Romeo Romeo : Interview de la réalisatrice, Lizzie Gottlieb

Lizzie Gottlieb - Romeo Romeo

Interview accordée à Eisha Perry le 17 septembre 2014 pour le site Gooddocs.net

Qu’est-ce qui vous a attirée dans l’histoire de Jessica et Lexy ?

J’ai été attirée par Lexy et Jessica parce qu’elles sont merveilleuses, en tant que personnes et en tant que couple. Elles sont drôles, ouvertes et passionnées, sans oublier qu’elles sont aussi magnifiques. Lexy a le cœur sur la main, et comme vous pouvez le constater, c’est une très bonne chanteuse. Elle est d’une fragilité déchirante en tant que chanteuse et que personne. En même temps, au fur et à mesure de l’avancement du documentaire, elle révèle une force intérieure incroyable et un grand courage. Jessica se présente comme beaucoup plus forte, elle se décrit même comme méchante. Et ce côté-là est bien montré dans le documentaire, mais en passant du temps avec elle, en apprenant à la connaître, nous voyons qu’elle est déterminée, loyale, courageuse et extrêmement aimante. Je trouve leur relation puissante et inspirante, tout particulièrement au regard de ces épreuves.

À votre avis, que peut nous apprendre Romeo Romeo sur les luttes d’une famille moderne ?

L’envie d’avoir un enfant est un désir humain tellement basique. Lexy et Jessica ont un désir ardent, une envie, un besoin d’être mères, de tenir leur enfant dans leurs bras. Voir des gens confronter au fait que ce qu’ils souhaitent le plus au monde pourrait ne pas leur arriver est juste déchirant. Les voir se battre épreuve après épreuve est inspirant.

Qu’aimeriez-vous que les spectateurs retiennent ou fassent après avoir visionné votre documentaire ?

Il y a plusieurs choses que j’aimerais que les spectateurs retiennent. Je voulais montrer ce qu’était réellement tout le processus de procréation médicalement assistée. Nous sommes vraiment proches des procédures médicales ici. On assiste au retrait des ovules de Lexy, à la mise en boîte de Pétri, puis à la fertilisation. Je crois qu’il y a comme une sorte de voile sur ce que sont ces procédures et je voulais en montrer le plus possible. Mais ce qui est plus important pour moi c’est le côté émotionnel de tout cela. Il y a tellement de techniques disponibles pour aider les gens à faire des enfants – que ce soit parce qu’ils se battent contre l’infertilité ou parce que ce sont deux femmes ou deux hommes – mais je crois que ce dont les personnes parlent peu est l’expérience émotionnelle des personnes traversant cela. Donc, avec ce documentaire, j’espérais dépeindre l’expérience physique et émotionnelle de cette femme sous traitement, ainsi que toutes les répercussions logistiques, financières, médicales et émotionnelles que cela peut avoir sur un couple. Je voulais montrer cette tension, cette anxiété, cette attente et peut-être ce rapprochement que ces expériences suscitent.

À votre avis, quel est le rôle d’une réalisatrice de documentaires ?

J’ai tendance à faire des films très personnels, je ne veux pas dire qu’ils parlent de moi, mais ils parlent de choses qui me tiennent vraiment vraiment beaucoup à cœur. J’aime suivre des gens auxquels je tiens et que j’admire, j’aime me rapprocher d’eux et raconter des histoires personnelles et émotionnelles qui traitent d’un problème général. J’essaye de raconter des histoires proches des gens à un large public afin de comprendre un problème plus général. Dans le cas de Romeo Romeo il s’agit de l’infertilité mais également du mariage gay. Dans mon documentaire précédent, Today’s Man, je parlais du syndrome d’Asperger et de l’autisme. Donc, je dirais que le but d’une réalisatrice de documentaires est d’essayer de parler d’un problème général en racontant des histoires personnelles.

Y a-t-il des thèmes qui vous attirent en particulier ?

Je recherche des histoires auxquelles je suis liée émotionnellement parlant. Je suis attirée par des histoires de personnes que j’aime et respecte. J’aime également raconter des histoires qui se déroulent sur une longue période de temps. Ça rend la réalisation des documentaires très lente, mais je crois que ça rend les histoires plus riches, plus complètes. J’ai été extrêmement chanceuse de pouvoir faire ça sur mes deux derniers projets : six ans pour Today’s Man, trois ans pour Romeo Romeo. Quand vous avez le luxe du temps, les gens et les situations peuvent vraiment évoluer et c’est là que les choses deviennent vraiment intéressantes.

Interview Originale sur le site Gooddocs.net

A propos de Lou Morin

Traductrice Anglais/Français

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