Helen Zia

Helen Zia

Biographie

Helen Zia est une journaliste américaine née en 1952 à Newark, dans l’État du New Jersey. Ses parents avaient quitté la Chine et leur ville de Shanghai pour s’installer aux États-Unis. Elle grandit donc dans un foyer véritablement multiculturel : l’on y parle aussi bien le mandarin que l’anglais et l’on y respecte les traditions chinoises, tout en tentant de s’adapter du mieux que possible à la vie occidentale.

Au lycée, la jeune fille s’intéresse à de nombreux sujets, si bien qu’elle hésite beaucoup quant à la voix à suivre pour la suite. Mais elle est surtout passionnée par les luttes pour l’égalité des droits. Sa famille est en effet l’objet de moqueries et de nombreux préjugés raciaux ; elle a plus tard expliqué que pour l’adolescente qu’elle est à l’époque, « L’Amérique ne me voulait pas, et de ce fait, je ne voulais pas en faire partie ». Elle choisit finalement au début des années 1970 de s’inscrire à Princeton, l’une des plus grandes universités du pays, située dans le New Jersey. L’établissement est à cette époque assailli de demandes de nombreuses jeunes femmes de par le pays ; la direction vient en effet tout juste – depuis 1969 pour être précise – d’autoriser les femmes à y étudier.

Helen Zia est une étudiante qui ne passe alors pas inaperçue, notamment de par ses nombreuses activités extrascolaires. À une époque où l’activisme (pacifiste surtout) est de mise pour une jeunesse qui se veut en décalage avec la génération qui l’a précédée et où la Guerre du Vietnam s’enlise et est de plus en plus critiquée, la jeune femme s’engage dans un groupe pacifiste et devient l’une des figures de la lutte contre la guerre à Princeton. Elle est aussi l’une des figures de proue du mouvement féministe et fonde avec plusieurs amis l’Asian American Students Association (qui se veut un moyen de lutter contre les préjugés et discriminations, ainsi que d’œuvrer pour une meilleure intégration). En 1973, elle sort diplômée avec les honneurs et on lui propose un poste de spécialiste des affaires publiques dans un Département d’État.

Si le poste est la promesse d’une future belle carrière, la jeune femme décide pourtant de tout plaquer en 1974, quand elle décide de changer totalement de voie en s’inscrivant en médecine à la Tufts University, près de Boston. Seulement les cours ne la passionnent pas plus que cela et ses nombreux engagements la dispersent, si bien qu’elle décide de jeter l’éponge dès l’année suivante.

Elle choisit alors de changer encore une fois totalement de domaine et déménage pour le Michigan. Là, après s’être installée à Detroit, elle s’inscrit à la Wayne State University pour étudier les ressources humaines et les relations dans le domaine du travail. En parallèle, pour financer ses études supérieures, elle cumule différents petits boulots, qui lui permettent de joindre les deux bouts, dont notamment celui de manouvrière à l’usine Chrysler de 1977 à 1979.

Cependant tout cela ne l’empêche pas de continuer de s’investir à la même époque dans diverses associations. Son travail militant est très vite reconnu et on lui propose rapidement de rédiger des articles dans plusieurs revues spécialisées, puis dans des journaux locaux et nationaux.

1982 est une date charnière dans la vie d’Helen Zia. En juin de cette année-là, il se produit un terrible fait divers qui va la rendre célèbre à travers tout le pays : Vincent Chin, un jeune Américain de 27 ans, est battu à mort par deux autres hommes dans un bar, mus par une volonté claire et assumée de casser du Japonais (ils pensaient en effet que le jeune homme, d’origine chinoise, venait du Japon). Comme l’explique Helen Zia elle-même dans un article publié dans AsianWeek, « l’époque était profondément antijaponaise. Les gens qui avaient des voitures d’origine japonaise voyaient leurs véhicules abîmés, sans distinction qu’ils soient blancs ou non. Si vous étiez asiatique, on supputait que vous étiez Japonais ; il y avait une véritable hostilité dirigée à notre encontre. » Les deux meurtriers ne sont condamnés qu’à des mises à l’épreuve et à payer des amendes, ils échappent à la prison. Cette décision de justice indigne une bonne partie du pays, mais, bien plus, provoque un véritable tollé au sein de la communauté américano-asiatique. Helen Zia s’impose alors comme la pierre angulaire du mouvement de protestation et de résistance : elle écrit de nombreux articles et prononce des discours afin de dénoncer le sort des Américains d’origine asiatique de par le pays ; elle veut mettre à jour et dénoncer ces discriminations et crimes de haine dont ils sont souvent l’objet (et ce la plupart du temps impunément…). C’est le but que poursuit l’association qu’elle crée alors, l’American Citizens for Justice.

Dès 1983, elle décide de devenir journaliste à temps plein. Elle propose ses papiers à différents journaux, mais c’est surtout le Metropolitan Detroit qui lui donne réellement sa chance en lui confiant le poste de rédactrice adjointe. S’ensuivent alors plusieurs années où elle va enchaîner les postes à responsabilités dans divers journaux importants de la région de Detroit (directrice de la rédaction de Meetings and Conventions en 1985, puis au Travel Weekly en 1986, rédactrice en chef de Meetings and Conventions en 1987).

1989 est une année importante pour Helen Zia, puisqu’elle décide de tenter sa chance dans une plus grande ville, les années 1980 lui ayant permis d’acquérir expérience et confiance dans la région de Detroit. C’est tout d’abord New York jusqu’en 1992, où elle est rédactrice de la rédaction de Ms. Magazine, puis San Francisco, où elle est rédactrice en chef de Worldview Systems et vice-présidente du groupe.

Mais si la carrière professionnelle d’Helen Zia se porte bien, elle n’en laisse pas pour autant son militantisme de côté. En 1987, le documentaire Who killed Vincent Chin? met en lumière aux yeux de tous son rôle dans cette affaire, si bien qu’on lui propose dès la fin de la décennie le poste de directrice de la section new-yorkaise de l’Asian American Journalists Association. La lutte contre le racisme vis-à-vis des personnes d’origine asiatique n’est cependant pas son seul cheval de bataille. Elle écrit aussi de nombreux discours et articles sur les droits des femmes, des homosexuels ou encore des plus pauvres. Elle est d’ailleurs membre au début des années 1990 du New York Asian Women’s Center, qui vient en aide aux femmes battues ou victimes d’agressions sexuelles, puis de l’Asian Women’s Shelter quand elle déménage à San Francisco au milieu de la décennie.

Depuis la fin des années 1990, Helen Zia multiplie les collaborations avec de prestigieux titres américains tels que The New York Times, The Washington Post, The Advocate, OUT, The Nation, etc. En 2000, elle publie un livre qui fait depuis référence et qui a été à plusieurs reprises cité par Bill Clinton quand il était président des États-Unis, Asian American Dreams: The Emergence of an American People. Deux ans après ce succès, elle coécrit un nouvel ouvrage avec Wen Ho Lee, My Country Versus Me, qui évoque l’histoire véridique d’un scientifique accusé à tort d’être un espion à la solde de la Chine.

Aujourd’hui, Helen Zia est considérée comme une journaliste engagée américaine de premier plan. S’il est difficile de l’associer à une lutte en particulier tant elles sont nombreuses (lutte pour l’égalité des droits, contre l’homophobie, féminisme, antiracisme…) elle est reconnue comme une oratrice de choix et une militante de premier ordre, dont la qualité des articles fait la plupart du temps mouche. Elle a reçu un nombre impressionnant de prix pour récompenser ses textes et enquêtes journalistiques, mais aussi son engagement. La City University de New York lui a d’ailleurs décerné un diplôme honoraire en Droit, afin de saluer les avancées qu’elle a permises en la matière.

Elle continue inlassablement de militer et d’écrire, tout en partageant son temps entre la Côte Est (New York) et la Côte Ouest (San Francsico et Bay Area plus précisément) des États-Unis, où se situe sa résidence principale

Histoire d'un Coming-Out

Helen Zia a pris conscience très jeune de ses préférences sexuelles, dès l’âge de six ans d’après ses dires. Elle parlait cependant rarement de sa sexualité au début de sa vie, souhaitant garder cela privé. Certes elle ne le cachait pas (ce qui lui a valu bon nombre de remarques misogynes et homophobes dans les années 1970 et 1980), mais elle n’en faisait pas non plus un étendard.

C’est au début des années 1990, lors d’une interview accordée à C-SPAN, une chaîne de télévision spécialisée dans les affaires (un peu à l’image de Public Sénat en France), qu’elle sort officiellement du placard. À plus de quarante ans, elle souhaite à présent utiliser le fait d’être lesbienne pour faire avancer la cause des droits des homosexuels. Elle a d’ailleurs été l’une des grandes figures de cette lutte en Californie.

Quand le mariage homosexuel est légalisé en Californie pour la première fois en 2004, elle épouse sa compagne de longue date, Lia Shigemura. Puis les deux femmes se marient de nouveau en 2008, juste avant que l’adoption de la proposition 8 ne soit effective (votée par les Californiens le même jour que l’élection présidentielle qui a vu l’avènement de Barack Obama, elle remet en cause le droit des personnes de même sexe à pouvoir se marier). En janvier 2010, lors du fameux procès interrogeant la constitutionnalité de la proposition 8, elle faisait partie des témoins-clefs.

Elle continue aujourd’hui de militer pour les droits des homosexuels, écrit régulièrement des articles dans des revues spécialisées (comme The Advocate ou Out) et vit avec sa compagne Lia Shigemura (et doublement sa femme) à Bay Area, dans la banlieue de San Francisco.

Bibliographie

My Country Versus Me (2002)
Asian American Dreams: The Emergence of an American People (2000)

Helen Zia

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