Ce que soulève la jupe de Christine Bard

Ce que soulève la jupe de Christine Bard

Titre Français : Ce que soulève la jupe. Identités, transgressions, résistances

Titre Original : Ce que soulève la jupe. Identités, transgressions, résistances

Auteur : Christine Bard

Date de Sortie : Mars 2010

Nationalité : Française

Genre : Essai

Nombre de Pages : 170 pages

Éditeur : Éditions Autrement

ISBN : 978-2-7467-1408-3

Ce que soulève la jupe. Identités, transgressions, résistances : Quatrième de Couverture

Alors que la jupe a longtemps été subie et vécue comme l’attribut d’une féminité imposée, elle est aujourd’hui reconquise par les femmes, mais aussi par les hommes.

Symbole des stéréotypes de genre pour les uns, symbole d’une libération nouvelle pour les autres. Le Girl Power, Ni putes ni soumises, le Printemps de la jupe et du respect sont autant de manifestations d’une mutation à l’œuvre : la jupe est-elle forcément le signe de la soumission à l’ordre masculin ? Pour résister à la stigmatisation et au sexisme, pourquoi certaines filles choisissent-elles la jupe, et d’autres le pantalon ? Que penser des pressions diverses pour contrôler, voire réglementer le vêtement à l’école, au travail ou dans l’espace public? Et que dire de la jupe pour homme? Provocation pure et simple, ou désir d’égalité entre les sexes ? Identités, transgressions, résistances…

La jupe est à l’évidence au cœur des débats sur les identités de genre. Vêtus d’un tailleur, d’une mini, d’une jupe punk ou d’un kilt, les enfants et petits-enfants de Mai 68, garçons et filles, qu’ils soient hétéros, homosexuels ou transgenres, réinventent le port de la jupe, pour séduire, provoquer, pour cacher ou pour montrer…

Ce que soulève la jupe. Identités, transgressions, résistances : Avis Personnel

Certes, parler de « ce qui soulève la jupe » dans un site consacré à la visibilité lesbienne peut sembler paradoxal. Dans les clichés qui circulent sur les lesbiennes, le non-port de la jupe n’est pourtant pas si marginal. Ce qu’explique très bien Christine Bard, c’est que les vêtements et leur genre (masculin ou féminin ou neutre) sont des symboles politiques. Le pantalon, longtemps interdit aux femmes (par une ordonnance de police de la préfecture de police de Paris qui n’est toujours pas abrogée), est un symbole du pouvoir depuis la Révolution française et un emblème de la masculinité occidentale associé à l’idée de virilité. La jupe, quant à elle, représente le genre féminin. L’un est un vêtement fermé, l’autre ouvert. Porter une jupe est une expérience qui implique une conscience différente de son corps dans l’espace. Les femmes y ont appris à tenir les genoux serrés, les jambes croisées pour éviter les regards indiscrets et importuns. Pour éviter d’être mises à nu.

Aujourd’hui, les femmes en France ont acquis de haute lutte le droit de se poser futilement la question du choix : « jupe ou pantalon ? » Mais pour l’observatrice et historienne Christine Bard, si la question reste ouverte, le choix semble encore bien fermé dans certains endroits et pour certaines femmes. Par ailleurs, la question du choix vestimentaire entre un vêtement dit masculin et un vêtement dit féminin reste taboue pour les hommes et bien peu sont ceux qui osent revendiquer et porter une jupe.

Voici un livre très bien écrit, contemporain, qui peut parler à toutes et tous avec beaucoup de sensibilité. On y découvre des femmes soumises à l’injonction du port de la jupe qui reste une obligation toujours bien actuelle dans certains milieux professionnels (ou dans certaines occasions) et d’autres qui tentent de s’y soustraire ou de l’adapter depuis le XIXe siècle. Ce sont des silhouettes qui dénotent et qui passent. Mais qui permettent de mieux comprendre les débats autour de la « Journée de la Jupe », de Ni Putes ni soumises, du voile intégral aussi quand il est associé au pantalon. On y découvre aussi des voix masculines revendiquant le droit de pouvoir porter des jupes quand on est un garçon.

Dans cette quête et enquête très personnelle et qui parle à tous, on entend la voix de l’auteur qui raconte ses propres expériences de jupe, mais aussi des chansons qui comme des ritournelles ou des airs de Cold Case marquent l’esprit de nos générations : la chanson de Souchon, celle de Diam’s « dans ma bulle ».

Bref, un petit livre à mettre absolument entre toutes les mains, qui se glisse dans tous les sacs et qui fait partie des premiers ouvrages de la collection « Sexe en tous genres », dirigée par Louis-Georges Tin, dont on espère qu’elle va continuer à produire d’autres ouvrages de la sorte.

Un dernier mot pour vous convaincre ? Est-ce encore la peine ? Il faut écouter et ressentir les mots de Christine Bard, ceux qui terminent son livre par exemple et qui montrent bien que l’histoire n’est pas une matière morte et asphyxiante :

« Voilà tout ce que soulève la jupe ?

Je voudrais aussi que le sens figuré n’écrase pas le sens propre.

Le vent qui rafraîchit les cuisses un soir d’été.

L’appel du désir.

La peau, au contact du monde. »

Ce que soulève la jupe. Identités, transgressions, résistances : Extraits

« En cette époque bouillante de nationalisme et d’orgueil colonial, l’ostentation féminine dénote aussi un certain chauvinisme qui veut que les Françaises soient les arbitres du goût et de l’élégance. Elles ont toujours tout à gagner dans les comparaisons avec les « hommasses » des pays anglo-saxons. La presse féminine – Femina en est bien représentative – vante le modèle de la « jeune fille française » – on l’appellera Françoise – qu’elle oppose par exemple à une créature de papier, Fluffy Ruffles, qui a déjà un grand succès en 1907. L’allure mince, sportive et décidée de cette Américaine qui semble se suffire à elle-même est bien le contraire de ce qu’on souhaite en France.

La réforme du costume permet également à ses adversaires d’exprimer leur horreur du « troisième sexe », des « êtres hybrides », des « gynandres » si souvent associées à la cause de l’émancipation féminine par les antiféministes. Les mots n’existent pas encore pour qualifier cette sorte de phobie : lesbophobie, transphobie, dirions-nous aujourd’hui. » (page 27).=

« L’obligation de féminité est particulièrement discriminante pour les lesbiennes ayant une allure masculine, les butchs, souvent méchamment appelées « camionneuses ». Elles ont vécu l’enfer dans les années 1950, ces années Dior très régressives qui consacrèrent l’ultraféminité. » (page 51)

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