Interview accordée à Lesley Goldberg le 2 août 2010 pour le site Afterellen.com
Jessica Capshaw est la moitié du couple phare lesbien de nos soirées et elle est assez obstinée pour réussir à briser puis réparer le cœur de Callie Torres, tout ça en une seule saison. Dans Grey’s Anatomy, le Dr. Arizona Robbins est aussi la plus fougueuse du Seattle Grace Hospital – et la seule à porter des baskets à roulettes. Et pour Jessica Capshaw, ce rôle revêt une plus grande importance encore à cause de ce qu’il signifie pour la communauté LGBT : la visibilité.
Arizona ne porte peut-être pas son orientation sexuelle en bandoulière, mais Jessica Capshaw a bon espoir que “Calzona” ouvre la voie à un déferlement d’intrigues homosexuelles sur les chaînes télé.
AfterEllen.com a profité de la fête de l’ABC’s Television Critics’ Association pour discuter avec Jessica Capshaw de son rôle d’Arizona, de ce qui attend l’influent couple lesbien et des espoirs qu’elle fonde pour elles deux.
Nous sommes toutes de grandes fans de la série, surtout de “Calzona”.
[Rires] La pizza repliée, oui ! Vous ne pouvez pas rendre ce nom sexy à mes yeux, je suis désolée. Mais c’est adorable !
Sara Ramirez et vous êtes le plus important couple en primetime pour la communauté lesbienne et il semblerait que les intrigues homosexuelles diminuent en ce moment.
Je sais. J’aime le voir comme un début. C’est tellement drôle parce que quand j’ai rejoint la série au tout début, quand les gens me posaient des questions sur le rôle, le fait d’être dans la série, et comment c’était, invariablement dans les cinq premières questions, il y avait toujours : « Comment est-ce de jouer un personnage lesbien à la télévision ? » Je répondais toujours – parce que c’est comme ça que je le ressens – que je ne jouais rien; que c’était juste une relation qui avait l’air d’avoir du sens et c’est un peu la façon dont j’espère que les gens percevront les choses de l’extérieur.
Il ne s’agit pas d’un mec et d’une fille, ou d’une fille et d’une fille, ou d’un mec et d’un mec – c’est une histoire d’amour. Nous ne sommes que des gens incarnant des personnages. Mais malheureusement, dans ce monde où on doit politiser les choses pour se faire entendre, elles sont l’un des rares couples de femmes à l’écran. Mais j’aime les voir (Callie et Arizona) comme un commencement ; j’aime penser que nous sommes en progression dans la visibilité plutôt qu’en déclin.
GLAAD a récemment sorti son indice de visibilité et ABC a terminé troisième dans le lot avec une “bonne” note mais il y a à l’évidence de la marge pour progresser. Comment voudriez-vous voir Grey’s aider à améliorer cette note ?
C’est peut-être égoïste, mais je pense que la seule façon de le faire est d’être authentique et la seule façon d’être authentique est de raconter des histoires de qualité. Je pense à ça tout le temps avec notre intrigue et il y a eu cette histoire sur le fait d’avoir des enfants, et nous nous sommes presque séparées l’année dernière et les gens étaient tellement en colère suite à ça. Je comprends qu’en tant que fan d’une série, vous vouliez que ce couple reste ensemble alors qu’il ne l’est plus.
Mais le truc c’est que je ne crois pas que le couple doit être prisonnier de : « Il faut qu’elles restent ensemble parce que c’est notre couple homo. » Callie et Arizona doivent traverser ce qu’elles doivent traverser – elles doivent connaître des hauts et des bas, des épreuves et des embûches et il faut qu’elles se séparent et se remettent ensemble ou qu’elles disent : « J’en ai fini avec ça. » et que ça se termine ou dire : « Je veux rester avec toi pour l’éternité, faisons-le. » Je pense qu’il faut apporter sa propre authenticité, la donner à son personnage, à cette histoire qui passe à la télévision. Le résultat, c’est que ça rassemble les gens, au lieu de diviser les publics. C’est pareil, nous sommes tous pareils.
Avez-vous déjà vu The Kids Are All Right ?
Pas encore ! Cela témoigne seulement du fait que j’ai un enfant de 3 ans et mon mari et moi attendons un bébé pour bientôt. On va regarder beaucoup de films avant l’arrivée prochaine du bébé.
Je pense que vous allez aimer parce que la réalisatrice ouvertement lesbienne, Lisa Cholodenko est très habile dans le sens où elle a rendu ça politique en n’y mettant justement aucune politique.
J’ai des amis qui ont l’âge d’aller à l’école, et des frères et sœurs plus jeunes, mais tous mes frères et sœurs sans exception ont eu au moins deux ou trois ou quatre amis dont les parents étaient un couple de même sexe. Encore une fois, c’est le fait d’avoir le plus de visibilité authentique qui compte; ce n’est pas une affaire.
Revenons-en à Grey’s Anatomy, que pouvez-vous nous faire miroiter pour la saison à venir ?
On a rompu l’année dernière pendant l’épisode final de la saison. Peu de personnes traversent un danger de mort, mais ça a été notre cas et je pense qu’après ça, on en est ressorties en sachant qu’on voulait réellement être ensemble. Mais on continuera quand-même à avoir des problèmes. Il reste encore un grand point d’interrogation autour de la question du bébé. Je me fiche du nombre de fois où Arizona a dit vouloir 14 enfants, je ne la crois pas ! [Rires] On verra ce qui va se passer.
Avez-vous déjà repris le travail ?
Oui. On vient juste de faire une session de lecture pour le troisième épisode. C’est génial. Maintenant que j’en suis à deux saisons et demi, j’ai le sentiment d’être moins surprise qu’avant parce que je commence à m’y habituer. Mais je trouve que toutes les intrigues sont vraiment formidables. On a une distribution très large, surtout cette année. On a beaucoup d’histoires en stock.
C’est ce qui est différent dans cette série : Shonda Rhimes vous force à être fan de tout le monde. Si vous ne voulez regarder qu’un couple ou une personne, vous n’allez pas être mécontent parce que personne n’est là en permanence.
C’est vrai. Mais avoir un couple homosexuel dans une série aussi renommée que Grey’s représente tellement pour la communauté LGBT – et pour tous ceux qui ne sont pas sortis du placard.
Ce sont les plus belles lettres que j’ai reçues. C’est ce qui compte le plus pour moi. Honnêtement, je n’avais pas fondé d’espérances sur la durée de mon personnage dans la série. J’ignorais si j’allais jouer un personnage homo ou hétéro. Je pense que j’avais supposé que j’allais être hétéro parce qu’on ne m’avait jamais dit que mon personnage était lesbienne mais je n’avais pas envisagé que j’allais rester; je n’étais sensée être là que pour un petit moment ! Donc quand ça s’est prolongé, ça a été un de ces moments où je me suis sentie vraiment chanceuse de continuer la route, de voir l’histoire se dérouler et découvrir ce qui allait se passer.
Quels sont vos espoirs pour Callie et Arizona ?
Je suis actrice, donc égoïstement, j’espère avoir des trucs dramatiques et drôles à jouer. Et même pour les fans qui veulent les voir rester ensemble pour la vie, j’espère qu’ils comprendront que ce serait barbant si elles restaient ensemble éternellement. Peut-être que ce sera le cas, je ne sais pas. Mais j’espère qu’elles poursuivront le même chemin que celui qu’elles ont commencé : qu’elles s’ouvrent à cette relation ; qu’elles fassent autant de concessions que possible ; qu’elles dépeignent une relation où les gens ne font pas les choses à moitié ; et que parfois je suis brutale, parfois, parfois c’est elle qui l’est. Vous ne pouvez jamais savoir ce qui va se passer.
Traduction Magali Pumpkin
Interview Originale sur le Site Afterellen.com