May in the Summer : Interview de Cherien Dabis, la réalisatrice et l’interprète de May

Cherien Dabis - May in the summer

Interview accordée à Trish Bendix le 29 août 2014 pour le site Afterellen.com

J’ai aussi adoré les proverbes que vous utilisez. Pourquoi avoir utilisé des proverbes et comment les avez-vous choisis ?

Les proverbes ont toujours été là, je les ai toujours vus dans les chapitres. Je voyais des chapitres sous forme de proverbes arabes. C’est en partie dû au fait que je suis obsédée par les proverbes, les proverbes arabes en particulier. Je les aime vraiment parce qu’ils sont une partie tellement importante de cette langue et culture. Ce sont également de petits morceaux de sagesse qu’énormément de personnes utilisent et ce sont des conseils géniaux auxquels peu de gens font attention. Je voulais les utiliser tout au long du film à partir du moment où ils avaient lieu d’être et qu’ils représentaient vraiment la façon dont le film avait été fait. Au final, j’en ai pris moins que prévu et j’ai fait attention à bien les choisir. Je n’arrêtais pas de les changer. Ceux que j’ai finalement choisis reflètent réellement ce que ressent May et vous donne un brin de sagesse sur ce qu’elle est en train de traverser émotionnellement. C’est comme cela que j’ai décidé de ceux qui fonctionneraient le mieux pour le film. En fait, il s’agit d’une évolution. Même si j’ai pensé à leur utilisation dès le début, la fonction des proverbes et les proverbes en eux-mêmes ont changé. C’était vraiment sympa à faire. Il fallait également les doser précisément parce que je ne voulais pas que les gens sortent du film. C’est donc pour cela qu’il y a peu, trop peu de titres. C’est juste qu’à chaque nouveau titre correspond une page vierge, un chapitre. De plus, cela permet au public de réfléchir à l’entrée dans un nouveau chapitre, donc je ne voulais pas que cela soit trop évident et qu’on les ramène à la réalité. Je ne voulais pas non plus que ce soit trop intellectuel, que le public y réfléchisse pendant deux-trois minutes et rate le film. C’était un défi mais c’était tellement sympa de me plonger là-dedans.

Vous jouez également dans le film : pourquoi avez-vous décidé d’interpréter May ?

Je n’avais pas du tout écrit le rôle pour moi. J’ai été très surprise de me voir jouer dans le film. En fait, j’étais en train de faire passer des auditions pour trouver quelqu’un pour le rôle. J’auditionnais beaucoup au sein de la communauté arabo-américaine, autant parmi les acteurs que les non-acteurs. En un an, je n’ai pas réussi à trouver ce que je cherchais : quelqu’un de vraiment authentique, qui incarne vraiment le personnage. Donc j’étais un peu bloquée et j’en ai discuté avec le directeur de casting : devions-nous creuser encore plus loin parmi les non-acteurs ? Que faire ? Et en même temps, beaucoup de gens au cours de cette année m’avaient encouragée à m’envisager, moi, pour le rôle. J’ai d’abord pensé « C’est de la folie. Je ne crois pas que ce soit très malin de jouer dans mon propre film, pour mon premier rôle. On dirait une recette de désastre. » Pas mal de gens avaient dit au fil des mois que je devais y penser sérieusement. Du coup, je me suis dit « Ok, tout le monde n’arrête pas de me dire ça et je commence à avoir l’impression de devoir le faire ou au moins de le considérer ». Je ne pouvais plus l’ignorer. Donc je l’ai fait, je me suis mise devant la caméra avec beaucoup d’hésitation. Je me suis dit « Bon, très bien, je vais me faire passer par tout le processus d’audition, me regarder et voir s’il y a quelque chose de convaincant ». Je dois dire que je me suis réellement surprise. C’est toujours très difficile de se regarder. C’est tout un processus par lequel il faut passer. Une fois que j’ai pu faire ça, j’ai réalisé qu’il y avait dans ma prestation quelque chose que je recherchais, quelque chose de sincère, ça semblait donc être le meilleur choix pour le film. Donc je me suis rappelée et me suis fait passer rigoureusement par toutes les étapes des auditions, probablement plus rigoureusement que pour la plupart des acteurs et, au final, j’ai décidé de sauter le pas. Je devais tout d’abord me prouver que je pouvais y arriver.

C’est donc quelque chose que vous referiez ?

C’est possible, je suis plus ouverte maintenant. C’était une expérience super et j’en ai retiré beaucoup de bonnes choses. J’ai découvert tellement de choses sur moi en étant devant la caméra. De mes insécurités que j’ignorais jusqu’à, tout simplement, découvrir mes émotions. Tout le processus de préparation au rôle m’a vraiment ouverte émotionnellement et je me suis également sentie vulnérable, en tant qu’humaine, réalisatrice et actrice. J’ai aussi découvert une excellente chose pour une réalisatrice : vous pouvez orienter les autres acteurs depuis l’intérieur de la scène. Lorsque je suis devant la caméra avec un autre acteur, je peux lui donner quelque chose auquel il ne s’attend pas du tout, quelque chose qui n’est même pas écrit dans le scénario, pour obtenir telle ou telle réaction dont j’ai besoin. C’était une découverte géniale, je ne le savais pas. Rien que ça, ça me donne envie de recommencer.

Vous imaginez-vous retourner à la télévision ou préférez-vous travailler sur de longs-métrages ?

Je veux faire les deux. Bien sûr, j’aimerais retourner à mes origines. J’adorais travailler à la télévision. The L Word était génial et il y avait plein de gens fantastiques. J’ai eu la chance d’avoir cette super opportunité avant de me lancer dans mon premier film. Je leur en suis vraiment reconnaissante. En ce moment, je travaille sur les deux formats. Je travaille sur deux-trois films et je développe également deux séries télévisées, dont une en particulier qui est un peu plus avancée. Celle-ci explore le même thème que mes deux premiers films : la famille arabo-américaine.

Pensez-vous que l’homosexualité continuera à faire partie de votre travail ?

Oui. Je crois que la mise à l’écart, le rejet, l’absence d’appartenance et l’identité politique sont des thèmes qui me tiennent vraiment à cœur, et je me vois continuer à les explorer. Je crois que ça fait partie de mes origines et j’intègrerai ces thèmes à mon travail d’une manière ou d’une autre.

Interview Originale sur le site Afterellen.com

A propos de Lou Morin

Traductrice Anglais/Français

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