Après l’amour d’Agnès Vannouvong

Après l'amour agnès vannouvong

Titre Français : Après l'Amour

Titre Original : Après l'Amour

Auteur : Agnès Vannouvong

Date de Sortie : 22 Août 2013

Nationalité : Suisse

Genre : Roman Contemporain

Nombre de Pages : 208 Pages pages

Éditeur : Mercure de France

ISBN : 978-2715234185

Après l'Amour : Quatrième de Couverture

“Héloïse m’appelle « ma belle surprise ». Elle a ses petits trucs, les balades à moto, un parfum addictif, des pièges à filles. Les cloches de l’église Saint-Eustache ponctuent toutes les heures nos étreintes. J’aime caresser la peau, son dos, ses bras durs, le sexe doux sous la langue, les soupirs, les sourires entre les baisers, les rires. Je l’adore et honore son sexe. Un souffle, une parole, un geste provoquent le rapprochement des corps. J’aime notre intimité. Je veux essayer toutes les positions, tous les rythmes. Après les orgasmes, elle se serre très fort contre moi, je suis perdue. M’abandonner serait une aventure, alors je glisse, indéterminée, ouverte à tous les possibles.”

Lorsque la narratrice se sépare de sa compagne Paola avec qui elle vivait depuis dix ans, sa vie bascule. Collectionnant les amantes, elle part à la recherche effrénée du plaisir et de la jouissance : de Paris à New York, de Rome à Berlin. Pourtant après l’amour, le manque est inéluctable. Dans cette ronde de la séduction, toutes ces Edwige, Garance, Éva, Delphine et autres conquêtes furtives prolongent l’absence de Paola… La rencontre avec Héloïse amorcerait-elle un tournant ?

Mêlant brillamment romantisme et crudité, douceur et violence, Après l’amour est un roman sensuel et sexuel qui explore la fulgurance du désir féminin.

Agnès Vannouvong enseigne les gender studies à l’université de Genève. Après l’amour est son premier roman.

Après l'Amour : Avis Personnel

Après l’Amour est un des succès de l’année 2013. Un roman lesbien qui a dépassé les frontières du genre (peut-être que le fait d’avoir été édité par Mercure de France, une maison d’édition généraliste a aidé). Je l’ai lu il y a plusieurs mois mais ma critique s’est faite attendre. Parce que j’aurais aimé succomber au plaisir des critiques dythirambiques découvertes à droite et à gauche. Malheureusement ça n’a pas été le cas et, expliquer pourquoi va être plus difficile que de juste faire une critique positive et sympathique.

Je vais aller droit au but, ce livre est très très bien écrit. Le style est magnifique, l’auteure sait ce qu’elle fait, où elle va avec ses phrases courtes et percutantes. Elle emprisonne et emporte le lecteur du début à la fin. Seulement voilà c’est la qualité mais également le défaut de ce livre. Parce qu’au-delà de cet excellent style l’histoire est connue et peu intéressante.

L’héroïne et sa compagne Paola ont rompu. Cela arrive à tout le monde, cela vous est certainement déjà arrivé. Elle va être mal, sombrer dans une grosse déprime et sa solution pour ne pas tomber plus bas va être de faire des rencontres et de coucher avec de nombreuses femmes. Soit. Aucun jugement de ma part, chacun réagit comme il peut à ce type d’épreuves. Ce n’est pas évident de passer de « nous » à « je », je vous l’accorde. Sauf que ces rencontres éphémères ou légèrement durables tournent vite en rond. Une première, une seconde, une autre etc… Les noms changent, les lieux aussi mais l’histoire s’enlise et l’héroïne n’avance pas tout comme le lecteur qui au bout d’un moment se demande si en sautant quelques pages il n’arriverait pas plus vite à la fin.

Et au final, loin de m’attacher à l’héroïne du livre, je n’ai pas été touchée par sa vie ni par le personnage dépeint. Pourtant, comme beaucoup j’ai fait l’expérience de la rupture et même l’identification basique n’a pas fonctionné. Je me suis demandée si la qualité du style n’avait pas entraîné une froideur presque chirurgicale m’éloignant au lieu de me rapprocher.

Ceci n’est qu’un avis personnel qui, j’en ai conscience, ne rejoint pas la majorité des avis très positifs que j’ai eus sur le livre. Pour autant, je préfère jouer la carte de l’honnêteté. Peut-être ai-je mal abordé cet ouvrage, le voyant comme un roman plutôt que comme une quête de reconstruction. Je ne sais pas, le fait est qu’il ne m’a pas touchée et que sa lecture m’a ennuyée malgré toutes les qualités d’écriture que je reconnais à l’auteure.

Après l'Amour : Extraits

“Ça se passe très vite. Paola me quitte. Je bascule hors d’une zone de sécurité. Je glisse et, déjà, je construis ma défaite. D’avance, je connais le prix de la séparation. L’absence de la peau, du rire, du parfum. Alors j’anticipe et accomplis les gestes de premiers secours. Vite, je me relève, je respire dans la vague, je me rassemble.
Tu claques la porte, tu me regardes comme si c’était la dernière fois. On ne se reverra que chez le notaire. Tu vends tout, dans une apnée convulsive. Tu m’informes par courrier électronique de ta stratégie d’évidement. Tu construis un espace vide où l’air se raréfie. Les meubles seront bientôt trop grands pour nos deux petits appartements de solitude. Ils disparaissent les uns après les autres et déposent sur le parquet une légère trace de poussière. C’est bien connu, la séparation fait fondre les graisses et appauvrit économiquement. Elle dépossède des biens acquis et déprogramme la mémoire affective. Elle laisse sur le carreau, avec une boule d’angoisse plantée bien droit, dans chaque muscle. Tu ne tergiverses pas. Je ne résiste pas. Je suis surprise par la force de ta détermination. Dans ce bras de fer sans corps et sans parole, le royaume de l’af-fect est banni. Il est un antidote à la douleur. Paola a l’élégance d’attendre la fin de ma thèse pour passer à l’action.
– Je te préviens, j’organise le pot de soutenance. Pour les courses, le ménage et le reste, tu te débrouilleras.
Elle avait tenu sa promesse. Malgré le titre de docteur es lettres qui m’avait coûté une vie de rat de bibliothèque, Paola m’avait quittée pour la bouchère du coin. Dix ans de moins au compteur. Le teint rougi par les chairs animales découpées au petit matin. Derrière les vitres réfrigérées, les doigts sont sanglés de bagues plaquées or. Je m’aperçois de leur liaison un dimanche. La jeune bouchère double le reçu de la carte bancaire d’un billet doux. J’intercepte le message, au milieu d’un nuage de carottes, oignons nouveaux, topinambours, roquette, magret de canard et bouchées à la reine. Le quartier entier se marre, dans la lumière âpre du matin sale. Je suis horrifiée. Dans la boucherie, boulevard Voltaire, les petites vieilles temporisent. Il faut que jeunesse se passe ! Les vieux rient et s’en vont finir leur ballon au bistrot. Je regarde Paola, rougeaude comme la bouchère aux joues rôties.
Paola part sans préavis. Me revient en tête la plaisanterie préférée de mon amie Maggie qui vit à Park Slope, l’extension américaine de Lesbos. Que font deux lesbiennes lorsqu’elles se rencontrent pour la seconde fois ? Silence interrogateur. Elles emménagent ensemble. Maggie m’avait rapporté cette blague à l’époque où je partageais sa maison à Brooklyn. Le week-end, on assistait aux matchs de base-ball des équipes féminines. On admirait les prouesses sportives de la Fem’s team, Suprem Dyke ou TrannyPussy ball. Dans le public jappait une horde de chiens, au milieu de poussettes d’où sortaient les têtes de bébés inséminés nés sans drame et sans père.”

A propos de Isabelle B. Price

Créatrice du site et Rédactrice en Chef. Née en Auvergne, elle s’est rapidement passionnée pour les séries télévisées. Dès l’enfance elle considérait déjà Bioman comme une série culte. Elle a ensuite regardé avec assiduité Alerte à Malibu et Les Dessous de Palm Beach avant l’arrivée de séries inoubliables telles X-Files, Urgences et Buffy contre les Vampires.

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