation. Mais soudain, Alex qui est de retour, attrape les cristaux en lévitation. Il annule tout d’un simple geste de la main avant que l’irréparable ne soit commis.
ALEX : Willow qu’est-ce que tu fiches ?
WILLOW : Je prouve à RJ que c’est moi qui l’aime le plus.
ALEX : Willow. Chérie. RJ est un garçon.
WILLOW : Merci. J’avais remarqué. C’était pour ça la formule. Ca peut s’arranger sans qu’on l’opère. Allez rends-moi mes cristaux. Alex, il faut que je me dépêche.
Alex pose alors des questions précises à Willow. Il comprend la gravité du problème et désamorce la situation de manière comique comme lui seul sait le faire.
L’homosexualité de Willow a été intégré de manière judicieuse et hilarante à l’histoire. Personne ne parle soudain de guérison quand Willow déclare qu’elle aime un garçon. Au contraire, tout le monde est surpris et chacun lui fait remarquer que ce n’est pas une fille. Parce que Willow aime les filles. Etonnés, ils s’interrogent sur le comportement de la jeune femme.
Lorsque Willow se défend et explique qu’elle aime ce garçon pour ce qu’il est et non pour son apparence, on assiste à un superbe retournement de situation. Les codes habituels sont inversés. Normalement ce genre de propos est tenu par toute personne qui vient de faire son coming-out et justifie sa nouvelle liaison aux yeux des autres. Willow est lesbienne, c’est un garçon mais elle l’aime quand même. Seulement, quand l’opportunité de le transformer en femme se présente, elle n’hésite pas une seconde. Après tout, elle est gay.
Ce type de discours est récurrent dans les films et séries télévisées mettant en scène des personnages homosexuels. Surtout lorsque le gay présente la personne qu’il aime à son entourage. L’ironie veut que Willow n’ait pas fait ce genre de déclaration quand elle a présenté Tara à ses amis. Elle a simplement dit que Tara était sa petite-amie et tout le monde l’a accepté. L’apparition de cette tirade à la fin de la série, alors que chacun a intégré l’homosexualité de Willow depuis trois ans, a quelque chose de jouissif. Et le plus risible réside à mon sens dans le fait que Buffy, Anya et Alex font tout pour essayer de convaincre Willow qu’elle ne peut pas aimer un homme parce qu’elle est lesbienne.
Cet épisode prouve à mon sens que les scénaristes savent rire de ces déclarations inévitables et éculées. En tournant en dérision ce type de discours, les auteurs révèlent qu’ils ont conscience des codes et obligations relatifs à l’introduction de personnages homosexuels dans les séries télévisées et qu’ils les ignorent délibérément. De plus, se moquer de la sorte d’un schéma obligatoire ou, à défaut, incontournable, prouve que Buffy contre les vampires a fait énormément dans la lutte contre les stéréotypes.
La série Buffy contre les Vampires a repoussé de nombreuses limites. Il est intéressant de voir qu’une série télévisée ose se moquer de ce sujet. Il fallait oser faire dire à une lesbienne sous l’effet d’un sort, qu’elle est amoureuse d’un garçon, que ce n’est pas l’apparence qui compte mais le cœur et qu’elle tâchera de se débrouiller avec son pénis. Tout est magistralement inversé et le sourire qui illumine le visage de Willow quand Anya déclare qu’elle n’a qu’à le changer en fille grâce à la magie vaut tout l’or du monde.
Et, le plus incroyable, c’est que dès le début de l’épisode, Alex déclare que l’envoûtement provient du blouson mais personne ne le croit. Tout le monde se moque de lui.
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