La Vengeance de Mademoiselle Jin : Interview de Véronique Bréger

La Vengeance de Mademoiselle Jin : Interview de Véronique Bréger

Interview accordée à Isabelle B. Price le 09 Janvier 2011 pour le site Univers-L.com

Vous avez exploré un peu tous les genres à travers vos romans, de la romance lesbienne (Kilomètre 24) au roman de science-fiction (Les Chroniques d’Ouranos) en passant par de nombreux autres genres. Comment définiriez-vous La Nuit des Orpailleurs et La Vengeance de Mademoiselle Jin ? Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce genre littéraire ?

La Nuit des Orpailleurs et La Vengeance de Mademoiselle Jin s’inscrivent dans la tradition des romans qui mêlent aventure et suspense, énigme à résoudre et quête de trésors légendaires.
Le personnage principal est une femme « ordinaire », pas tant que ça finalement, qui se trouve propulsée par l’enchainement des évènements, dans des  situations parfois extraordinaires.

Ce sont des histoires à tiroirs. Imaginez une armoire avec de multiples tiroirs, certains sont visibles d’autre cachés. Chaque contenu de chaque tiroir est indissociable de l’ensemble pour comprendre les mystères cachés dans l’armoire. Les différents chapitres de La Nuit des Orpailleurs ou de La Vengeance de Mademoiselle Jin sont ces tiroirs que l’on ouvre et qui nous entrainent vers une question ou une réponse…

Était-ce important pour vous de mêler l’Histoire avec le thriller ?

C’était évident pour ces romans dans le sens où les lieux des différentes aventures sont des lieux chargés en histoire. J’aurais pu y faire simplement référence, mais il m’est apparut important que certains chapitres se déroulent dans des époques différentes de la notre.
D’une part cela me permettait de donner du corps aux personnages historiques et d’autre part de poser ma fiction sur des « morceaux » de la grande Histoire.

Comment est né le personnage d’Évi Marc ?

Le personnage de la détective Évi Marc est né en septembre 2005 alors que je posais les bases d’un synopsis qui deviendrait La Nuit des Orpailleurs.
Tout a commencé par l’idée d’une histoire se déroulant aux alentours d’une ancienne mine d’or du Limousin.
Voici les phrases sur lesquelles j’ai démarré la réflexion de La Nuit des Orpailleurs :
Limousin. Mine d’or. Une maison en pleine campagne. Une maison style grande maison bourgeoise du 19ème ayant appartenu à un couple sans enfant. Ils ont beaucoup voyagé. Dans la maison il y a des statues, des sculptures, des poteries, des objets ramenés des voyages. 1929 – L’homme est le responsable de la mine d’or. La femme de l’homme est africaine. Ils vont se faire assassiner.
De nos jours – Une détective privée (prénom et nom à déterminer) est invité par un copain dans le Limousin, il vient d’acheter une maison. La maison de 1929.
La détective : née à Paris le 08/05/1976 – 1m80 – Peau mate – Yeux noirs – Cheveux quasi-rasés – Sportive : escalade, course à pied, cheval, natation, etc… Adore s’habiller en salopette et débardeur.
Évi Marc, dont je n’avais pas encore décidé du patronyme commençait à se dessiner.

C’est une héroïne à la fois forte et sensible. La psychologie du personnage a-t-elle été difficile à créer ?

Je ne sais pas si Évi est aussi forte que cela, je dirai plutôt qu’elle sait prendre ses responsabilités. Elle a peur, elle doute parfois, elle connaît ses faiblesses, mais elle est capable de se surpasser. C’est un personnage attachant et complexe… très humain.

D’ailleurs, Évi connaît beaucoup de morts, non ?

Oui, ça trucide et ça flingue pas mal en effet… et ce n’est pas fini !

Pourquoi avoir choisi d’ancrer vos deux romans dans le Limousin en particulier ?

Le choix s’est imposé d’une façon assez inattendue alors que nous conversions avec des amis. À la question de l’un d’entre eux : « pourquoi ne situerais-tu pas l’un de tes romans dans ta belle région », j’ai répondu : « oui, pourquoi pas… ». Aussitôt l’image d’un souterrain ouvert sur la forêt, l’une des entrées des anciennes mines d’or, s’est matérialisée.
Le Limousin est une terre de mystères et de légendes. De Limoges, la ville où je suis née on ne connaît la plupart du temps que sa porcelaine ou encore le verbe « limoger ». C’est très réducteur. Ces romans sont pour moi l’occasion d’inviter mon lectorat à la découverte d’un territoire secret en dehors des sentiers battus touristiques habituels.

Entre l’ex-patron d’Évi, Luigi, Bérengère, le capitaine Paradis et Mademoiselle Jin, les personnages secondaires sont très importants et fouillés. C’est quelque chose qui vous tient à cœur ?

Pour répondre à la question je serais tentée de dire qu’en réalité il n’y a pas un personnage principal mais plusieurs. C’est d’ailleurs l’un des points communs à tous mes romans. Oui, il est très important que tous les personnages soient identifiables par ce qui les caractérise.
Luigi l’ex-boss d’Évi est en quelque sorte son mentor, celui qui lui met les pieds à l’étrier pour ces premières enquêtes alors qu’elle n’aurait pas songé à devenir détective. Dans La Nuit des Orpailleurs, Évi rencontre Bérengère. Bérengère, c’est la femme qui porte le mystère, celle qui va accompagner Évi dans sa découverte d’une terre à la fois hostile et terriblement attrayante. Concernant le capitaine Marie-Jeanne Paradis, il me fallait un flic pour le second tome des aventures d’Évi. Il se trouve que j’en avais un en réserve qui attendait de reprendre du service depuis sa dernière aventure dans À titre Provisoire. Quant à Mademoiselle Jin… ce personnage est l’un de ceux qui a mis le plus de temps à germer avant de fleurir. Je suis sans conteste plus habituée aux caractères latins qu’aux mentalités orientales.

La mère d’Évi est Grecque. Le second tome débute par une visite en Grèce, vous êtes toujours autant attachée à ce pays ?

La preuve… Je ne peux pas m’empêcher de mettre un peu de Grèce dans mes histoires… c’est plus fort que moi. Le site des Météores où Évi Marc est envoyée par les services secrets français est un endroit qui m’a fortement impressionnée. Je savais en y passant que j’en parlerais dans l’un de mes romans.

Combien avez-vous imaginé d’épisodes pour la série des « Évi Marc » ?

À priori la série se déclinera en trois volets. Le troisième opus est en chantier et il devrait clore l’aventure. Trois me semble être le bon chiffre. Je ne voudrais ni faire de redite, ni lasser mon lectorat. Je sais aussi que j’aurais envie de faire autre chose après le clap de fin.

Dans le premier tome on avait senti poindre le début d’une romance entre Évi et Bérengère mais plus rien dans le second tome. Évi aura-t-elle la chance de tomber vraiment amoureuse un jour ?

Cette chance n’est pas donnée à tout le monde… le destin d’Évi n’est pas encore écrit. En réalité, je suis pour l’instant incapable de répondre à cette question.

Évi passe son temps à manger tout ce qui lui fait envie sans jamais prendre un gramme. C’est le rêve de beaucoup de femmes. Comment avez-vous eu l’idée de cette particularité physique ?

Après le dénouement de La Nuit des Orpailleurs, Évi n’est plus la même. Cette aventure a bouleversé sa perception de la vie mais aussi les réactions de son corps. Je ne voulais surtout rien dévoiler de la trame du suspense du 1er opus et j’ai trouvé ce signe extérieur d’addiction. La nourriture comme carburant… sauf que le moteur interne d’Évi est déréglé et que l’absence de carburant peut lui être fatale dans un laps de temps anormalement court.
Pourquoi cette idée ? Sans doute, parce que j’aime faire la cuisine.

Après Les Chroniques d’Ouranos, vous avez une nouvelle fois illustré les deux tomes. C’était indispensable pour vous ?

Il m’est parfois impossible d’écrire parce que je n’en n’ai pas envie, parce que je suis fatiguée… le dessin agit comme une relaxation, un palliatif, une continuité dans l’expression. Les illustrations sont l’un des moteurs de chacun de mes chantiers d’écriture.
Avec cette maison d’édition, Les Ardents Editeurs, qui a fait le pari (réussi) de remettre au goût du jour le roman illustré, j’ai trouvé le terrain de jeu idéal.

La Nuit des Orpailleurs et La Vengeance de Mademoiselle Jin sont des romans grand public qui présentent des personnages homosexuels. Vous travaillez toujours autant à la visibilité lesbienne ?

Quand j’ai envoyé mon tapuscrit de La Nuit des Orpailleurs aux Ardents Editeurs, je ne m’attendais pas à ce que la maison d’édition plébiscite de façon ferme et définitive cet aspect de ce roman.
Oui, ce sont des livres « grand public » et j’en profite pour faire passer des messages… hors clichés. Je n’ai pas besoin d’en faire une résolution, il est certain qu’il y aura toujours des personnages homos dans mes romans.

On a eu différentes périodes de l’Histoire mêlant alchimie et tradition chinoise. Autour de quoi va tourner le prochain épisode ?

La fin de La Vengeance de Mademoiselle Jin donne de précieux indices. Il y a notamment cette photo jaunie qu’Évi trouve dans une lettre qui lui est adressée, sur laquelle on distingue deux hommes en soutane. De là à dire qu’il y sera question de religion…

Vous connaissez déjà le titre et la date de sortie du prochain volume ?

Je travaille avec un titre provisoire que je proposerai à l’éditeur comme à chaque fois lors de la remise de la 1ère version. Ce titre ne sera peut-être pas retenu. Donc non, je ne connais pas le titre.
Pour ce qui est de la date de sortie… il convient d’abord que le chantier soit achevé. Fin 2012 reste possible.
Dès que j’aurai un peu de visibilité, je communiquerai via mon site Internet.

A propos de Isabelle B. Price

Créatrice du site et Rédactrice en Chef. Née en Auvergne, elle s’est rapidement passionnée pour les séries télévisées. Dès l’enfance elle considérait déjà Bioman comme une série culte. Elle a ensuite regardé avec assiduité Alerte à Malibu et Les Dessous de Palm Beach avant l’arrivée de séries inoubliables telles X-Files, Urgences et Buffy contre les Vampires.

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