Journal de Suzanne : Quatrième de Couverture
Elles avaient bien du charme ces “amies d’Héloïse” auxquelles le public fit un si grand accueil, et qui valurent à Hélène de Monferrand les suffrages de l’Académie Goncourt (Prix du Premier Roman).
Dans les lettres qu’elles s’écrivaient, toute leur vie passait. Et leur époque. Et leurs passions, qui étaient nombreuses et fortes. Elles étaient libres sans être cyniques, franches sans être impudiques, et gaies sans être sottes. Les amours “différentes” – dont elles parlaient sans baisser la voix ni les yeux – n’étaient plus avec elles un défi, une étrangeté, une anomalie, un cas, elles étaient l’amour même. L’amour, cette évidence.
L’une d’elles, plus âgée que les autres, se donnait la mort au milieu du roman. Suzanne n’était pas le personnage central, mais peut-être le plus important : elle était celle dont on se souvient, celle qui, même disparue, continue à peser de tout son poids sur le destin de celles qu’elle a aimées.
Rien d’étonnant à ce que la romancière lui donne ici la parole.
Du jour où elle se sait condamnée, Suzanne décide de tenir son journal et de rédiger ses souvenirs. Elle les écrit pour Héloïse, la femme qu’elle a probablement le plus aimée, et pour elle-même. Avec une rare lucidité et sans complaisance, elle déroule le film d’une existence pendant laquelle elle a connu le désespoir, frôlé la mort, mais a donné et reçu beaucoup d’amour et a passionnément aimé la vie et les plaisirs des sens. Elle ne fuit ni devant ses erreurs ou ses faiblesses, ni devant ses ambiquïtés, payant le prix fort lorsqu’il le faut.
La leçon qu’elle a donnée à Héloïse n’était pas commune. Quelques années plus tard, Héloïse dire d’elle : “Elle n’avait que cinquante ans, mais elle aimait la vie, qui ne lui avait pourtant pas fait de cadeaux… elle en aurait bien encore pris pour vingt ans !”