Interview accordée à Oumand. D le Vendredi 27 Mai 2005 pour le site Blackmap.com
Après Lil’ Kim et Missy Elliott, voici la révélation Outre-Manche du rap anglais ! D’origine guyannaise et vivant à Londres, Mz Fontaine est rapeuse professionnelle depuis 4 ans. Mais elle est aussi chanteuse et productrice de talent, comme le prouve son premier album New Era. Membre du collectif Q-Fam crée par Q-Boy, lui-même rapeur gay déclaré, Mz Fontaine affiche ses préférences amoureuses et ses ambitions avec l’intégrité qui la caractérise. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Entretien…
Depuis combien de temps est-ce que tu rapes ?
Je rapes maintenant depuis environ quatre ans. Avant, j’étais plutôt chanteuse, j’ai fait du RN’B et de la soul pendant des années avant de m’exercer dans le rap.
Comment as-tu découvert le rap et la soul music ?
Ma mère est aussi chanteuse et grâce à elle j’ai écouté de nombreux disques, j’ai beaucoup appris d’elle depuis l’enfance. Je passais mon temps à écouter du Michaël Jackson, du Gloria Gaynor, du Lionel Ritchie ou du Stevie Wonder, tous les classiques en fait. Plus tard, ça a été Mariah Carey, Whitney Houston, etc. Et maintenant, je suis là ! (sourire)
Comment ça se passe quand on est à la fois rapeuse et lesbienne, sachant que le milieu du hip hop est plutôt homophobe ?
Je suis la première en Angleterre à m’afficher en tant que rapeuse lesbienne, mais ça a été relativement facile pour moi de pouvoir m’exprimer librement. J’ai toujours voulu m’exprimer en fonction de ce que je suis et je n’ai pas eu de problèmes avec ça. Je suis femme, noire, lesbienne et rapeuse, et fière de l’être. Ce qui compte pour moi, c’est de pouvoir dire à la fin de la journée que je suis restée moi-même, que je n’ai pas triché. C’est important pour un artiste d’exprimer son vécu, son authenticité. Elton John, dans un autre style, a ouvert la voie en faisant son coming-out.
Comment as-tu découvert ta préférence pour les femmes ?
Oh la, il y a longtemps ! La première fois que je m’en suis rendue compte, c’était avec une amie vraiment « canon ». J’en suis tombée amoureuse et je ne savais pas encore comment réagir à cette époque, je n’avais que quinze, seize ans. J’en ai parlé à une lesbienne qui m’a dit qu’il n’y avait rien de mal à éprouver ces sentiments. J’ai donc tenté l’expérience et je me suis dit : « Voilà, c’est comme ça que je suis ». Je n’ai jamais vraiment rencontré de mec. Même si ma famille m’y encourageait, ça ne m’intéressait pas. En fait, ma famille, en particulier ma mère, n’a jamais vraiment apprécié l’idée que je puisse m’intéresser à une femme, mais ils ne cherchent pas à m’en empêcher, je vis comme je l’entends, ils l’acceptent et c’est tout.
Penses-tu qu’il y ait un futur pour le rap ou le RN’B gay ?
Je n’aime pas le fait que les gens parlent de hip hop « gay », mais je comprends que ce soit comme ça pour l’instant car nous, artistes gays, sommes quand même les premiers à nous revendiquer comme tels dans un style de musique habituellement hétéro. Mais personnellement, j’ai constaté que les artistes ouvertement gays trouvent de plus en plus leur place dans la musique, quel que soit le style. On peut le voir sur Internet, c’est plutôt encourageant. Malheureusement, j’ai encore quelques amies qui voudraient être dans l’industrie musicale, mais qui du fait qu’elles soient lesbiennes n’ont pas été acceptées ou ont été découragées. Par mon exemple, j’espère les aider à poursuivre leurs ambitions, à aller jusqu’au bout de leur rêve ! L’important est de s’accrocher, de rester soi-même sans se mentir et de faire ce que l’on a à faire…
Quels sont tes projets maintenant ?
Je viens juste de finir mon clip pour le single « All You Deserve » qui devrait sortir en juin. Je suis en train de travailler sur un nouvel album dont j’ai déjà chanté les titres pendant longtemps, ce sera prêt pour l’année prochaine. Je prévois également de revenir en France pour un show, ensuite en Norvège. C’est tout pour l’instant…
Merci de ton témoignage…
Merci à toi.
Interview Originale sur le Site Blackmap