Vice Versa – Interview de Fanny Mertz

Vice Versa de Fanny Mertz

Interview accordée à Isabelle B. Price le 02 Février 2009 pour le site internet Univers-L.com

Pourquoi avoir voulu écrire ce roman ? Comment l’idée de départ est-elle née ?

Ma toute première idée ne m’a que très peu servi !
J’avais imaginé un scénario où l’une des protagonistes chercherait à reconquérir son-ex en se faisant passer pour une autre sur internet.
Au final, et c’est souvent comme cela quand j’écris, ce que j’avais conçu comme fil conducteur du roman, devient un détail !

Proposer une histoire d’amour qui débute sur une rupture, c’est plutôt original, non ?

Je voulais que cette histoire soit une reconquête, il fallait donc qu’elles commencent par se perdre, avant de se retrouver.
Finalement, cela m’a ouvert bien d’autres pistes…

Comment l’idée de faire parler les deux personnages à la première personne vous est-elle venue ?

Écrire à la première personne, c’est ce qui m’est le plus facile. Ainsi, j’entre dans la peau de mes personnages sans effort.
Comme je n’ai pas réussi à choisir entre Fred et Lou, j’ai écrit pour les deux.
Et pour rompre ce rythme binaire qui était un peu lassant, j’ai intercalé de courts chapitres à la troisième personne, qui dévoilent un peu du passé de chacun.

Vous avez énormément fouillé la psychologie de Lou et de Frédérique. Comment vous y êtes-vous prise ?

La schizophrénie est une maladie dont souffrent sûrement beaucoup d’auteurs…
Lorsque je crée des personnages, assez rapidement ils prennent corps et existent dans ma tête. Ils parlent et vivent, parfois ils ne sont pas d’accord avec le sort que je leur réserve et décident de faire autre chose. Ils sont indépendants.
Moi je n’ai qu’à leur être fidèle et à transcrire ce qu’ils sont, en dehors de toute analyse.

Pour vous, Vice Versa est plus un livre sur la quête de soi ou une histoire d’amour ?

Cela devait être une histoire d’amour, mais bien vite ça s’est transformé en quête de soi.
Après tout c’est logique, pour aimer l’autre il faut commencer par s’aimer soi-même. Parce qu’aimer, c’est avant tout donner…
Et tant qu’on n’est pas en paix avec soi, on n’a que du stress à partager !

La question des craintes de Lou, de son incapacité à assumer sa relation avec une femme, vous semblait-elle importante à traiter ?

Oui, autant que les problèmes de Fred avec sa famille, c’est la trame de ce livre.
Lou ne peut plus aimer Fred « en cachette », son amour est trop grand pour ça.
Mais comme elle n’a pas le courage d’assumer, elle choisit de la quitter, en utilisant leurs différences comme un prétexte.

Le coming-out à la mère ne se déroule pas vraiment comme ceux que l’on a l’habitude de voir, vous avez toujours voulu cette acceptation totale ?

Mon coming-out personnel, s’est passé un peu comme celui de Fred.
Ce fut, comment dire, un moment qu’on préférerait pouvoir effacer. Comme je ne peux pas, je compense en rêvant au coming-out parfait, celui fait à des parents réceptifs et aimants !
Alors oui, l’acceptation totale est sûrement un fantasme puissant chez moi !

Que pensez-vous des catégories ? Selon vous, Lou est-elle bisexuelle ou homosexuelle ?

Je déteste les catégories. Résumer quelqu’un à ses préférences en matière de sexe me semble de peu d’importance et du dernier mauvais goût. À ce compte-là, on pourrait faire des classes avec « ceux qui préfèrent être en dessous », « ceux qui préfèrent être dans le noir », etc…
Pourtant, c’est une manie humaine et sur d’autres sujets, je m’y adonne comme tout le monde ! Tout classifier nous aide à comprendre, c’est plus facile de savoir à « qui » on a affaire s’il y a une étiquette dessus…
Mais pour être juste il faudrait faire autant de cases que de personnes, il y a mille « façons » d’être homo, et autant d’être bi ou hétéro.

Le personnage de Frédérique est celui qui change le plus radicalement de vie. Cela ne vous a jamais paru excessif ?

Fred est un personnage excessif.
La chirurgie est pour elle un choix par défaut, peut-être une façon de se faire aimer de sa mère, malgré tout…
En tout cas une place à laquelle il est socialement délicat de renoncer. On ne quitte pas volontairement une situation brillante pour un poste « inférieur ».
C’est pourtant ce qu’elle fera, et la douleur de sa rupture va l’y aider.
On constate souvent que c’est dans les moments difficiles, lors de deuil, de maladies ou de divorce que les gens prennent les résolutions les plus profondes et les plus « vraies » !

Les hommes semblent ternes et inintéressants dans votre roman par rapport à vos deux héroïnes, c’était souhaité ?

Pas du tout. Et je m’en excuse auprès des garçons !
Personnellement, je me suis assez attaché à André, le médecin. Au départ je n’avais pas envisagé plus de quelques dialogues et finalement il a tenu un rôle assez important.

Qu’aimeriez-vous que les gens retiennent de Vice Versa ?

J’aimerais juste qu’ils gardent le souvenir d’un bon moment, d’avoir ri ou d’avoir été ému.
Moi, c’est ce que je demande à un livre.

Vous écrivez depuis longtemps ?

Je me suis mise à scribouiller suite à mon « changement » de sexualité, il y a quelques années !
Ayant été une littéraire contrariée dans mon enfance, j’ai décidé de laisser s’épanouir mon côté « écrivain » refoulé.
Ce qui, après avoir libéré mon homosexualité, était la moindre des choses !

Des projets en cours ?

Tout d’abord, trouver un éditeur pour mon nouveau roman, car malheureusement les éditions de La Cerisaie n’existent plus !
Puis, me mettre sérieusement à l’écriture de celui que je viens de commencer, dans un genre très différent puisqu’il sera en partie historique…
Et pour finir, m’occuper de mon nouveau blog, ce qui n’en a pas l’air, mais prend un temps fou quand on n’y connait rien…

A propos de Isabelle B. Price

Créatrice du site et Rédactrice en Chef. Née en Auvergne, elle s’est rapidement passionnée pour les séries télévisées. Dès l’enfance elle considérait déjà Bioman comme une série culte. Elle a ensuite regardé avec assiduité Alerte à Malibu et Les Dessous de Palm Beach avant l’arrivée de séries inoubliables telles X-Files, Urgences et Buffy contre les Vampires.

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