Bloomington : Interview d’Allison McAtee, l’interprète de Catherine

Bloomington : Interview d'Allison McAtee, l'interprète de Catherine

Interview accordée à Bree Hoskin, le 8 Juillet 2011 pour le site Rainbownetwork.com

Dans le film Bloomington, la magnifique Allison McAtee incarne une mystérieuse enseignante à la réputation de séductrice qui entreprend une liaison passionnée avec une de ses étudiantes de 22 ans.
Nous nous sommes entretenus avec Allison sur combien elle prend plaisir à jouer les Mrs Robinson et comment participer à ce film l’a aidée à changer ses priorités en tant qu’actrice.

Parlez-nous un peu de Bloomington – à quoi pouvons-nous nous attendre ?

Bloomington est une histoire initiatique, mais en creusant un peu, c’est aussi l’histoire de deux exclues qui se trouvent.

Qu’est-ce qui vous a attirée en premier dans ce film ?

J’ai toujours aimé les personnages ou archétypes du genre “Mrs Robinson”. Je pense qu’inconsciemment je me suis dit que ce serait précurseur pour jouer un jour The Graduate à Broadway ou à West End. [Clin d’œil]

Parlez-nous un peu de Catherine, votre personnage dans Bloomington.

La carapace de Catherine est épaisse, mais c’est un mécanisme de défense – ce n’est pas sa vraie nature.

Il y beaucoup de passion intense entre vous et Sarah Stouffer – qu’avez-vous fait pour rendre ces scènes aussi réalistes et érotiques que possible ?

Le tournage sur place a duré un mois, donc Sarah et moi avons pu passer beaucoup de temps ensemble, et apprendre à nous connaître vraiment bien.
J’ai réalisé combien notre dynamique avait pris – et s’était transposée dans la vraie vie – quand nous sommes allées acheter du vin dans une boutique voisine. La caissière m’a jeté des regards assassins et a demandé à voir la carte d’identité de Sarah, car elle paraît effectivement assez jeune. Je suis presque certaine que cette femme a cru que j’étais en train de “séduire une mineure”. Ha ha !

En tant qu’actrice, est-ce une démarche différente d’incarner une relation romantique avec une femme plutôt qu’avec un homme ?

Je croyais que l’expérience serait différente, mais ce que ça m’a appris, c’est que c’est complètement identique – l’amour reste l’amour, quel que soit le sexe ou l’orientation sexuelle.

Pouvez-vous nous dire quelle scène vous avez préféré tourner, et aussi la plus difficile ?
 
C’est difficile de choisir une scène favorite. Sarah et moi sommes devenues bonnes amies et, honnêtement, le tournage tout entier a été une totale éclate. Pour autant, je suppose que j’ai aimé jouer la “méchante”, donc peut-être la scène où elle est sur mon canapé et où je lui dis : « Éteins la télé quand tu auras fini de regarder tes dessins animés » et quand je remplace le professeur Newberry pour son cours. [Clin d’œil]

Comment définiriez-vous votre succès d’actrice, et quels sont vos buts personnels ?

Je travaille à simplement vivre le moment présent aussi activement que possible – je pense que ça apporte un sentiment de paix et de bonheur. Mes buts professionnels ont changé avec le temps. À ma sortie de la Fac, je voulais remporter un Oscar plus que tout. Aujourd’hui – et les nombreux retours suite à ce film y ont majoritairement contribué – je souhaiterais seulement continuer à faire des choses artistiques qui touchent les gens. Initier des changements. Stimuler les opinions et les perceptions que les gens ont des autres et d’eux-mêmes. Faire de l’art qui atteigne d’autres personnes et les aide dans leurs quêtes personnelles et leurs luttes. Et, oui, je suppose peut-être toujours, remporter un Oscar.

Quel est le meilleur conseil qu’on vous ait jamais donné ?

Mon arrière grand-mère italienne disait : « Porte toujours des sous-vêtements propres. » et « Fais toujours la vaisselle en portant un chapeau. » Petite explication : c’est pour être toujours merveilleusement prête à partir lorsqu’on vous appelle. [Sourire]

Comment est-ce de travailler dans des séries à succès au rythme effréné comme Les Experts ou New York, Section criminelle ?

À la télé, les plannings sont hyper serrés, donc il n’y a pas beaucoup de place pour le “jeu” – sur le tournage d’un film, vous pouvez passer une journée entière à essayer différentes approches afin d’obtenir la scène “parfaite”, mais à la télévision, en général, il n’y a qu’une prise. (Bon, il y a le plan large, de ¾ et le plan serré, donc techniquement, ça fait trois, mais quand-même…) [Rires] Le niveau de performance immédiat requis n’est pas sans rappeler le théâtre, mais même ça, c’est un leurre – au théâtre, on a plusieurs semaines de répétitions, mais on ne peut pas crier « Coupez ! »

Quelle est la pire chose qui vous soit arrivée pendant une audition ?

En fait, ce n’était pas une audition, mais pendant un cours de théâtre à New York. Je jouais une scène tirée de la pièce Pizza Man. C’était une grosse scène de dispute, et on se jetait des choses à travers la pièce. Dans le but d’ajouter à mon personnage un peu de “sex appeal”, j’avais mis des petits coussins de rembourrage en silicone dans mon soutien gorge, et au milieu de la bagarre, l’un d’entre eux est sorti de ma chemise et a atterri à l’autre bout de la pièce. J’ai continué et personne n’a rien dit, mais à partir de là, j’ai décidé que porter un soutien gorge rembourré était un meilleur choix lorsqu’il fallait incarner une fille “gâtée par la Nature”.

Peu de films avec des héroïnes lesbiennes sont produits et encore moins commercialisés malgré une forte demande du public. Qu’est-ce qui selon vous contribuerait à changer cela ?

Je pense que notre société est en train de changer sa perception sur ce qu’est/ce que signifie être gay. Il y a 50 ans, la sexualité était un sujet dont on ne parlait pas en public et de plus, les homosexuels étaient stigmatisés. Les gens ont tendance à avoir peur de ce qu’ils ne connaissent pas, mais le nombre croissant de personnes assumant leur homosexualité force la société toute entière à respecter et reconnaître la communauté gay comme faisant partie intégrante d’un tout. Le changement n’est pas toujours rapide, mais je crois que c’est la seule constante.

Vous arrive-t-il d’aller dans des clubs gay quand vous sortez ?

Oui, madame. The Abbey à Los Angeles et Townhouse à New York comptent parmi mes préférés. [Sourire]

Finissez la phrase : Une bonne soirée dehors commence par…

Un mélange à base de whisky, gingembre et de citron vert – et quelqu’un avec qui trinquer.

Et se termine en…

Regardant le lever du soleil sur le chemin de la maison.

Qu’est-ce qui vient en premier pour vous – le sexe ou l’amour ?

Ça dépend.

Selon vous, quel est le secret d’une relation harmonieuse ?

La communication et l’honnêteté.

Quelle est votre actualité ? Pouvons-nous espérer vous revoir jouer les lesbiennes dans le futur ?

J’adorerais jouer à nouveau “la lesbienne”. En fait, j’ai essayé d’orienter l’intrigue dans ce sens lors d’un récent rôle pour Californication. Malheureusement, les scénaristes l’ont modifié à la dernière minute. J’ai lu des scripts de films ces derniers temps, et, comme la télé est en mode pause pendant l’été, j’espère aller jouer (tourner) dans un endroit exotique et dépaysant. [Clin d’œil]

Quelque chose à ajouter ?

En hommage au récent décès de mon regretté ami Daniel Hamilton et de sa passion immodérée pour la vie, voici une citation de Mark Twain à mettre en pratique : « Dans 20 ans, tu regretteras davantage les choses que tu n’auras pas faites que celles que tu auras réalisées. Alors, largue les amarres. Quitte le port d’attache rassurant. Fais gonfler les voiles. Explore. Rêve. Découvre. »

Traduction Magali Pumpkin

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