Sheila Ortiz Taylor

Sheila Ortiz Taylor

Biographie

Sheila Ortiz Taylor est une poète, nouvelliste et professeure d’université américaine née le 25 septembre 1939 à Los Angeles. Ses parents travaillent alors depuis leur domicile, ce qui leur permet d’élever et d’apporter une attention toute particulière à leurs deux filles, Sheila et sa sœur Sandra. Son père, d’origine anglaise, est à la fois juriste et musicien, tandis que sa mère est une artiste « Chicana » (terme utilisé aux États-Unis pour désigner les personnes originaires du Mexique). Dès son plus jeune âge, elle commence à écrire, un journal pour commencer, puis dès les premières années du lycée, c’est de la poésie et des pièces.

À tout juste 18 ans, en 1957, elle intègre l’UCLA (l’Université de Californie de Los Angeles). Un an plus tard, elle décide de tout arrêter : elle se marie et suit son époux dans un autre État, l’Iowa. Mais très vite la littérature et les études lui manquent et après avoir enchaîné des petits boulots de secrétariat ou de garde d’enfant, elle revient à l’UCLA en 1960. L’année suivante, elle change d’Université pour celle d’État de Northridge (connue à l’époque sous le nom de San Fernando Valley State College) et en ressort diplômée en Anglais en 1963 avec les honneurs, puisqu’on lui décerne la récompense d’« élève remarquable » en maîtrise du langage et littérature. Elle retourne alors à l’UCLA pour la suite de ses études et obtient un doctorat en 1973 en se spécialisant dans la littérature réaliste américaine du 20ème siècle, mais aussi dans l’œuvre d’Emily Dickinson. Pendant cette période, naissent ses deux filles, Andrea Bo et Jessica Ann, mais elle se sépare de son mari en 1970.

Son diplôme en poche, elle est aussitôt recrutée par l’Université d’État de Floride pour enseigner la littérature anglaise du 18ème siècle. Mais elle ne se contente pas de cela, en parallèle elle s’investit dans un programme d’écriture et recherche des fonds pour créer une section d’étude sur les femmes. Une fois créée, elle en devient la directrice, et finit par occuper plus tard une prestigieuse chaire au département de langue anglaise.

C’est en 1982 qu’elle publie sa première nouvelle, Faultline, qui raconte les aventures d’un personnage haut en couleurs, Arden Benbow ; on remarque ici que ce personnage présente certaines similitudes avec Sheila elle-même : fille d’un Anglais et d’une « Chicana », lesbienne et mère de famille. Ce récit va la faire entrer dans l’histoire car c’est alors la première fois dans la littérature lesbienne qu’on met en scène un personnage principal qui ait des origines « chicana ».

Elle écrit ensuite plusieurs autres nouvelles lesbiennes, qui présentent toutes, tout comme Faultline, des problématiques liées à l’orientation sexuelle et à ses origines latines ; ses ouvrages permettent entre autres de mieux appréhender la manière dont est perçu le fait d’être lesbienne dans la communauté latino. L’une de ses nouvelles publiée en 1998, Coachella, sera particulièrement saluée pour la manière dont elle a traité du Sida et de ses conséquences (et qui frappe quelles que soient les origines sociale, raciale et l’orientation sexuelle).

Elle publie à la fin des années 1980 un recueil de poésie intitulé Slow Dancing at Miss Polly’s et coécrit avec sa sœur quelques années plus tard Imaginary Parents, un ouvrage retraçant leur enfance. Elle est aussi très active au sein de différents programmes culturels d’écriture, la plupart du temps centrés autour de questions identitaires. Elle poursuit aussi ses travaux de recherche historique, puisqu’après avoir publié sa thèse sur Emily Dickinson en 1973 (un ouvrage  de référence), elle s’attaquera à d’autres personnages de la littérature, comme Samuel Richardson.

En 1999, elle dépose avec sa conjointe Joy Lewis, un dossier afin d’emménager dans un quartier résidentiel pour retraités à Tallahassee, en Floride. Mais elles sont refoulées car le conseil d’administration (à majorité presbytérien) refuse de reconnaître leur relation. C’est alors que débute sa nouvelle lutte : combattre les discriminations, et en particulier celles à l’encontre des seniors homosexuels. En 2002, elles retentent leur chance après s’être unies civilement, mais elles sont une fois encore déboutées et décident de monter un dossier de plainte pour discrimination, avant de pouvoir enfin emménager en 2004.

Outre le fait d’être la première à avoir imaginé une héroïne lesbienne et « chicana », et ainsi à faire une place dans la littérature aux lesbiennes latinas, Sheila Ortiz Taylor est aujourd’hui considérée comme l’une des auteures majeures de la littérature lesbienne. Mais elle n’est pas incontournable que dans ce domaine-là : ses travaux de recherche ont été salués et elle s’est investie dans de très nombreuses causes. Elle a aussi reçu bon nombre de récompenses, à la fois en qualité d’auteure, mais aussi de professeur et plusieurs ouvrages ont été écrits sur elle ainsi que son oeuvre.

Histoire d'un Coming-Out

Sheila Ortiz Taylor prend conscience de son homosexualité au cours de ses études. C’est à ce moment qu’elle se sépare de son mari, avec qui elle a deux filles, douze ans après l’avoir épousé.

Elle dira plus tard en parlant de cette période de sa vie qu’elle avait alors fait ce que l’on attendait d’elle (tout comme des autres femmes de son époque), c’est-à-dire se marier et avoir des enfants, sans vraiment se demander si c’est ce qu’elle désirait réellement.

Une fois son divorce prononcé en 1970, elle ne cache jamais son orientation sexuelle et en fait même un élément principal à la fois de ses travaux de recherche et de ses écrits. Elle crée également une section dans l’Université au sein de laquelle elle enseigne, pour étudier les femmes et le féminisme.

Bibliographie

Assisted Living (2007)
OutRageous (2006)
Clarissa, or The History of a Young Lady (Samuel Richardson. Édition accompagnée d’une introduction de Sheila Ortiz-Taylor) (2005)
Coachella (1998)
Imaginary Parents (avec sa sœur Sandra) (1996)
Southbound (1990)
Slow Dancing at Miss Polly’s (1989)
Spring Forward/Fall Back (1985)
Faultline (1982)
Emily Dickinson, a Bibliography (1973)

Sheila Ortiz Taylor

Répondre