Effet Secondaire : Quatrième de Couverture
Le soir où Anita a croisé le regard de la jeune Emilie, elle s’est dit que ce pourrait être le début d’une histoire prometteuse. Il suffirait de se laisser guider par ses sentiments.
Mais le passé est parfois tenace et le souvenir de Michèle toujours présent. Alors, quand le sourire de ce bel amour interrompu réapparaît, l’indécision s’impose.
Auprès de laquelle de ces femmes Anita ira-t-elle chercher le bonheur auquel elle aspire tant ?
Enseignante et traductrice, Cécile Dumas vit entre Clermont-Ferrand et Limoges.
Elle est l’auteure, en autre, de Taille Unique, dont elle reprend, ici, les personnages deux ans plus tard.
Effet Secondaire : Avis Personnel
J’avais beaucoup apprécié le premier roman de Cécile Dumas, Taille Unique. J’avais été captivée par l’histoire et par l’écriture, fluide, légère et agréable de la jeune femme. Autant dire que quand j’ai appris qu’elle avait sorti une suite, j’étais ravie. Effet Secondaire tient parfaitement ses promesses et c’est tant mieux dans le maigre paysage de la littérature homosexuelle de ces derniers mois.
Ce qui est fantastique c’est que l’on retrouve des personnages qu’on avait appréciés dans le précédent opus. Anita a grandi, a muri plutôt depuis sa rupture avec Michelle. Elle a eu beaucoup de mal à se remettre de leur séparation, sur ce banc public, alors qu’elle n’attendait qu’une chose, que leur histoire grandisse. Mais les années ont passé et elle s’est investie dans son travail et dans les traductions de romans.
Un soir, lors d’une fête en l’honneur de l’un de ses livres, elle recroise Michelle qui est encore plus radieuse que dans ses souvenirs. Mais, elle ne veut pas, ne peut pas lui laisser une chance de la toucher à nouveau. Au lieu de cela elle va se rapprocher d’Emilie, une photographe également présente à la soirée. Elles vont passer une première nuit magique ensemble et se revoir, à plusieurs reprises. Anita va commencer à tomber amoureuse et à attendre plus que de simples week-ends entre Paris et Lyon.
Mais le souvenir de Michelle n’est jamais loin. Anita va devoir se rendre à l’évidence, elle ne peut pas oublier son premier amour si facilement. Lorsque Michelle revient finalement dans sa vie, les choses se compliquent vraiment pour Anita. Elle va être obligée de choisir…
Cécile Dumas est une auteure que j’apprécie vraiment. Elle écrit admirablement bien, ses personnages sont fouillés et complexes, l’histoire est juste complexe comme il faut pour un roman d’amour. Au final, on ne peut avoir qu’un seul et unique regret : celui que Cécile Dumas n’écrive pas plus.
À se procurer d’urgence, si possible après avoir découvert le premier tome de l’histoire, Taille Unique.
Effet Secondaire : Extraits
« À moi, elle a dit : « Je ne quitterai jamais Jean-Pierre. Tu vas m’attendre en vain. Vis ta vie sans moi. »
C’est ce qu’elle m’a dit un soir, dans un parc, sur un banc. Je me souviens de la couleur du banc, il était gris. Je me souviens de son visage. Livide. Elle parlait en regardant droit devant elle, les mains jointes sur ses cuisses. Elle avait posé son sac entre nous, ce sac dans lequel j’avais glissé tant de lettres pour lui dire mon amour, ma déraison, mais la raison s’était invitée sur notre banc et la lettre qu’elle semblait réciter était en train de détruire ce en quoi je croyais.
Lointaine, elle a été si lointaine. Nous nous étions peu vues depuis quelques semaines, peu touchées, entravées par des emplois du temps chargés, des priorités qui s’imposaient à elle plus qu’à moi, des occasions à inventer, des alibis à fabriquer et, en fin de compte, pour elle, le sentiment d’être dans une impasse, face à un mur qu’il ne servait à rien de cogner, un mur inébranlable, comme sa décision ce soir-là, de mettre fin à notre liaison.
Mon Dieu, ça a dû être tellement dur pour elle ! Sur ce banc, le monde est soudain devenu ignoble, un visage déformé et goguenard qu’on voudrait frapper de ses deux poings pour en effacer les rictus. Elle a égrené toutes les excuses possibles, plausibles, pour nous dire au revoir, elle a répété tous ces mots qu’elle ne croyait finalement qu’à moitié, qui broyaient notre histoire et, pendant tout ce temps, elle a regardé devant elle fixement, inlassablement, tandis que je m’effondrais à ses côtés. « Je ne quitterai jamais Jean-Pierre, disait-elle, je ne le quitterai jamais, comprends-tu ? » Mais moi je n’ai rien compris, je ne pouvais rien comprendre, terrassée par le chagrin, sur ce blanc ignoble, dans ce monde gris, je n’avais pas la clé pour comprendre, je n’avais qu’une version de l’histoire, qu’un mauvais scénario. » (Pages 10-11)