Les Chroniques de Wôrjan : Interview de l’auteure Muriel B. Intem

Les Chroniques de Wôrjan : Interview de l'auteure Muriel B. Intem

Interview accordée à Isabelle B. Price le 18 Juin 2012 pour le site Univers-L.com

Pouvez-vous vous présenter pour nos lectrices ? Vous écrivez depuis de nombreuses années déjà, non ?

Et bien, tout d’abord, j’ai quarante-deux ans, je suis conseillère à l’emploi, mais j’ai toujours eu une vie artistique presque aussi développée que ma vie professionnelle.
La musique d’abord puisque j’ai fait du Gospel amateur et professionnel durant de nombreuses années – chanteuse et professeur de technique vocale – en tant que professionnelle et amateur ; Et bien sur l’écriture, depuis que je sais tenir une plume. La poésie a été mon premier amour, puis j’ai écrit de nombreuses nouvelles et pour finir je me suis mise au roman. Celui-ci est le premier que j’ai le plaisir de publier.

Vous avez été primée à seize ans pour un poème me semble-t-il et une de vos nouvelles a été éditée par la Dixième Muse. Pourtant Les Chroniques de Wôrjan est votre premier roman édité en tant que tel. Qu’est-ce qui vous a poussée à l’écriture de ce dernier ? Et quel mode d’expression préférez-vous ?

On m’a reconnu en effet un certain talent pour l’écriture et je pense que le fait d’être passionnée de littérature joue beaucoup. Je crois avoir lu de tout genre de livres mais ma préférence reste à la poésie avec Baudelaire par exemple ou à l’Héroïc Fantasy ou la Science Fiction pure, avec Marion Zimmer Bradley, Anne Mc Caffrey, Terry Goodkind mais aussi Kim Stanley Robinson ou encore Dan Simmons et Franck Herbert.
J’aime également l’érotisme bien sûr mais toujours dans un contexte de roman comme on peut en voir dans certains, sans qu’ils soient d’ailleurs étiquetés « érotiques » et qui touchent au monde des vampires comme ceux de Laurell K. Hamilton avec Anita Blake ou même préhistorique comme dans Les enfants de la terre de Jean M. Auel.

Pour ce qui est de mon roman, il s’est trouvé que récemment, une maison d’édition, Artalys, a découvert mon Blog et les nouvelles qui mettaient en scène mon héroïne Maelya. Mon éditeur m’a proposé un contrat pour une trilogie et demandé de faire des nouvelles déjà existantes, un roman.

Comment vous est venue l’idée de ce livre ? Qu’est-ce qui vous a inspiré ?

Comme je vous l’ai dit, il s’agissait au départ de nouvelles. L’idée est venue simplement d’une envie de me plonger dans un univers que j’apprécie, la fantasy et surtout Héroïc Fantasy. J’aime ce côté de la Fantasy tout droit issu des histoires de chevaliers, d’elfes et autres mondes un peu médiévaux et fantastiques comme les légendes Arthuriennes.
De plus j’écrivais déjà sur des forums RP – Role Play ou Jeu de Rôle – où on construit, écrit et vie la vie de personnages qui nous sont propres. Mon héroïne fétiche s’appelait déjà Maelya même si elle s’adaptait, dans ce contexte, à l’univers du forum sur lequel j’écrivais.

Le côté érotique vient du fait que je n’aime pas m’arrêter à la porte d’une chambre quand une idylle se crée entre deux héros. J’aime les histoires d’amour et je n’aime pas les tabous souvent liés au côté sexuel. Toutefois, en littérature, j’apprécie que ce genre de scène ne soit pas vulgaire ou crue. Peut-être mon côté poétique et romantique. Évidemment, pour que mon héroïne soit libre de vivre ce qu’elle souhaite, son monde devait être entièrement libre et sans tabou.

Les Chroniques de Wôrjan est un roman de fantasy érotique. L’idée de réunir ces deux sujets est finalement peu courante. C’était quelque chose que vous rêviez de faire depuis longtemps ?

Je ne sais pas si je rêvais vraiment consciemment de réunir ces deux genres, mais cela me paraissait plutôt naturel. Je n’ai pas réfléchi vraiment au fait de mêler ou non les deux styles. Pour moi, quelque soit le contexte, une histoire d’amour ou de désir peut aller jusqu’au bout sans que ce soit illogique. Nier l’existence du sexe ou du désir dans tout ce que cela entend, dans une vie et dans une histoire d’amour, me paraît presque hypocrite. Écrire de la Fantasy, puisque j’aime cet univers, était donc aussi évident que d’aller jusqu’au bout de scènes d’amour.

Votre héroïne est confrontée à des épreuves très difficiles et connaît en même temps des moments de joie intense. C’était important pour vous d’aborder à la fois le malheur du deuil et le bonheur d’aimer ?

La vie n’est elle pas comme cela ? Je suis pour ma part une passionnée et ce qui fait la vie sont ses émotions, les sentiments, les rencontres. Le fait que nous soyons humains nous fait forcément passer par des étapes de joies et de malheurs. Bien sur, tout ceci est vécu intensément quand on a le statut et la passion de mon héroïne. Mais au fond, je pense que je n’ai fait que la nourrir de mes propres émotions en les exacerbant plus ou moins selon ce qu’elle vit.

Au début du livre nous découvrons Eileen et à la fin nous laissons Maelya. Pourquoi ce changement de nom de l’héroïne ? Une métaphore du papillon qui sort de sa chrysalide ?

En quelque sorte. Eileen pour évoluer vraiment a besoin de laisser derrière elle cette part d’elle même qui pourrait la détourner de ce qu’elle doit devenir. C’est aussi une manière de définir un passage de l’adolescence à l’âge adulte. Elle n’est plus la jeune adolescente insouciante et innocente qu’elle a été. Elle a muri, grandi, a fini son apprentissage et même si elle va apprendre encore plus avec les années, cette étape est nécessaire.

Qu’est-ce qui a été le plus difficile à écrire ? Les passages de batailles ou les scènes d’amour ?

Les unes comme les autres n’ont pas a proprement parlé été difficiles à écrire. Le plus dur en fait est de savoir où l’on va. Le choix de la construction du sujet, la mise en place des idées et la première et la dernière phrase de l’action sont les plus ardues. Entre les deux en général, tout coule facilement.

Votre héroïne est bisexuelle et la bisexualité semble être totalement naturelle dans le monde que vous avez créé. Pourquoi ce choix ?

Alors, si j’avais eu le choix, mon héroïne était, comme moi, purement homosexuelle. Aimant les femmes, cela était plus naturel pour moi. C’est sur le conseil de mon éditeur que j’ai élargit les horizons de ma Maelya afin de toucher un public plus large.
Cela dit, le contexte d’un monde très libre à ce niveau me paraît l’idéal d’un monde où le sexe n’est pas tabou. Le choix devrait être donné à tout le monde d’aimer comme il l’entend quelque soit le sexe. Après tout on tombe d’abord amoureux ou amoureuse d’une personnalité avant tout. L’appartenance à un genre devrait être secondaire même si la nature nous entraine souvent plus vers l’un ou l’autre… ou les deux à la fois.

La fin du roman nous laisse sur notre fin. Est-ce qu’une suite est prévue parce que ça s’impose un peu là, non ?

En effet ! J’ai signé pour une trilogie et donc il y en aura deux autres à suivre. Je travaille d’ailleurs déjà sur la trame du second Tome. J’espère que les quelques faiblesses de ce premier roman disparaitront entièrement du second. Mais puisqu’il sera construit comme un véritable roman et non la réunion de nouvelles, je le pense. Comme tout premier roman, celui-ci n’est pas parfait mais l’essentiel y est et les chroniques et critiques que j’ai reçues – heureusement en grande majorité très positives – vont beaucoup me servir. J’aurai également un peu plus de temps que pour le premier pour y mettre l’épaisseur que je souhaite.

Cela fait plusieurs mois que votre roman est sorti en librairie. Quel a été l’accueil du public jusqu’à présent ?

Plutôt bon si l’on considère que les Editions Artalys n’ont pas de réseau de distribution. Mon éditeur doit beaucoup démarcher pour que j’aie un visuel en librairie et face aux auteurs connus, c’est difficile de se faire une place. Pour le moment, donc, il est surtout vendu en ligne sur internet en livre papier et E-book. Aux dernières nouvelles, Serge Papillon, mon éditeur, essayait de faire référencer le roman papier à la Fnac (ce qui est le cas de l’E-book déjà). Si c’est accepté, il devra, par la suite, démarcher chaque Fnac pour qu’il soit mis en rayon. Les petites éditions doivent malheureusement se battre beaucoup plus que les grandes pour être reconnues. J’ai conscience que le but premier est actuellement de me faire connaître pour que mon roman et les suivants puissent mieux se vendre ensuite.

Sur quoi travaillez-vous en ce moment ? Sur la suite ? Sur un autre roman ?

Sur la suite donc. J’en suis à la trame uniquement et je pense que les lecteurs ne seront pas déçus. J’essaierai d’équilibrer au mieux la fantasy et l’érotisme mais surtout, de donner plus encore corps à ce monde Wôrjan. Notamment, il y aura quelques épisodes où l’océan aura sa place et nous découvrirons un peu le passé de cet univers qui possède une histoire elfique profonde et quelques îles encore inconnues. Certains personnages vont disparaître et d’autres faire leur chemin au côté ou contre Maelya. Cela sera surement épique, romantique et sensuel.

Que pouvons-nous vous souhaiter pour l’avenir ?

Que mon livre et son univers plaisent et que mes lecteurs soient nombreux à avoir envie de lire la suite. Pour ma part, même si c’est encore un rêve lointain, j’aimerais un jour pouvoir ne vivre que de l’écriture.

Muriel B. Intem sera au salon du livre lesbien de Paris le 07 juillet 2012 de 14h à 18h au Centre LGBT Paris-IDF.

Muriel B. Intem

A propos de Isabelle B. Price

Créatrice du site et Rédactrice en Chef. Née en Auvergne, elle s’est rapidement passionnée pour les séries télévisées. Dès l’enfance elle considérait déjà Bioman comme une série culte. Elle a ensuite regardé avec assiduité Alerte à Malibu et Les Dessous de Palm Beach avant l’arrivée de séries inoubliables telles X-Files, Urgences et Buffy contre les Vampires.

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