Grey’s Anatomy : interview de l’actrice Sara Ramirez, l’interprète de Callie Torres

Interview liée à la série Grey's Anatomy

Sara Ramirez

Interview accordée à Lesley Goldberg, le 1er octobre 2010 pour le site Afterellen.com

Quand Sara Ramirez ne répare pas des os brisés ou ne fait pas fondre notre cœur en incarnant Callie Torres, docteur ouvertement lesbienne dans Grey’s Anatomy, elle s’emploie à prendre soin de votre foie à travers la Al D. Rodriguez Liver Foundation, une organisation à but non lucratif pour laquelle elle travaille comme administratrice.
Cette fondation fut créée après le décès de son “mari gay” et meilleur ami et rend hommage à son nom et de fait, Sara Ramirez est tout aussi passionnée par les maladies du foie que par les droits des homosexuels. À la veille de l’événement “Broadway Takes the Runway” : une soirée de charité sous le signe de la chanson et de la mode – pendant laquelle l’actrice qui a remporté un Tony Award montera sur scène pour interpréter des chansons – AfterEllen.com s’est entretenu avec Sara Ramirez pour parler de sa philanthropie, des droits des homosexuels et, oui, de ce qui attend le couple lesbien phare des prime times.

Qu’est-ce que ça fait d’être adulée par un nombre incalculable de lesbiennes ?

[Rires.] C’est génial ! Hey, regardez, c’est de l’amour! Peu importe de qui ça vient. Je suis fière de jouer Callie Torres, je suis fière de cette intrigue, j’aime vraiment la communauté LGBT et elle fait partie de ma vie. J’ai grandi à New York, ce sont mes amis et ma famille et je les aime en retour.

D’où vient votre soutien pour les droits des homosexuels ?

J’ai emménagé à New York quand j’avais 17 ans. J’ai fait ma découverte du monde du théâtre à San Diego – je suis allée dans une école d’art de la 6ème à la Terminale – et avec la population d’artistes qui m’entourait, j’avais beaucoup d’amis gay. En grandissant, j’ai eu beaucoup d’homos autour de moi. Ce n’était pas un secret et pas quelque chose dont qui que ce soit avait vraiment honte. Quand j’étais avec eux, on ne m’a pas présenté ça comme quelque chose de coupable, bizarre ou honteux et j’en suis très reconnaissante. Je suis allée à Juilliard et j’étais entourée d’artistes.

Ensuite j’ai eu mon diplôme et j’ai rapidement intégré l’univers du théâtre, j’ai rencontré Al (Rodriguez), qui est immédiatement devenu mon meilleur ami. Ça a toujours fait partie de ma vie. C’est le monde dans lequel je vis, c’est le monde que je connais et que j’aime. C’est tout ce que j’ai toujours côtoyé et connu. Pour moi, parce que j’ai eu ce mode de vie, c’est toujours intéressant de rencontrer des gens qui ont connu tout l’inverse, et qui n’ont jamais côtoyé ça ou pour qui c’est totalement étranger. Quel que soit ce que ressentent les gens, je trouve toujours ça vraiment intéressant.

J’espère qu’avec cette intrigue, et avec le chemin parcouru par Callie et la relation avec Arizona, on peut juste balayer les préjugés et montrer : « Voici le monde dans lequel on vit. » Ici, nous abordons plusieurs chemins de vie intéressants. Arizona est un personnage qui a toujours su qu’elle était lesbienne; Callie est toujours sortie et est toujours tombée amoureuse d’hommes et maintenant, elle prend conscience qu’elle peut aussi aimer et être avec une femme. Je pense que c’est aussi un parcours intéressant, et pas nécessairement le « Je suis née lesbienne, j’ai toujours su que j’étais lesbienne. » C’est tout aussi important de raconter cette histoire-là.

Que pensez-vous de l’état actuel de la visibilité lesbienne à la télé ?

Je pense que ça s’améliore. Je déteste avoir à le dire, mais malheureusement, de nos jours à Hollywood, quand quelque chose devient tendance, soudainement, vous commencez à en voir fleurir partout. J’ai l’impression que ça fleurit partout de plus en plus. On a eu The L-Word, évidemment; on a eu beaucoup de programmes à Hollywood qui s’y sont essayés, comme Queer Eye for the Straight Guy. Je me souviens de la période où The Real World passait sur MTV et il y avait un personnage gay.

Si l’on s’en tient aux personnages lesbiens spécifiquement, The L-Word a vraiment été la première série à présenter ça, puis Grey’s Anatomy ensuite et nous avons vu plusieurs séries télé en prime time essayer d’intégrer des personnages lesbiens dans leurs programmes, et même dans leurs pilotes. J’ai l’impression que c’est presque devenu un passage obligé d’une certaine façon. Ça me donne espoir et je suis reconnaissante que les gens commencent à comprendre combien c’est important d’avoir un programme bien diversifié et une distribution qui reflète vraiment le monde dans lequel on vit.

Quand j’ai parlé avec Jessica Capshaw en août, elle a dit voir en Callie et Arizona “le début” d’une nouvelle tendance de couples militants à heures de grande écoute qui s’avèrent être également lesbiennes. Qu’en pensez-vous ?

C’est la vérité. De par mon expérience personnelle, j’étais vraiment enchantée quelques saisons auparavant quand j’ai dit pour la première fois à Shonda Rhimes (la créatrice de Grey’s Anatomy) que si elle comptait emmener un des personnages féminins de la série sur le chemin de l’homosexualité, j’aimerais vraiment que ce soit Callie, et que j’étais totalement partante pour endosser ça. C’est à ce moment-là qu’on a commencé avec le personnage du Dr. Erica Hahn (Brooke Smith). C’est là que tout a commencé.

L’idée même d’amener une relation entre deux femmes en prime time à la télé sans avoir à le commenter est quelque chose qui s’est développé bien des saisons auparavant, quand Brooke Smith était encore dans la série. C’est quelque chose dont je suis très fière. Malheureusement ou heureusement – tout dépend comment vous le voyez – ça a pris le chemin que ça a pris. Mais la bonne nouvelle c’est que les scénaristes et Shonda Rhimes et tout le monde, je pense, j’espère du moins, ont vraiment eu à cœur de ne pas commenter pour laisser juste la relation se dérouler comme toute relation rencontrant des problématiques universelles – dont certaines, pas si universelles, qui ont été traitées avec beaucoup d’humour, par exemple, une femme qui n’a jamais été avec une autre femme et qui veut tellement la satisfaire. Il y a beaucoup de choses qui ont été soulevées il y a plusieurs saisons auparavant et qui ont été présentées de façon à ce qu’on n’ait pas besoin de les commenter, mais tout en ayant en même temps un énorme impact. Pour ça, je suis vraiment reconnaissante à Shonda et aux scénaristes d’avoir fait un réel effort.

C’est vraiment formidable la façon dont les choses ont évolué, et maintenant dans cette relation – la seconde avec une femme pour Callie – on voit vraiment comment deux femmes fortes avec des personnalités très différentes apprennent à naviguer et à négocier au travers de toutes ces choses très banales que l’on traverse dans une relation. C’est drôle de les voir s’attaquer à tout ça et grandir ensemble et grandir en tant qu’individus grâce à ça.

Jusqu’à quel niveau d’engagement politique voudriez-vous voir Grey’s Anatomy aller avec l’intrigue de Callie et d’Arizona – jusqu’à l’égalité pour le mariage ?

Avec tout ce qui passe avec la Proposition 8 et le fait que cette bataille ridicule continue, ce serait tellement fantastique si tout pouvait être plié et que ce ne soit plus un problème, et que dans le même temps, on voit Callie et Arizona passer au niveau supérieur, que ce soit en ayant un enfant ou en se mariant et en officialisant ça. Des trucs de ce genre, je pense que ce serait fantastique.

Dans le même genre, qui dépeint le monde dans lequel on vit, deux de mes amis gay se sont mariés quand c’était encore légal, ici en Californie, juste avant que ça devienne à nouveau un conflit. La joie que j’ai vue sur leurs visages est quelque chose qu’on n’oublie jamais. Ça fait partie du monde dans lequel je vis et je veux voir tout le monde aussi heureux et que tout le monde se sente aussi protégé et égal. Tout le monde le mérite. Je pense que ça serait bien que Grey’s Anatomy emprunte ce chemin, absolument.

Callie Arizona

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