Des Années si Lisses de L-N. Gagnou

Des Années si Lisses de L-N. Gagnou

Titre Français : Des Années si Lisses

Titre Original : Des Années si Lisses

Auteur : L-N. Gagnou

Date de Sortie : Novembre 2007

Nationalité : Française

Genre : Roman Contemporain

Nombre de Pages : 176 pages

Editeur : La Cerisaie

ISBN : 978-2-9114908-42-9

Des Années si Lisses : Quatrième de Couverture

« Car les petites sœurs, un jour ; elles cessent de vous aimer. Vous entendiez leurs rires, leurs serments, leurs confidences. Elles vous sautaient au cou, vous serraient dans leurs bras, elles n’avaient pas assez de mots pour vous dire leur tendresse, et vous n’aviez pas assez de cœur pour contenir toute votre joie. Et puis la source, brutalement, se tarit ; vous attendez des paroles qui ne sont plus prononcées, des gestes qui ne sont plus même esquissés. A quoi bon le souligner ; le reprocher ? Les amours qui se meurent sont déjà des amours mortes. Et vous reprenez votre chemin, plus seule, plus lourde. Vous n’aurez plus de petite sœur.
Quand a-t-elle commencé à me lâcher la main, Isabelle ? »

Un roman sur l’histoire de la perte d’une affection, du deuil fragile auquel nous parvenons, de tous les retentissements que cette privation va avoir sur notre vie, et partant sur celle des autres.
Une interrogation sur les effets désastreux du silence, cette lente dérive dans laquelle il nous entraîne, alors que nous le croyons protecteur.

Dans son deuxième roman, L-N. Gagnou explore, avec finesse et acuité, ces jours sans fin où l’angoisse de la mort ravive les douleurs inexprimées.

Des Années si Lisses : Avis Personnel

Laurent est une femme d’une quarantaine d’années qui a fait son petit bonhomme de chemin, tranquillement, en essayant de heurter le moins de personnes possibles. Elle a mené son existence tranquillement, pas véritablement caché mais plutôt dans l’ombre des autres. Aujourd’hui elle partage sa vie tranquille et paisible auprès de la femme qu’elle aime. Malheureusement, des brûlures d’estomac et des difficultés d’alimentation l’amènent à consulter un médecin. Elle va sortir de cette consultation déboussolée et perdue, persuadée qu’elle est atteinte d’un mal incurable.

Cette confrontation directe à sa propre mort va amener Laurence à s’interroger sur sa vie, sur ses choix, sur sa famille… Elle va le faire tout doucement, au fil des pages, quand son quotidien s’y prêtera. Entre sa compagne architecte passionnée par son métier, son chat collant comme seul un chat peut l’être, ses échanges sur Internet avec une jeune femme et son travail de musicienne baroque qui la comble de joie, elle va petit à petit retrouver le chemin perdu vers sa sœur, Isabelle.

Et au fil des pages va se dresser la raison d’un éloignement accepté des deux côtés comme s’il était immuable et le besoin de renouer avec ses racines et ceux que l’on aime. Ce roman dégage parfois une grande poésie et nous permet de comprendre les ravages du silence. Pour autant, la « maladie » qui sert de déclencheur m’est apparue terriblement cliché au début, au point de me repousser parce que je commence à un peu trop connaître le processus de l’introspection à cause d’une pathologie non identifiée qui s’avère au final totalement bénigne.

Un livre qui pose de nombreuses questions et qui offre un intéressant point de vue sur la famille. Mon coup de cœur ira cependant plutôt à la représentation du couple lesbien, à sa force tranquille et à sa stabilité. Des femmes d’une quarantaine d’années bien dans leurs baskets et libres qui donnent l’exemple en somme.

Je vous laisse juger par vous même.

Des Années si Lisses : Extraits

« Je n’ai pas eu une claire perception de la fin du trajet. Je suis descendue où il fallait, c’est tout – triomphe des automatismes. Ma clef, ouvrir porte. Caton vient m’accueillir, se frotte contre ma jambe, en laissant une grosse traînée de poils blancs sur mon jean. Je lui accorde une caresse distraite, un gratouillis du bout des doigts entre ses oreilles. Je m’aperçois alors que mes jambes flageolent. S’asseoir. Réfléchir. Je m’assieds, mais ne réfléchis pas. Ma main, sans moi, s’empare du téléphone. Divers bruits électroniques, je sais que mon nom s’affiche sur son écran, et :
– Laurence ? Je t’écoute !
– Oui, c’est moi. (Qu’est-ce que je dis ? Elle le sait bien que c’est moi !) Je sors de chez le docteur, là.
– Eh bien ?
– Il m’a ordonné des analyses.
– Ca ne me paraît pas étonnant !
– Moi si, il ne m’a rien dit, seulement il m’a paru inquiet ; il m’a posé tout un tas de questions sur mes antécédents familiaux, et tout…
– Et tout quoi ? C’est bien normal, ces questions ; c’est le contraire qui ne le serait pas.
– Et si c’était vraiment grave ?
– Mais non, ma puce. Tu n’es pas plus malade à présent que tu ne l’étais hier ! On va juste t’examiner, d’accord ? Et ensuite on pourra soigner ce que tu as. Tu ne peux pas rester comme ça, avec ces troubles erratiques, et cette fatigue !
– Hélène, j’ai peur !
– Bon, écoute : j’ai un chantier à voir ce soir, c’est impératif ; j’y passe tout de suite. Ensuite je rentre. D’ici là, tu ne t’inquiètes pas, tu te prends un goûter, et tu t’écoutes un bon disque. Je t’embrasse, m’amour, à tout de suite.
Est-ce que ses paroles me rassurent ? Je me dis qu’elle sait nier encore plus fort que moi. C’est plus facile quand on n’est pas concerné. Et immédiatement, j’ai honte de ce que je viens de formuler ; Hélène, pas concernée ? Elle n’est tout autant que moi, non ? Si je suis malade, vraiment malade, son existence va en être aussi bouleversée que la mienne. Et si je meurs… Mon estomac. De lui viennent tous les signaux. Depuis trois semaines, je respire à son rythme, je l’écoute, je le cajole. Moi qui me croyais une intellectuelle, je ne dialogue plus qu’avec lui. Moi qui vis de la musique, je ne suis plus sensible qu’à ses borborygmes. Il est devenu mon centre vital, mon interrogation existentielle. Je me rappelle un poème de Valéry Larbaud sur le sujet, il faudra que je le retrouve ; je le recopierai et l’afficherai au mur, dans mon bureau. Il sera un dérivatif à mes médications sinistres ; il faut soigner le mal par le mal. Du Larbauch 9CH, Monsieur le pharmacien, s’il vous plaît ! » (Pages 10-11)

A propos de Isabelle B. Price

Créatrice du site et Rédactrice en Chef. Née en Auvergne, elle s’est rapidement passionnée pour les séries télévisées. Dès l’enfance elle considérait déjà Bioman comme une série culte. Elle a ensuite regardé avec assiduité Alerte à Malibu et Les Dessous de Palm Beach avant l’arrivée de séries inoubliables telles X-Files, Urgences et Buffy contre les Vampires.

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