Running On Empty Dreams : Interview de la scénariste, réalisatrice et productrice Nitara Lee Osbourne

Nitara Lee Osbourne

Interview accordée à Isabelle B. Price et Magali Lehane, Traduite par Magali Lehane le 16 Mars 2009 pour le site Univers-L.com

Sur Running on Empty Dreams vous êtes à la fois scénariste, réalisatrice et productrice. Cela fait beaucoup pour une seule personne. Est-ce que vous le referiez ? Comment avez-vous géré tous ces rôles ? Lequel avez-vous préféré ?

J’avais trois grands rôles sur ce projet : scénariste, réalisatrice et productrice. J’ai même eu un quatrième rôle de productrice exécutive, dans le sens où j’ai aidé à réunir les fonds pour le film. Ma partie préférée du processus est sans aucun doute l’écriture et ma seconde préférée est la réalisation. J’aime la solitude que j’atteins en tant qu’écrivain, car je suis capable d’être « seule » avec les personnages et presque de « les laisser » raconter l’histoire. J’adore écrire parce que cela me permet de ressentir la « naissance » de différents personnages et de prendre part dans ce monde que j’ai créé pour eux. Réaliser est appréciable, d’autant que j’ai toujours réalisé mes propres travaux. J’ai fait ceci au total cinq fois maintenant ; trois fois avec des pièces de théâtre, une fois avec la bande-annonce de Running on Empty, et enfin la réalisation du film Running on Empty Dreams. Réaliser est également agréable puisque je raconte une histoire en faisant vivre ce qui est écrit sur les pages. Cela implique de diriger les gestes des acteurs et une lecture efficace des répliques pour atteindre le résultat escompté et quand tout est réuni, tous ensemble, c’est plutôt grisant. Produire est probablement le rôle le plus difficile sur un projet, puisque c’est à vous de faire bouger les choses, du point de vue financier, logistique, diplomatique, et ainsi de suite. En tant que producteur vous servez de liaison et vous vous assurez que le film se fasse quoi qu’il arrive. C’est un travail difficile. Est-ce que je serais prête à m’occuper de ces quatre rôles de nouveau ? Absolument, parce que je sais qu’ainsi le film sera fait de la manière dont je l’envisageais. Je me suis surtout focalisée sur la réalisation quand il a fallu répéter avec mes acteurs et communiquer avec les responsables de services. Mon rôle en tant que productrice était principalement axé sur la bonne mise au point des contrats entre le casting, l’équipe de tournage, le personnel et notre avocat. Je me suis occupée du rôle de productrice tout le temps, excepté quand nous étions en production (en train de tourner le film). Pendant le tournage, le seul rôle que je jouais était celui de réalisatrice.

Il y a de nombreux messages dans votre film, l’amour, la guerre, la religion, le système de santé, etc. Selon vous, quel est le message principal ? Si l’on devait retenir une seule chose, quelle serait-elle ?

Le message que j’espère que le public retiendra de ce film est celui-ci : « de chercher au fond de vous-même pour trouver la vérité, votre propre vérité, quelle qu’elle puisse être. » Cela peut être en rapport avec votre sexualité, la poursuite du rêve de votre vie, la mise au point d’objectifs, ou la création d’une entreprise.

Comment avez-vous choisi le casting ? Et principalement les rôles principaux Kathleen Benner et Rachel Owens ?

J’ai engagé deux directeurs de casting. La première directrice de casting m’a envoyé plusieurs portraits et CV de personnes qui, selon elle, pouvaient correspondre aux rôles que je recherchais. Donc j’ai passé en revue des milliers de portraits et CV et j’ai choisi d’en sélectionner quelques uns pour venir auditionner pour moi. Je voulais distribuer le rôle de Sydney en premier car elle était le personnage principal et je savais que je pourrais définir les autres personnages/acteurs autour d’elle. Nous avons organisé notre première session d’auditions et je n’ai pas trouvé ce que je recherchais. J’ai rencontré un grand nombre de personnes talentueuses, mais elles ne correspondaient pas au rôle. J’ai tenu une seconde audition, c’est là qu’est arrivée Kathleen Benner. Elle était athlétique, jolie, une grande actrice, et elle a fait un travail tellement formidable pendant son audition. J’ai su sur le champ qu’elle était « Sydney ». J’étais stupéfaite. Je devais ensuite rechercher une actrice pour le rôle de « Jane Smith », la maîtresse de Sydney. J’ai encore une fois rencontré de nombreuses personnes, pour au final être déçue. Certaines étaient jolies, mais pas de grandes actrices. Certaines étaient de bonnes actrices, mais n’étaient pas faites pour le rôle. C’était difficile. Et c’est alors qu’arriva cette actrice qui se nomme Rachel Owens, qui aurait voulu participer à cette audition en Arizona, mais qui vivait en Californie et était en tournage sur le plateau de Ocean’s 13 dans le même temps. Je lui ai donc envoyé des extraits [du scénario] et elle m’a préparé une audition DVD. Je l’ai reçue quelques jours plus tard et j’ai été absolument stupéfaite. Je savais que sur ce DVD se trouvait « Jane ». Le reste des acteurs a été choisi de la même manière. J’ai dû passer en revue des portraits et CV et organiser des entrevues avec les acteurs en me basant sur ces éléments.

Pourquoi avoir choisi d’écrire une histoire d’amour entre deux femmes ?

J’ai décidé d’en faire une histoire d’amour parce que c’est ce genre de film que je voulais qu’il soit. Une histoire qui parle d’amour. Et il y avait quelque chose au plus profond de moi qui me disait que je n’en avais pas terminé avec cette partie de ma vie, j’ai donc décidé de créer une histoire, dans le but d’affronter mon besoin d’en finir avec cette partie de ma vie. Ce qui est finalement arrivé, c’est que j’ai fini par faire face à moi-même, à la vérité quant à ma propre sexualité.

On sent une très belle alchimie entre Jane et Sydney à l’écran. Avez-vous travaillé dans ce sens avec Kathleen et Rachel ?

J’ai travaillé sur l’alchimie entre Kathleen et Rachel. Après que j’ai eu choisi Kathleen dans le rôle de « Sydney », je savais qu’il fallait que je trouve une « Jane » qui irait bien avec elle, et une « Jane » qui s’entende réellement bien avec Kathleen. Ainsi, bien que je savais que Rachel était « Jane » après avoir visionné son audition DVD, j’ai tout de même tenu à ce que Rachel rencontre Kathleen. Je leur ai fait lire une scène ensemble et fait faire une impro pour voir si elles accrochaient ou avaient une sorte d’alchimie. Kathleen et Rachel avaient incontestablement une alchimie en tant qu’actrices. Pour aider à renforcer ceci encore plus, j’ai fait venir Rachel en avion en Arizona depuis la Californie, puis elle, Kathleen et moi, sommes allées à Payson dans l’Arizona pendant tout un week-end pour répéter des scènes, pour créer de bonnes relations les unes avec les autres, et pour faire de la randonnée et déjeuner au restaurant. Nous nous sommes liées lors de ce week-end, ce qui leur a permis à toutes deux de se sentir à l’aise avec moi comme réalisatrice et entre elles d’être assez à l’aise pour les scènes intimes qu’elles allaient devoir jouer ensemble. Lorsque nous sommes parties, nous n’avions encore pas les fonds pour le film. J’ai simplement toujours cru que nous les aurions, c’est pourquoi j’ai préparé les acteurs comme si nous les avions déjà. Ils savaient que je n’avais pas encore trouvé les fonds, mais ils croyaient en moi et dans le projet, et étaient plus qu’enthousiastes pour faire le travail.

Ressentez-vous une responsabilité particulière envers les communautés homosexuelle et bisexuelle ?

Je ressens une grande responsabilité envers les communautés lesbiennes et bisexuelles car je n’ai pas l’impression que ces histoires [gay, lesbiennes, bisexuelles] soient toujours racontées d’une manière aussi honnête qu’elles pourraient l’être. Il revient donc à des gens comme moi de raconter leur histoire, mes histoires.

A propos de Isabelle B. Price

Créatrice du site et Rédactrice en Chef. Née en Auvergne, elle s’est rapidement passionnée pour les séries télévisées. Dès l’enfance elle considérait déjà Bioman comme une série culte. Elle a ensuite regardé avec assiduité Alerte à Malibu et Les Dessous de Palm Beach avant l’arrivée de séries inoubliables telles X-Files, Urgences et Buffy contre les Vampires.

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