Ils Diront d’Elle de Fanny Brucker

Ils Diront d'Elle : Quatrième de Couverture

Chaque année, Estelle redoute l’approche de Noël et la traditionnelle fête qui réunit sa famille dispersée autour des mêmes plats, des mêmes questions sur la vie de chacun, des mêmes petites réflexions qui blessent ou qui amusent. Estelle trouve toujours de bonnes excuses, de petits mensonges qui lui permettent de ne pas affronter les siens et surtout de continuer à mener sa vie loin des jugements, des conseils et des exemples de ses proches. Il n’est pas simple d’assumer ses choix ou juste d’accepter le regard des autres et longtemps Estelle a préféré de pas avoir à le faire. Elle a quitté sa famille parisienne, très tôt, aimé des femmes avant de s’installer avec l’une d’entre elles, Vanessa, dans une petite ville au bord de l’océan, en Charente-Maritime. Elle vit de petits boulots, serveuse, maraîchère, des occupations saisonnières qui lui laissent du temps pour rêver, lire, nager, ne rien faire.
Mais cette année est différente : pour la première fois, Estelle doute de cette vie, de cet amour, de ses choix. Elle se sent seule, si seule qu’elle n’a pas le courage de fuir encore et de refuser l’invitation de ses proches. Mais comment avouer ses doutes ? Comment les faire partager alors qu’elle a passé sa vie à affirmer qu’elle se sentait libre et heureuse ainsi ? Estelle, en retrouvant sa famille, va découvrir des blessures d’enfant qui n’avaient pas guéri. Elle va aussi apprendre à mieux se connaître et s’accepter.
Un roman très émouvant et tendre sur les choix d’une femme, le poids de l’enfance et l’exemple des parents qui marquent une vie.

Fanny Brucker vit en Charente-Maritime. Après Far-Ouest et J’aimerais tant te retrouver, elle signe là son troisième roman.

Ils Diront d'Elle : Avis Personnel

Ce livre de Fanny Brucker avait attiré mon attention par sa couverture intrigante et son speech au dos. Il y était question de coming out, de famille, d’histoire d’amour à faire partager, de combat à mener face à la population hétéronormée bien pensante… Je ne m’attendais donc pas du tout à cette écriture et à ce rythme, lent et introspectif.

Parce qu’en fait, Estelle, l’héroïne qui fait le marché en ce beau week-end, vient d’avoir un appel de son frère pour venir passer Noël en famille. Mais, loin d’être heureuse, elle va être bouleversée par cette demande au point de s’en servir pour remettre toute sa vie en cause et faire un énorme retour en arrière pour savoir ce qui l’a amenée ici, dans le Sud, dans les bras de Vanessa, à ce marché en particulier. Son présent construit autour de la fin du marché, de son dîner avec Vanessa, de son sac à préparer pour partir et du fameux dîner familial va être entrecoupé de flashbacks dont l’objectif est de nous amener à comprendre la psychologie du personnage pour cerner au mieux sa vie actuelle.

L’introspection c’est bien, mais au bout d’un moment j’ai eu l’impression que l’héroïne faisait du surplace et n’avançait pas. Et pourtant, il y a d’excellents passages où on découvre les parents de Vanessa, où on apprend la difficulté des jobs saisonniers etc… Mais dans l’ensemble j’ai trouvé le personnage d’Ester fade par rapport à Vanessa qui elle avait une vraie couleur malgré son peu de présence. Et j’ai trouvé dommage que la confrontation avec sa famille survienne si tardivement.

Après, tout dépend de la manière dont vous voyez l’homosexualité. Pour ceux qui pensent que c’est le résultat de l’éducation, que les hommes décevants, dragueurs, trompeurs et lâches rendent les femmes craintives et les poussent dans les bras d’autres femmes, je pense que vous aimerez. Pour celles qui veulent des personnages forts prenant leur vie en main malgré leur différence, j’ai peur que vous soyez déçues.

En tout cas c’est bien écrit, maîtrisé du début à la fin et ça donne vraiment envie de découvrir les autres écrits de l’auteure. Je vous laisse seul juge.

Ils Diront d'Elle : Extraits

« Les membres de sa famille n’avaient jamais manifesté de désapprobation mais Estelle s’était arrangée pour que ceux-ci n’aient pas à se prononcer. En quittant Paris, elle avait « changé de vie », et les avait laissés libre d’interpréter comme ils le voulaient sa marginalité. C’est un sujet qu’ils n’avaient jamais abordé, pas de « coming out » officialisé, Estelle leur avait épargné l’embarras de sa vie privée. Elle ne comprenait pas pour autant l’appréhension qu’elle ressentait à la seule idée de les retrouver.
Une heure auparavant, elle avait écouté le message téléphonique que son frère Simon lui avait laissé, et le ton insistant avec lequel il la priait de venir à la traditionnelle fête de famille, qui précédait Noël et qui se déroulait à Paris, l’avait désarçonnée.
Elle n’avait pas envie d’y aller. Pas plus que les autres années. Elle envisagea même que ce fût ce projet qui ait précipité son désarroi.
Elle était oppressée. Cherchiat quel prétexte inventer. Elle ne comprenait pas pourquoi tous les mensonges auxquels elle songeait pour échapper une nouvelle fois à l’évènement lui semblaient particulièrement manquer de vérité.
D’un bref texto, elle promit à son frère de le rappeler dès qu’elle aurait fini son marché : tant qu’elle ne rentrait pas, elle ne lui mentait pas. » (Page 18)