Destin d’Olga Duhamel-Noyer

Destin d'Olga Duhamel-Noyer

Titre Français : Destin

Titre Original : Destin

Auteur : Olga Duhamel-Noyer

Date de Sortie : 21 Juillet 2009

Nationalité : Canadienne

Genre : Roman Contemporain

Nombre de Pages : 155 pages

Éditeur : Héliotrope

ISBN : 978-2-923511-17-7

Destin : Quatrième de Couverture

Elle avait 13 ans en 83, pendant ces vacances en Espagne. Là où tout commence, le long de la spectaculaire promenade qui borde la mer. Et puis, il y a ces pas de danse aperçus sur l’écran de la télévision, dans un décor ravagé par la guerre. Au cours des années qui suivront, elle trace sa vie comme le ferait un géomètre un peu fou au travers de chemins quasi abandonnés, de routes dangereuses et de bars bondés, dans un va-et-vient incessant. Tout semble répondre à une logique inéluctable et la concordance obsédante des dates et des noms marque constamment les rencontres, celle de Sonny en particulier. Avec Sonny et Hadrien, l’enfant qui aime les passages secrets, il lui sera enfin possible de traverser, sans s’y noyer, les eaux glacées du temps.

Olga Duhamel-Noyer est née en 1970 à Montréal. Son premier roman, Highwater, est paru en 2006.

Destin : Avis Personnel

Ce roman a été une petite surprise. Une surprise très agréable mais à laquelle je ne m’attendais pas, je le reconnais. Au départ, la lecture est assez déconcertante mais petit à petit, on se laisse charmer par l’histoire et entraîner dans la vie de la narratrice, Olga, qui nous raconte ce qu’elle a vécu et traversé. C’est écrit à la première personne et ça ressemble à s’y méprendre à un résumé de vacances. Sauf que cela s’étale sur plus longtemps que sur des vacances, sur toute une vie pour être précis.

Tout commence en 1983. Olga est alors âgée de 13 ans. Elle fait un voyage en Espagne avec sa mère, âgée de 38 ans. 38 ans c’est l’âge qu’Olga a aujourd’hui quand elle écrit, c’est l’âge qu’avait son parrain, Alain, quand il est mort du Sida. Ces correspondances de dates et de lieux se retrouvent dans tout le roman et permettent au texte de défiler, fluide et captivant.

Parce qu’on a l’impression qu’Olga ne lutte pas, ne se bat pas, ne cherche rien. On a l’impression qu’elle se contente d’attendre l’amour de Sonny, cette jeune fille de 20 ans rencontrée en France pendant ses vacances et dont le destin va être lié au sien au fil des ans. Elles vont se perdre de vue, se retrouver, vivre ensemble, vivre séparément, être liées, séparées… C’est toujours en mouvement mais en même temps on a le sentiment que ça n’a pas de prise sur Olga qui laisse cela glisser sur elle comme l’eau sur les écailles du poisson.

J’ai beaucoup aimé la manière dont le Sida apparaît et disparaît au gré des pages. Comme on sent que c’est terrible et en même temps comme on refuse d’en parler. Les hommes qu’elle a connus et qui sont décédés, tous ces corps beaux et vivants qui se sont fanés. Le désir d’enfant de Sonny est aussi assez surprenant et pose question. Au départ très égoïste, il permet ensuite la création d’une véritable famille de cœur auprès d’Hadrien. Sonny sa mère, Hicham son père, Olga qu’il appelle maman quand il se trompe. La comparaison avec le flocon m’est apparue belle et réelle.

Ce qui est fort c’est la manière dont l’auteure semble ne prendre parti pour rien et arrive à rendre belle et « normale » la vie d’Olga, entre bisexualité et homoparentalité. Une œuvre surprenante et un brin déconcertante qui vaut vraiment la peine d’être découverte.

Destin : Extraits

« D’un œil distrait j’avais regardé les images à l’écran. Je ne sais plus si en 83 les télés des hôtels étaient équipées de télécommande. Sans doute. À la maison nous avions depuis peu une minuscule télé noir et blanc avec la rondelle qui faisait tacatacatac pour changer les postes. Et puis un film a commencé. L’action du film se déroulait en Europe centrale durant la guerre. Je me souviens d’une petite maison de bois et de la campagne brûlée, des arbres calcinés à perte de vue et de la neige. Le film est une traversée de l’enfer. À un moment, les deux héroïnes sont dans la maison, le gramophone fait entendre un air sur lequel elles dansent malgré la catastrophe de la guerre, leurs pas ont quelque chose de saccadé, et leurs lèvres vont se toucher longtemps. Elles portent toutes les deux des vareuses tachées, trop grandes, récupérées avec peine sur des cadavres raides. Ni l’une ni l’autre ne ressemble aux épouses que l’on voit dans tant de films.
Pour une raison qui m’est inconnue, cette scène a transformé ma vie. J’avais pourtant vu un film déjà où de plantureuses Italiennes se caressaient longuement, mais le film entier m’avait laissée de glace. Alors que le baiser de ces deux femmes, perdues dans des territoires désolés où un hiver terrible menaçait de famine les derniers vivants alentour, avait eu sur moi l’effet d’une révélation. » (Page 10)

A propos de Isabelle B. Price

Créatrice du site et Rédactrice en Chef. Née en Auvergne, elle s’est rapidement passionnée pour les séries télévisées. Dès l’enfance elle considérait déjà Bioman comme une série culte. Elle a ensuite regardé avec assiduité Alerte à Malibu et Les Dessous de Palm Beach avant l’arrivée de séries inoubliables telles X-Files, Urgences et Buffy contre les Vampires.

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