Une série décevante bourrée de clichés

Article lié à la série Cashmere Mafia

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Lorsque la chaîne américaine ABC a commencé à faire la publicité de sa nouvelle série au mois de Décembre 2007, tout le monde a songé avec passion à Sex & The City et s’est dit que le show allait être à découvrir. Lors de la diffusion du pilote, l’audience honorable de 10 720 000 fut passablement déçue et ne cessa de dégringoler au fil des semaines pour atteindre 4 780 000 lors de l’épisode final numéro 7.

Les critiques en demi-teinte voir carrément assassines ont été légion et les téléspectateurs ont rapidement désertés à tel point que chacun affirme que la série ne sera pas reconduite pour une seconde saison.

Même si je concède que je n’ai regardé la série que pour le personnage de Caitlin et son aventure lesbienne, le fait est que les autres héroïnes ont attiré mon attention. Entre la perfection de Zoe rapidement devenue horripilante. Eric, le mari qui joue les potiches comme Léo dans Charmed contrebalancé par Davis, le crétin fini et manipulateur. Les guéguerres d’appartement et de pouvoir… j’ai rapidement était lassée alors que j’adore les actrices telles Lucy Liu, Miranda Otto et Frances O’Connor. J’ai aimé me dire que si Peter Hermann restait un personnage régulier, sa femme, Mariska Hargitay viendrait peut-être lui rendre visite et interpréterait, pourquoi pas, une lesbienne.

J’ai adoré le charme et l’humour dont fait parfois preuve le personnage de Mia, sublime Lucy Liu qui irradie par sa fraîcheur et son jeu tout simplement parfait. J’ai aimé voir la façade de glace de Juliet se craqueler au contact de sa fille et des souffrances de cette dernière. J’ai adoré la manière dont Zoe règle finalement le problème de cette mère de famille qui s’entiche de son mari et de ses enfants alors qu’elle a été pour le moins absente et trop réservé au départ. Et pourtant, il manque à chaque épisode ce petit quelque chose qui permet de réellement oublier le quotidien pour se laisser emporter par l’histoire. Il manque cette autodérision chère à Sex & The City, cette liberté de paroles et ces hommes objets ou ces histoires d’amour improbables. Il manque ce plus qui fait que l’on rêve de retrouver la série une semaine plus tard.

Je ne vais pas me pencher sur tous les défauts de la série et simplement me concentrer sur l’histoire Caitlin/Alicia qui fut a elle seule un véritable naufrage.

Et pourtant il y a l’adorable et incroyable Bonnie Somerville. Si j’appréciais déjà le travail de l’actrice, là, j’avoue être littéralement tombée sous le charme. Elle joue le personnage à la perfection, apportant dérision, humour et sensibilité quand il le faut, parvenant à faire partager ses insécurités d’un regard, se protégeant derrière des blagues anodines… Elle est parfaite et lumineuse mais le personnage est… déprimant et terriblement décevant, surtout à la fin.

Lorsque le premier épisode débute, le spectateur comprend tout de suite que Caitlin est une femme forte à la répartie cinglante. Son petit-ami la largue au milieu de leur dîner et elle le quitte en lui laissant payer l’addition « pour une fois ». Et puis elle continue lors du repas en disant les choses sous le couvert de l’humour après avoir appris le futur mariage de son amie Mia.

Et puis intervient cette première rencontre avec Alicia Lawson. Caitlin s’est endormie sur le canapé de son bureau, après une nuit passée à tenir une conférence avec ses collaborateurs de Tokyo et elle est réveillée trois minutes avant son interview par son assistante. Lorsque Alicia entre, Caitlin s’approche pour lui serrer la main, heurte la pile d’objets qui s’amoncelle sur son bureau et envoie tout à terre. Elle se penche pour ramasser les affaires et sa tête cogne celle d’Alicia. Cette dernière sourit largement en déclarant que « d’habitude c’est elle » et lorsque Caitlin se relève et la regarde, il y a ce regard et cette petite musique qui signifie une attirance soudaine. Elle l’observe et semble la première surprise par ce qu’elle ressent. Elle finit par retrouver ses moyens et l’invite à s’assoire.

Et que ferait n’importe quelle femme dans cette situation ? Elle irait se confesser en répétant devant les marches de l’Eglise : « Pardonnez-moi mon Père parce que j’ai pêché. Ca fait tellement longtemps que je ne me suis pas confessée. Voilà mes pêchés. Heu… Je pense que je pourrai être gay. Je ne sais pas si je suis gay. Oh Mon Dieu ! » et elle se précipite à l’intérieur du bâtiment.

Un peu trop rapide pour un simple regard échangé suite à une forte attirance. Je sais. Mais le Père en question est son frère qui après l’avoir écouté lui explique qu’elle « mérite d’être aimée pour qui elle est ». Après une nouvelle blague de Caitlin concernant le fait que le Pape lui retirerait son col s’il l’entendait parler de la sorte, on se dit que finalement la série risque de faire tomber certaines barrières entre Religion et Homosexualité. On a tort. Le frère disparaît aussitôt après cette rencontre et le sujet ne sera plus jamais abordé.

Car plus que tout, Caitlin a besoin d’un soutien amical et elle ne semble pas prête à en parler à ses meilleures amies. Par peur du rejet ? Par culpabilité par rapport à ce qu’elle ressent ? Le fait est qu’elle va voir son frère qu’elle ne voit pas beaucoup pour lui demander conseil et elle lui explique qu’elle ne sait pas si Alicia est lesbienne, si elle est lesbienne mais qu’il y avait cette « vibration » et qu’elles vont simplement aller « boire un verre en tout bien tout honneur ». Son frère rétorque qu’elle sait mieux que personne ce qu’il faut faire à un premier rendez-vous et qu’il n’est pas le mieux placé pour l’aider dans sa situation. Caitlin reconnaît qu’il a raison et il semble alors plus présent pour montrer ce que ressent Caitlin que pour la juger. Il lui permet de dire à voix haute ce qu’elle vit et permet ainsi d’éclairer les téléspectateurs qui n’avaient rien compris du regard échangé quelques minutes plus tôt.

Parce que c’est vrai, il y a eu une vibration, un regard et une musique et on n’avait pas besoin que Caitlin nous explique qu’elle avait vraiment ressenti quelque chose. Ni qu’elle se demande déjà si elle est gay alors qu’elle n’a croisé cette femme que pour une réunion professionnelle. Enfin on pardonne parce que le frère est sympathique mais cette rencontre familiale donne le sentiment que l’histoire entre Caitlin et Alicia ne pourra exister que si elle est perçue par les autres ce que la suite révèlera, malheureusement. Malgré de nombreux moments en tête à tête, la liaison entre Alicia et Caitlin sera toujours confrontée aux autres qui la valideront ou tenteront de la détruire comme si elle ne pouvait pas simplement exister l’une pour l’autre. Indépendamment des hommes puisque ce seront les principaux freins.

Le frère de Caitlin même s’il s’avère un soutien aurait pu être un obstacle à leur relation puisqu’il est prêtre. Et même s’il n’a pas joué ce rôle, il aurait pu l’interpréter plus tard. Sam sera un véritable obstacle. Deux hommes, deux défis à relever pour Caitlin.

Et puis finalement, le soir finit par arriver et Caitlin et Alicia boivent un verre dans un bar bondé. Elles parlent de leur travail, de Lily Parrish et l’atmosphère est détenue et agréable. Soudain le barman arrive et rompt le charme en leur expliquant que les deux hommes à l’autre bout du comptoir leur offrent la prochaine tournée. Alicia et Caitlin les regardent. Ils sont bien habillés et ont tout des trentenaires ayant réussi. Alicia dresse un portrait exact mais peu appétissant et explique à Caitlin que de toute manière elle doit partir. Caitlin observe les deux hommes, consciente qu’en temps normal elle aurait été à leur rencontre mais change d’avis et propose à Alicia de la raccompagner.

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A propos de Isabelle B. Price

Créatrice du site et Rédactrice en Chef. Née en Auvergne, elle s’est rapidement passionnée pour les séries télévisées. Dès l’enfance elle considérait déjà Bioman comme une série culte. Elle a ensuite regardé avec assiduité Alerte à Malibu et Les Dessous de Palm Beach avant l’arrivée de séries inoubliables telles X-Files, Urgences et Buffy contre les Vampires.

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