La cineffabuleuse aventure de deux Magali au festival

15h00 – L’envers du sport (Pumkin)

Je ne suis pas ce qu’on peut appeler une sportive. Mon plus gros effort de la journée consiste à enlever le papier d’alu que la marmotte a mis autour du chocolat. Autant dire qu’au premier abord, je n’étais pas ravie d’assister à cette thématique et pourtant…

The Helmet (Fiction. Corée. 2003. Couleur. 25′)

The Helmet

Résumé Cineffable.

Une jeune femme découvre son homosexualité et fait une étrange rencontre… ou comment un casque peut protéger d’un monde homophobe.

 

Avis personnel de Pumpkin.

J’avoue que je ne comprends toujours pas ce que fait ce film dans la thématique du sport. Sûrement parce qu’il était inclassable… À la fois poétique et décalé, ce court-métrage nous fait faire un bond dans un univers parallèle : celui du « collectif pour le droit des personnes casquées ». Assez déstabilisant pour les néophytes. Heureusement que l’héroïne elle-même découvre à peine cette pratique : nous la suivrons donc dans son parcours initiatique. Propos plus profonds qu’il n’y paraît, puisqu’au-delà de l’aspect carrément ridicule des accoutrements en tous genres (le paroxysme étant le port des cornes), il apparaît que le casque est une métaphore : le moyen trouvé par cette jeune fille pour se protéger du monde extérieur, de l’homophobie, mais aussi de son propre dégoût, celui qu’elle nourrit envers les sentiments qu’elle se découvre peu à peu.

Ils seront forts, elles seront belles (Documentaire. France. 2008. Couleur. 15′)

Ils seront forts elles seront belles

Résumé Cineffable.

Éclatement des normes corporelles, auto-dérision, les femmes deviennent excessives, belles, fortes, haltérophiles et body-buildées… parce que le corps s’invente et se réinvente.

 

Avis personnel de Pumpkin.

Portraits croisés. Questionnement sur l’image du corps, la définition on ne peut plus subjective de la « beauté », la construction de l’identité à travers l’image que l’on renvoie, les buts que l’on se fixe et les efforts déployés pour les atteindre. À recommander aux amatrices de gros muscles et de souleveuses de fonte qui pourraient en remontrer à plus d’un gringalet.

Training Rules (Documentaire. États-Unis. 2009. Couleur. 56′)

Training RulesRésumé Cineffable.

Pendant les 26 ans durant lesquels elle a entraîné l’équipe de basket féminin de Pennsylvania State University, Rene Portland avait trois règles de base : pas d’alcool, pas de drogue, et pas de lesbiennes. Training Rules montre comment le monde du sport universitaire féminin, nid de nombreuses pratiques homophobes, est responsable de la destruction des vies et des rêves de ses athlètes les plus talentueuses. Prix du public du meilleur documentaire au festival du film gay et lesbien de San Francisco et au Birmingham Shout Festival.

Avis personnel de Pumpkin.

On serait tenté de penser que le sport est régi par de nobles valeurs d’équipe, d’effort, de dépassement de soi, de fairplay. Or Training Rules nous prouve qu’il n’en est rien. Aujourd’hui encore, certains n’hésitent pas à réinterpréter à leur manière le slogan olympique « plus loin, plus haut, plus fort ». Toujours plus loin dans la stigmatisation, les préjugés et la haine de la différence. Bouleversant parce que véridique. Les larmes que vous voyez couler sont bien réelles. Les athlètes qui témoignent ici, nées pour glaner des médailles et exploser des records existent bel et bien. Quand l’intolérance et l’obscurantisme rencontrent la mégalomanie d’une femme, Rene Portland. Destins brisés, vies volées. Au milieu de ce gâchis pourtant, une victoire : celle de ces femmes qui se sont battues, se sont relevées, ont lavé leur honneur et obtenu gain de cause. Faire reconnaître qu’il y a eu discrimination, injustice, abus de pouvoir. Puis faire une croix sur ce qui aurait pu, qui aurait être et aller de l’avant pour tenter de se reconstruire. À voir absolument car la bêtise humaine fait froid dans le dos. À noter cette petite perle de réplique : « Elle croit vraiment pouvoir gagner le championnat sans une seule lesbienne dans son équipe ?!? »

Complément de Red : Documentaire très émouvant et révoltant à la fois. On a la gorge serrée et les yeux qui piquent du début à la fin… Après Out Late, mon autre documentaire coup de cœur du festival.

17h30 – Sortir du Nkuta (Red)

La séance Sortir du Nkuta est une séance qui s’attarde sur l’homophobie. Qu’elle soit ordinaire ou extraordinaire, subie ou combattue, elle existe bel et bien. On a pu découvrir des courts-métrages et documentaire qui se sont chacun attardés sur une facette de l’homophobie dans le monde d’aujourd’hui.

Ça c’est bien (Animation. France. 2008. Couleur. 3′)

Ca c'est bien

Résumé Cineffable.

Le parcours d’une jeune fille au milieu des idées restreintes et hétérocentristes de notre société.

 

Avis personnel de Red.

Très joli petit film d’animation qui retrace la difficulté pour se construire d’une jeune fille différente des autres filles de son âge. Elle ne peut s’empêcher de rester dubitative quand on tente de la pousser à être comme les autres ; mais au milieu de toutes ces obligations, elle va finalement réussir à devenir quelqu’un d’autre, elle-même. Les dessins simples font mouche et mettent en valeur le message du film. Une animation très réussie.

Mon printemps talons hauts (Fiction. France. 2007. Couleur. 13′)

Mon Printemps Talons Hauts

Résumé Cineffable.

Ce soir Zoé va dîner chez son père. Alors qu’il cherche à resserrer les liens familiaux, les conflits resurgissent et la soirée tourne court. Zoé prend la fuite jusqu’au petit matin où une surprise l’attend…

 Avis personnel de Red.

Court-métrage un peu étrange qui nous permet de rencontrer Zoé. Zoé s’habille comme les garçons dans la vie de tous les jours, mais quand elle va rendre visite à ses parents, elle se « déguise » en fille. Là, pas à l’aise dans des vêtements qui ne sont pas les siens, elle se rend chez eux et on découvre que sa mère ne la comprend pas et la rejette, tandis que son père tente de recoller les morceaux…

Pauline (Fiction. France. 2009. Couleur. 8′)

Pauline

Résumé Cineffable.

Les difficultés d’une jeune femme qui a quitté son village natal pour vivre son homosexualité loin du regard réprobateur de ses habitants.

Avis personnel de Red.

J’avais découvert ce court-métrage lors du concours organisé par le ministère pour lutter contre l’homophobie. Je l’avais alors apprécié moyennement : certes le cadrage est parfait, tout comme l’interprète qui est bluffante, cependant l’histoire et le discours sont plutôt culcul et vraiment « déjà-vu », en plus c’est trop, on n’y croit pas vraiment… Céline Sciamma, la réalisatrice, était au festival et m’a un peu réconciliée avec Pauline, quand elle nous a expliqué à quel point elle avait lutté pour que l’un des courts-métrages retenus parle de l’homosexualité féminine, qu’elle avait voulu un long plan-séquence avec beaucoup de texte pour égaler le temps de parole des autres courts-métrages lauréats (centrés sur des hommes)… J’ai beau adorer Céline Sciamma, je ne peux m’empêcher de trouver le discours de ce film raté…

Cameroun : Sortir du Nkuta (Documentaire. France. 2009. Couleur. 52′)

Cineffable

Résumé Cineffable.

Au Cameroun, l’homosexualité est passible d’emprisonnement. À travers plusieurs témoignages de gays et lesbiennes, le film suit le travail de l’avocate Alice Nkom qui lutte avec témérité contre les lois homophobes du pays.

Avis personnel de Red.

« Sortir du Nkuta » est une expression du Cameroun désignant le fait de faire son coming out. Après avoir planté le décor, à savoir que l’homosexualité y est illégale, on découvre de nombreux témoignages homophobes recueillis dans la rue (qui font froid dans le dos par leur ignorance ou leur véhémence), avant de faire la connaissance d’Alice, une avocate attachante et au grand cœur, mais qui ne se laisse pas faire et lutte à son échelle contre l’homophobie ; on rencontre aussi des homosexuels aux profils différents : gays, lesbiennes, bisexuels, hors du placard ou n’assumant pas, etc. Un reportage très fort qui montre à quel point l’homophobie est ancrée dans les croyances populaires et fait l’objet de nombreuses idées préconçues à la fois chez les hétérosexuels, mais aussi chez certains homosexuels eux-mêmes (certains ne peuvent se résoudre à se définir autrement que bisexuel et d’autres reproduisent le schéma des couples « normaux », avec un dominant et un dominé) ; elle est également un rouage à part entière de la corruption, étant étroitement liée avec les notions de pouvoir et d’argent. Au milieu de tout cela on trouve Alice, qui porte un regard cynique, critique, mais aussi plein d’humour sur la situation tout en œuvrant pour l’améliorer avec son association. Un documentaire très réussi, tour à tour drôle, émouvant ou révoltant.

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