Natalie Clifford Barney (1876-1972)

Natalie Clifford arney

Natalie Clifford Barney est peut-être une des lesbiennes du passé les plus connues. Née aux États-Unis, ouvertement lesbienne depuis l’âge tendre de 12 ans, installée à Paris, elle cumula les histoires d’amour et les aventures sexuelles dans le Paris des années 1900 à 1930. Elle écrivit aussi de nombreuses œuvres, y compris des poèmes d’amour à des femmes ou des récits autobiographiques qui ne cachent rien de cette préférence sexuelle et nous connaissons encore nombreuses de ses lettres qu’elle échangea avec des maîtresses.

Qui fut donc celle que Rémy de Gourmont surnomma « l’Amazone » ?

Natalie est née dans une famille américaine très aisée : son père était entrepreneur des chemins de fer et sa mère était une femme visiblement intellectuelle et curieuse de la vie et du monde. Elle était l’aînée d’une famille de deux sœurs. Elle vécut ses dix premières années dans l’Ohio, à Dayton, puis suivit sa famille à Washington DC. Elle reçut une éducation libérale et ouverte : elle apprit le français avec une préceptrice, alla dans les musées et au théâtre très jeune.

Quand sa mère quitte les États-Unis pour s’installer à Paris, elle la suit. Sa mère inscrit ses deux filles à l’école  Les Ruches, une institution bourgeoise, féministe et privée, créée par Marie Souvestre et sa compagne Caroline Dussault à Avon, près de Fontainebleau. C’est un lieu qui a inspiré en 1949 à l’ancienne pensionnaire Dorothy Bussy, la sœur de Lytton Strachey (écrivain britannique homosexuel notoire, proche de Virginia Woolf), un roman intitulé Olivia qui raconte la passion amoureuse d’une jeune pensionnaire pour la directrice de l’école. Natalie se retrouve donc dans un pensionnat qui ne va pas contraindre ses penchants. Bien au contraire.

En 1899, lors d’un voyage à Paris, elle découvre dans un spectacle de cabaret la courtisane Liane de Pougy, dont elle tombe amoureuse. Liane de Pougy a alors 30 ans.

Natalie Clifford arney

Natalie en a 23. Pour rencontrer sa belle, elle s’habille en page et lui déclare son amour. Liane de Pougy, qui est alors considérée comme l’une des plus belles femmes de France, tombe follement amoureuse de Natalie. Une liaison passionnée commence dont Liane de Pougy parle dans Une idylle saphique, un ouvrage scandaleux qui sort en 1901. Mais Natalie n’est pas fidèle et Liane de Pougy est une femme trompée. Le père de Natalie ordonne à sa fille de rentrer à Washington et tente de lui trouver un fiancé. En vain. En Amérique, elle publie un recueil de poèmes, Quelques portraits. Sonnets de femmes, illustré par sa mère dans lequel elle évoque quelques unes de ses liaisons féminines. À Washington, Natalie est immédiatement surnommée par les journaux la « Sapho » de Washington.

Natalie Clifford arney

Sa mère, plus compréhensive que son père, l’éloigne alors de la société puritaine de Washington et toutes deux repartent à Paris en 1902. Natalie s’y fixe pour de bon. Elle parle alors parfaitement français, sans le moindre accent et écrit dans les deux langues, le français et l’anglais. Pour ceux et celles qui la rencontrent, la perception d’une diablesse, d’une briseuse de cœurs domine. Même sa mère la représente ainsi en 1902.

Natalie Clifford arney

Ses premières conquêtes sont des modèles féminins qui posent pour sa mère, une élève du peintre américain Whistler. Elle rencontre également, au tournant du siècle, la poétesse Renée Vivien.

Natalie Clifford arney

Cette photographie immortalise les deux femmes : Natalie est assise sur la banquette tandis que Renée, habillée en homme, se tient debout.

Renée Vivien et elle vivent une liaison orageuse qui déstabilise beaucoup Renée. Renée est romantique : elle offre des bouquets de fleurs et des poèmes à Natalie, est fidèle, aime l’intimité de soirées à deux. Natalie aime les soirées mondaines, aime séduire et multiplie les conquêtes.

Natalie Clifford arney

Répondre