Thérèse et Isabelle de Violette Leduc

Thérèse et Isabelle de Violette Leduc

Titre Français : Thérèse et Isabelle

Titre Original : Thérèse et Isabelle

Auteur : Violette Leduc

Date de Sortie : Première édition censurée 1966

Nationalité : Française

Genre : Roman d'Amour, Roman Historique

Nombre de Pages : 112 pages

Éditeur : Gallimard

ISBN : 978-2070758951

Thérèse et Isabelle : Quatrième de Couverture

“Je suis posais des questions, j’exigeais de silence. Nous psalmodiions, nous nous plaignions, nous nous révélions des comédiennes innées. Nous nous serrions jusqu’à l’étouffement. Nos mains tremblaient, nos yeux se fermaient. Nous cessions, nous recommencions. Nos bras retombaient, notre pauvreté nous émerveillait. Je modelais son épaule, je voulais pour elle des caresses campagnardes, je désirais sous ma main une épaule houleuse, une écorce. Elle fermait mon poing, elle lissait un galet. La tendresse m’aveuglait. Front contre front nous nous disions non. Nous nous serrions pour la dernière fois après une dernière fois, nous réunissions deux troncs d’arbres en un seul, nous étions les premiers et les derniers amants comme nous sommes les premiers et les derniers mortels quand nous découvrons la mort.”

Thérèse et Isabelle : Avis Personnel

En 1954, le livre Thérèse et Isabelle, constituait le premier chapitre du roman Ravages de Violette Leduc. Roman édité en 1955. Malheureusement, à cette époque-là, le livre est censuré par la maison d’édition Gallimard qui n’accepte de l’imprimer qu’à 8085 exemplaires dans une version épurée en 1966, soit un an après le succès de La Bâtarde, autre grand roman de l’auteure. Le texte ne sera publié dans son intégralité qu’en 2000 !

C’est cette édition censurée, que j’imaginais totalement introuvable et sortie du grenier d’une grand-mère lesbienne collectionneuse décédée récemment que j’ai découverte. Vous n’imaginez pas ma déception quand j’ai découvert que sur certains sites d’occasion le livre ne vaut même pas un euro. Je ne deviendrai pas riche grâce à ma collection de livres lesbiens, c’est évident. Mais quand même, cette version censurée ma donné l’envie irrépressible de m’acheter la version intégrale (trouvable beaucoup plus chère, comme de par hasard) et je vais me l’auto-offrir pour Noël je pense.

Donc pour vous résumer un peu l’histoire, nous sommes dans les années 50, dans un pensionnat de jeunes filles. Thérèse vient d’intégrer la pension après que sa mère, tout juste remariée, se soit débarrassée d’elle. Là, dans la promiscuité des dortoirs, Thérèse va tomber sous le charme d’Isabelle, une adulte de 18 ans. Ensemble, elles vont vivre une passion certes éphémère mais surtout intense.

Ce qui est incroyable, c’est l’aspect si peu choquant de ce texte. Ce n’est pas sexuel, c’est poétique. Ce n’est pas du Radclyffe ou du porno pour les hommes, ce sont des métaphores, des comparaisons, des enchaînements de mots et d’expression qui définissent comme je ne l’avais encore jamais lu les rapports entre femmes. Le corps est un territoire merveilleux à explorer et quand la nature se marie au divin, il ne reste que l’envie de découvrir le texte original pour se laisser emporter dans ce monde onirique.

Un roman à découvrir qui a été adapté sur grand écran en 1967.

Thérèse et Isabelle : Extraits

« J’ai mis ma main sur sa bouche. Isabelle voulait me le dire.
– Je vous…
Je l’étouffais pendant qu’elle voulait avouer. J’ôtai ma main de sa bouche : ses bras sont tombés.
– Ne craignez rien. Je ne vous le dirai pas.
Elle a eu un regard triste pour le ciel dans la découpe de la porte. Je l’avais blessée. Nous étions portées par la tempête des cris.
– Vous ne comprenez pas ?
– Je ne comprends pas, dit Isabelle.
– Ce que vous vouliez me dire… vous me le direz plus tard.
Elle enleva mes mains de sa taille. Le ciel changeait la découpe : le beau ciel au bleu anonyme nous déprimait.
– C’est trop bête. Tout à l’heure nous nous entendions.
– Maintenant nous ne nous entendons plus, dit Isabelle.
Son double sage aux yeux fermés parlait pour elle.
J’ai reculé d’un pas, j’ai eu, dans un brouillard, une douce silhouette d’Isabelle. Elle s’est reprise dans un rêve refroidissant. Les cris de la cour nous transperçaient.
– Vous boudez ?
– Je ne boude pas, dit Isabelle.
– Parlez.
– Non.
La statue entrera dans le mur, elle sera absorbée par le mur.
– Vous me quittez ?
– Moi aussi j’attends, dit-elle.
Plénitude ronde du « non » dit à voix basse, beauté serrée de la boule de neige au mois de mai que je négligerai quand je commencerai de mourir loin des jardins.
Je voyais en fraudant la couleur bitumineuse de l’eau dormante.
Isabelle leva un bras, elle tira l’épingle d’écaille de sa torsade de cheveux mais elle ne l’enleva pas. Son geste inachevé me charmait. Isabelle n’ouvrait pas les yeux. Le bras retomba, vaincu par les cabinets léthargiques.
Je l’étreignais de toutes mes forces de repentie, je la respirais, je la serrais sur mon ventre et j’avais d’elle un pagne.
Je titubais avec mon incrustée. » (Pages 12-13)

A propos de Isabelle B. Price

Créatrice du site et Rédactrice en Chef. Née en Auvergne, elle s’est rapidement passionnée pour les séries télévisées. Dès l’enfance elle considérait déjà Bioman comme une série culte. Elle a ensuite regardé avec assiduité Alerte à Malibu et Les Dessous de Palm Beach avant l’arrivée de séries inoubliables telles X-Files, Urgences et Buffy contre les Vampires.

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