Interview de la scénariste Jess Brittain

Interview liée à la série Skins

Jess Brittain

Interview accordée à Heather Hogan le 01 Juillet 2013 pour le site Afterellen.com

La plus attendue des dernières saisons de Skins commence ce soir sur E4. Le premier épisode est Fire, une histoire en deux épisodes écrite par Jess Britain, qui explore le monde lorsque l’on a vingt-deux ans à travers Effy Stonem au fur et à mesure qu’elle tente de mener une vie adulte à Londres. Fire intègre également Lily Loveless et Kathryn Prescott en tant que personnages secondaires. Où en sont rendues Naomi et Emily cinq ans après les avoir vues dans le dernier épisode de la saison quatre ? Que peut-on attendre d’elles, individuellement et en couple, dans ces deux épisodes ? Jess était suffisamment courtoise pour me parler de ces adorables personnages et des adieux à la grande famille de Skins.

Qu’est-ce-qui vous a poussée à écrire l’histoire d’Effy pour la dernière saison, et qu’est-ce qui vous a fait inclure Naomi et Emily dans son histoire ?

Je suppose que ce fut un tout. Tout d’abord j’avais l’impression qu’il y avait plus à dire sur Effy, que son histoire n’était pas terminée. Non pas que le but fut de terminer son histoire : à la fin de Fire il lui reste encore un million de possibilités. Je trouve que c’est là la beauté de son personnage, j’adore son imprédictibilité. De plus, Kaya est fantastique et elle savait qu’elle pouvait faire une super performance tout en nuances qui exprimerait certaines des choses que je voulais dire sur le fait d’être une femme en ce moment. Je voulais intégrer Naomi et Emily puisque cela me permettait d’explorer trois femmes différentes dans trois situations difficiles différentes. Avoir vingt-deux ans peut vraiment être difficile, et elles ont toutes géré cela différemment. Je voulais également amener la relation Effy/Naomi plus loin. Elles ont eu tellement peu de scènes dans les saisons précédentes, mais celles qu’elles ont eues m’ont toujours intéressée. Deux personnages totalement opposés mais qui partagent ironiquement une force et une ténacité similaires.

Avez-vous ressenti une quelconque pression sur Naomi et Emily en sachant combien elles sont aimées par la communauté bisexuelles/lesbienne et les icônes qu’elles représentent ?

Bien sûr ! J’avais toujours en tête l’importance qu’elles représentaient pour certaines personnes. C’est quelque chose dont la famille Skins est fière. Mais, j’ai travaillé vraiment dur pour faire en sorte que cela n’influence pas la manière dont je les traitais en tant que personnages. Le but était d’écrire un drame intéressant, pas uniquement de mettre en valeur leur beauté. Et, alors que cela peut être une fin difficile pour certains, je pense que j’ai réussi à faire ce que je cherchais à faire : montrer la force de leur amour. C’est le seul couple de Skins qu’il ne nous a pas semblé irréaliste de dépeindre encore ensemble. Tellement peu de couples survivent à la période post-scolaire ; mais il n’y a jamais eu aucun doute dans mon esprit : Naomi et Emily survivraient.

En quoi Naomi et Emily ont-elles changé depuis la dernière fois où on les a vues ?

Eh bien, clairement, la vie leur fait subir toutes sortes de problèmes en ce moment. Elles doivent gérer la distance, l’une d’elle étant sûre de ce qu’elle veut faire et l’autre pas. Mais ce qui était touchant à montrer était le passage à autre chose vis-à-vis des difficultés qu’elles ont eues à surmonter dans les saisons précédentes. Tout doute concernant la sexualité ou le fait qu’elles étaient bien l’une pour l’autre, est parti. La peur est partie. Donc, bien sûr, la vie est toujours dure, mais leur relation est plus forte que jamais.

Individuellement, c’est Naomi qui montre probablement le plus de changement depuis ses premiers jours. Cela peut être étrange pour certains de voir quelqu’un d’aussi intelligent et brillant que Naomi, galérer. Mais c’est quelque chose que je vois de plus en plus en ce moment. Ces filles intelligentes, motivées, matures ne récoltent pas forcément les fruits de leur travail une fois l’université terminée. Et avec Emily partie pendant un moment, Naomi se retrouve toute seule, à Londres (qui est une ville sacrément dure parfois) et nous la retrouvons à une période où elle n’a aucune idée de ce qu’elle va faire. Elle est en transition, c’est juste que de nos jours la période de transition pour les gens de mon âge dure parfois plus longtemps que ce que l’on voudrait.

Quelle était la partie la plus intimidante lors de l’écriture de Fire ? La plus gratifiante ?

Je suppose que la chose la plus dure fut le fait de savoir si j’allais être capable de dire ce que je voulais dire sur cette phase d’entre-deux, entre l’adolescence et l’âge adulte, avec des personnages que les gens connaissent déjà. Le changement de 17-18 ans à 22-23 ans est tellement énorme. Et de toute évidence, écrire pour la première fois sans faire partie d’un ensemble de scénaristes était intimidant. Je suppose que les parties les plus gratifiantes sont les mêmes que les plus intimidantes.

À votre avis, qu’est-ce que le public lesbien va aimer dans ces épisodes ?

J’espère qu’il va aimer voir la progression naturelle et réaliste de la relation entre Naomi et Emily. J’espère également, qu’il aimera le fait de se mettre un peu plus dans la peau de Naomi, indépendante de sa petite-amie. C’est peut-être celle qui galère le plus concernant le travail et la direction à donner à sa vie, mais son intégrité, la sûreté de son amour pour Emily, et sa compréhension de ce qui est vraiment important seront ce qui sauvera Effy. J’espère que le public lesbien appréciera le courage de Naomi.

Lorsque vous pensez à Naomi et Emily, à votre avis, pourquoi leurs histoires ont tellement touché et pendant si longtemps les femmes homosexuelles de tout âge à travers le monde ?

C’est une question tellement difficile ! Je ne pense pas que ce soit quelque chose de facile à cibler. Je peux seulement dire pourquoi elles me touchent moi. J’ai aimé le fait qu’elles n’étaient pas écrites par quelqu’un qui voulait à tout prix dépeindre son idée des lesbiennes. Et j’ai aimé que ce ne soit pas facile pour elles d’être ensemble. Les personnages étaient complets et tridimensionnels dans les saisons trois et quatre, vous sentiez que vous pouviez réellement comprendre ce chemin cahoteux. Il est tellement plus facile de s’identifier à une histoire d’amour qui intègre les fautes, les erreurs, peurs et colères de gens. Et, c’est un peu risqué de faire une généralisation, une relation qui marche alors qu’il y a des événements qui semblent difficiles ou insurmontables, doit parler à certaines personnes de la communauté homosexuelle.

Quelle a été votre partie préférée de l’écriture pour Skins, et comment vous sentez-vous maintenant qu’un point final y a été mis ?

Je suis triste ! Je me sens simplement incroyablement privilégiée d’avoir pu en faire partie. Ma partie préférée fut de travailler dans la salle des scénaristes. J’ai tellement appris en étant assise dans une pièce à manger des donuts et raconter n’importe quoi avec des personnes vraiment talentueuses.

La communauté homosexuelle a tellement fait ces derniers temps pour l’égalité, et nous savons qu’une grande partie du changement d’attitude qui contribue à ces victoires est l’inclusion de femmes lesbiennes ou bisexuelles dans les médias modernes comme la télévision. Qu’est-ce que cela fait de savoir que l’on contribue à ce merveilleux changement de vie dans le monde ?

Je pense que tout le monde à Skins pense que si la série a pu d’une quelconque façon que ce soit contribuer à ce changement alors, nous sommes incroyablement fiers. Faire partie de cela, même indirectement, est génial.

Quels sont vos projets ?

En ce moment, je suis « en cours » sur deux-trois choses, ce qui, comme l’a dit mon grand frère, pourrait vouloir dire n’importe quoi ! Il y a également une collaboration avec un autre scénariste de Skins en cours, sur un projet par lequel nous sommes vraiment excités. On croise les doigts.

Interview Originale sur le Site Afterellen.com

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A propos de Lou Morin

Traductrice Anglais/Français

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