Cineffable – 1ère partie – Le débat autour des lesbiennes réfugiées

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On ne présente plus Cineffable, c’est maintenant un rendez-vous incontournable du cinéma lesbien et féministe. Après avoir assisté quelques fois au London Lesbian Film Festival de la BFI, j’avais décidé cette année, pour célébrer mon retour en France, de me faire ma propre opinion sur la version parisienne. Et je n’ai pas été déçue ! En addition d’une programmation alléchante de courts et longs métrages de toutes nationalités, Cineffable proposait de nombreux débats.

Et c’est justement par un débat que j’ai commencé ma visite. Une discussion autour du droit d’asile des lesbiennes en présence du Collectif « les Lesbiennes dépassent les Frontières »… Un moment intense. C’est le moins qu’on puisse dire. Se retrouver face à une quinzaine de femmes ayant fui leur pays en raison des persécutions qu’elles y subissaient, le tout en raison de leur orientation sexuelle, c’est loin d’être anodin. Pourtant, lorsqu’elles abordent leur rencontre avec le Collectif, les sourires reviennent soudain sur leurs visages. Ces femmes réfugiées nous ont expliqué, avec beaucoup d’émotion, comment elles avaient trouvé avec ce réseau, plus qu’un groupe de soutien, plus qu’une aide pratique pour gérer la demande d’asile, une véritable famille d’adoption.

Les représentantes du Collectif ont, de leur côté, exposé leur travail en collaboration notamment avec l’ARDHIS (Association pour la Reconnaissance des Droits des personnes Homosexuelles et transsexuelles à l’Immigration et au Séjour). Elles ont présenté le réseau d’entraide qu’elles ont monté, et mis en avant la nécessité de préparer les réfugiées aux entretiens avec l’OFPRA. En effet, pour obtenir le droit d’asile, il est obligatoire de « prouver » son homosexualité. Alors évidemment, on peut se poser la question : Comment prouve-t-on qu’on est lesbienne ? La réponse est à la fois simple et éminemment délicate. Il faut en effet raconter son histoire, parler de sa vie personnelle et exposer le quotidien d’une relation avec une autre femme. Hors non seulement, ce n’est pas chose facile, face à un agent de l’OFPRA totalement inconnu et parfois de sexe masculin, mais ça l’est d’autant moins pour ces femmes qui ont passé des années à cacher cette facette de leur vie.

Accompagner les réfugiées dans leurs démarches est donc une problématique complexe, on l’aura compris. Et comme cette barrière administrative est presque systématiquement doublée d’un isolement social et d’une précarité matérielle évidente, le collectif ne manque jamais de travail, mais parfois de moyens. J’ai, de mon côté, était vraiment aussi émue par le témoignage des femmes présentes, qu’impressionnée par le travail accompli par le Collectif. Si ce débat fut intense émotionnellement, il fut aussi extrêmement instructif.

Si vous souhaitez les aider ou en savoir plus, voici quelques contacts : lesbiennesdepassentfrontieres@gmail.com et Les Lesbiennes dépassent les frontières

A propos de Sylvie Geroux

Née à Amiens en 1975 et géologue de formation, Sylvie Géroux travaille actuellement à Amsterdam après un séjour londonien de quelques années. Passionnée de lecture, elle commence à écrire à l'adolescence des nouvelles de tous genres, de la romance à la science fiction. C'est finalement chez HQN qu'elle publie son premier roman, Nadya & Elena, la première romance lesbienne de la collection.

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