In Twilight’s Shadow : Interview de la Réalisatrice Tina Scorzafava

In Twilight’s Shadow : Interview de la Réalisatrice Tina Scorzafava

Interview accordée à Danielle Riendeau le 1er Juillet 2008 pour le site Afterellen.com

Si vous aimeriez voir plus de personnages féminin queer dans les films de science-fiction ou d’action, vous avez peut être de la chance. La réalisatrice lesbienne Tina Scorzafava (Gillery’s Little Secret) est actuellement en train de projeter son film de 12 minutes rempli d’effets spéciaux dans les festivals du pays.

Il ressort dans les festivals habituels de la meilleure façon possible, en regorgeant de personnages sexy, de nuances mystiques et de formidables scènes d’action. Dans le film, ressemblant à un vampire, Carlisle (la top model Natasha Alam) poursuit un rival pour sauver sa petite amie d’une mort certaine. Le projet commence juste à être pensé pour une version plus longue ou une série télévisée et Scorzafava travaille profondément à ce que cela arrive. Malheureusement, posséder un contenu queer coûteux (et parfois orienté vers les hommes) pour le monde des films de genre est tout sauf facile.

Afterellen a récemment correspondu avec Scorzafava par email et téléphone concernant le parcourt pour donner vie à ce projet, pourquoi ce n’est pas simplement Buffy (bien qu’elle soit une grande fan !) encore une fois et combien les femmes qui bottes des fesses sont irrésistibles.

Commençons par le commencement. Comment êtes-vous arrivé dans le milieu de la réalisation au tout début ?

Si je suis honnête, c’est né à la fois de la stupidité, de la naïveté et de l’obsession. J’avais besoin d’une issue créative pour développer un matériel qui m’intéressait et qui représentait un défi. Mais en étant nouvelle dans ce monde, je ne voulais pas y aller seule, donc j’ai contacté un auteur que j’adorais et je lui ai demandé si elle voulait collaborer sur une histoire qui pourrait fonctionner en tant que script sur un court métrage.

Elle a dit oui, et je suis partie avec mon premier script et j’ai ensuite passé l’année suivante à en faire un film de 25 minutes.

Ca semble clair, mais pourquoi des films queer ?

Parce qu’ils rapportent tellement d’argent, leurs budgets sont sans fin et le monde les adore.

Quoi ?! Non ? Alors je suppose que ça revient toujours à ce que vous connaissez. Avec mon processus de coming-out, les films parlent tous des luttes pour se réaliser, d’affronter ses peurs et (avec un peu de chance) de gagner le fait d’être accepté. Nous aurons toujours besoin de cela, mais j’ai réalisé que maintenant j’ai besoin de films qui parlent de l’étape suivante à savoir simplement vivre sa vie.

Je voulais voir des personnages comme moi, qui étaient bien dans leur peau mais il n’y avait pas d’histoires comme ça. Donc j’ai décidé de tâter le terrain et de commencer par quelque chose de petit avec un court métrage pour la communauté qui ne se focalise absolument pas sur le fait d’être gay. Ce film s’est avéré être le récompensé Gillery’s Little Secret avec Annabeth Gish, Allison Smith et Julie Ann Emery.

Ok, parlons de In Twilight’s Shadow. Quelle est la genèse du projet ? Qu’est-ce qui vous avez amené à décider de poursuivre ainsi ?

Vous voulez dire outre le fait que personne ne peut voir de nombreuses femmes fortes et belles bottant des fesses durant toute la projection ?

Eh bien, après le succès de Gillery’s, j’ai commencé à travailler sur le script pour le grand écran – The Color of Secrets – j’ai débuté des réunions avec l’industrie qui était intéressée par ce projet. Annabeth Gish est toujours provisoirement attachée comme vedette.

On m’a dit et redit que l’histoire était bien, comme la structure et les personnages mais une chose apparaissait – c’était qu’il y avait des lesbiennes (et un drame) – qui est vue comme extrêmement improductive.

J’étais du genre « Quoi ? Vous plaisantez ? » donc après avoir été très frustrée à ce propos, je me suis mise à penser : qu’est-ce que je pourrais écrire qui pourrait promouvoir la visibilité mais également être vu comme potentiellement lucratif ?

C’est un business, et la ligne principale est que les investisseurs s’en soucient. Donc j’ai commencé à penser à un film de genre. Et j’ai ensuite décidé d’élever la barre à celui où la bizarrerie n’est pas seulement attendue mais admise, et c’est un thème que les gens pourraient comprendre avec passion.

J’ai ensuite parlé avec une amie écrivain et commencé à écrire la version film de In Twilight’s Shadow, qui était inspirée par l’une de ses courtes nouvelles.

Donc vous êtes maintenant en train de regarder pour faire ce film basé sur ce court métrage. Pouvez-vous me dire où vous en êtes du processus ?

Le script du film est maintenant finalisé et a reçu de bons retours. Il est décomposé et budgétisé, ensuite nous allons chercher à former une collaboration ou une co-production en frappant aux portes des réseaux queer et des compagnies de production.

Tout le monde autour veut faire une femme forte, sexy et combattante de thriller pour un budget raisonnable ? Alors parlons.

Considérez-vous le projet viable pour une série télévisée ?

Absolument. Il y a tellement d’aspects de cette histoire épique à montrer. C’est le moment pour une série de genre menée par une lesbienne sur le câble ou la télévision qui serait bien racontée, fermement écrite, dirigée et produite et superbement jouée.

Je me rappelle que vous disiez que le film a l’intention de montrer que vous pouvez faire de l’action et de la science-fiction avec des personnages queer. Pensez-vous que le public va répondre à cela, en opposition aux habituels drames et comédies des festivals ?

Je pense que le public répond à n’importe quel genre de film tant que c’est une bonne histoire bien faite, et je sens que les films d’action et de science-fiction seraient quelque chose qu’il apprécierait tout particulièrement, surtout depuis que c’est un genre délaissé.

Basé pour l’instant sur les réactions du public aux Festivals où le court métrage In Twilight’s Shadow a été projeté, je pense que nous lui avons donné quelque chose de rafraîchissant, amusant et visuellement excitant qu’il attendait de voir.

Mais avec peu de courts métrages de ce type, les programmateurs des festivals ont de grosses difficultés à les programmer puisqu’ils n’ont pas d’autres programmes de ce genre pour les garnir. Et à cause de cela, certains publics vont vraiment les rater.

Pensez-vous qu’il y a un réel potentiel pour les personnages queer à l’affiche de films dominants d’action ou de science-fiction, ou d’un autre côté, du potentiel pour des films queer fait dans ce style ?

Je suis peut-être une Pollyanna qui porte des lunettes colorées de rose mais je crois complètement que le courant principal est prêt à accepter les personnages queer avec certaines frontières.

Ils se moquent de voir le processus queer, et ils sont fatigués des stéréotypes. Mais si vous leur donnez un personnage est qui simplement queer, que vous le mettez dans une histoire solide entourée de bonne action et d’effets intenses, soutenu par un grand casting, alors le contenu queer deviendra juste un élément, pas le centre.

Cependant, une inquiétude surgit c’est que les compagnies disent qu’elles n’ont pas d’argent pour faire ce genre de film. En plus, basé sur mes conversations passées avec certaines d’entre elles, elles semblent penser que ce que croit la majorité est : Les films queer ne rapportent pas à moins de posséder à la base un budget très bas.

Mais c’est simplement un fait, vous ne pouvez pas tourner un bon film ou une bonne série d’action et de science fiction crédible avec le même coût que les drames ou les comédies. Juste la petite équipe additionnelle, les effets et l’équipement requièrent plus. Mais si vous planifiez de tourner de manière créative et d’utiliser toutes les ressources pour garder un faible budget, vous pouvez le rendre moins coûteux. J’ai fait cela.

Il est clair qu’il y a un passé et une mythologie sous jacents dans le court métrage. Est-ce que vous pouvez nous donner plus d’indices, tout spécialement à propos de l’héroïne, Carlisle ?

Hum, si j’explique la mythologie et le passé alors où sera l’intérêt de regarder le long métrage une fois celui-ci fait ? Mais je peux dire cela : Le script du long métrage In Twilight’s Shadow est une aventure à propos d’une jeune femme se battant pour accepter un sombre cadeau et tout le pouvoir, la séduction, la rage, le chagrin, l’excitation et les conséquences qui en découlent.

Je vous emmènerai dans le propre sanctuaire de Carlisle, pour être témoin du Coven et de toute sa mythologie de l’intérieur. Tout ce que j’espère accomplir c’est de donner au public ce qu’il a besoin pour améliorer l’expérience et le séduire dans son monde.

En parlant d’un sombre cadeau, il y a eu des comparaisons avec Buffy et Underworld. Que diriez-vous du film pour le différencier de ceux-ci ?

Ils ont des histoires fascinantes, avec toute cette action et ces effets que vous attendez, mais ce qui séparera In Twilight’s Shadow, c’est qu’il pose cette question au public : « Si l’on déposait la vie éternelle à vos pieds et que vous pouviez avoir presque tout, que désireriez-vous le plus ? » Je pense que notre réponse à cela vous intriguera.

Au final, je voudrais savoir qu’est-ce que vous regardez dans les films de genre grand public. Pensez-vous que les femmes, queer ou non, dans la science-fiction, l’action ou les films de super héros ont des problèmes en ce moment ? Qu’elles sont reléguées à jouer les épouses, les assistantes, les petites amies, les demoiselles en détresse, etc. ? Si oui, comment arranger cela ?

Il est vrai que les femmes étaient typiquement reléguées aux rôles secondaires ou stéréotypées, bien qu’elles aient été traitées plus favorablement à la télévision.

Mais nous ne pouvons nier que l’on nous a également offert des femmes fortes dans de  bons rôles de films d’action  – Sigourney [Weaver], Angelina [Jolie], Charlize [Theron], Uma [Thurman], Linda [Hamilton], Milla [Jovovich] et Keira [Knightley] – juste pour en citer quelques unes. Mais elles sont peu et loin les unes des autres.

Je pense malheureusement, que c’est pire dans notre communauté et que ça le restera probablement pendant encore longtemps. Les réalisateurs – spécialement en Amérique – queer font littéralement des courts métrages et des films par eux-mêmes avec des cacahuètes, alors que l’action et la science-fiction exigent au moins une augmentation aux noix de cajou – Merci à Dara [Nai] pour la métaphore – et un certain niveau de soutien.

Jusqu’à ce que nous commencions à recevoir à la fois l’assistance tant financière que créative des réseaux queer et des compagnies de production, avec le soutien du public aux guichets et aux festivals, alors le seul espoir pour les femmes – queer ou non – réside dans ce genre de films menteurs aux mains de quelques réalisateurs hétérosexuels connus – ce qui est fantastique mais pas encore suffisant.

Traduction Isabelle B. Price

Interview Originale sur le site Afterellen.com

A propos de Isabelle B. Price

Créatrice du site et Rédactrice en Chef. Née en Auvergne, elle s’est rapidement passionnée pour les séries télévisées. Dès l’enfance elle considérait déjà Bioman comme une série culte. Elle a ensuite regardé avec assiduité Alerte à Malibu et Les Dessous de Palm Beach avant l’arrivée de séries inoubliables telles X-Files, Urgences et Buffy contre les Vampires.

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